Sur ce coin de rue


Je devais avoir 13 ans, ou à peu près, quand ils ont définitivement mis la clé dans la porte. Peut-être moins. Je me demande même si j’avais fini mon primaire.

C’était une station-service. Je pense. Ou un garage, en tout cas. Je ne suis plus certain qu’il y avait des pompes à essence. Mais il me semble que oui.

Ce doit d’ailleurs être pour cela que c’est encore ainsi aujourd’hui. Le terrain doit être contaminé par les résidus d’essence. Probablement. Personne ne veut payer pour ça.

Je ne me souviens plus de l’enseigne. Il n’en reste rien d’ailleurs, comme tu peux le voir au-dessus de la vitrine arrondie d’où le caissier nous a tellement vu passer, chevauchant fièrement nos BMX après une course folle sous les pylônes d’Hydro ou revenant du dépanneur les poches pleines de bonbons.

Vingt-cinq ans plus tard. Au moins.

Toujours à l’abandon. En pleine ville. À Québec. Est-ce possible?

Ce l’est.

À deux pas de chez moi.

À croire que là, sur ce coin de rue, le temps s’est définitivement arrêté au moment de la chute du mur de Berlin.

Gaz Bar Blues n’en finit plus de finir.

3 réflexions sur “Sur ce coin de rue

  1. très belle photo – regrette de pas être tombé sur ce coin dans mon année ! la prochaine fois tu m’y emmènes !

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