Il n’y aura pas de réglementation du prix des livres, la ministre l’a redit hier. C’est dommage, de mon point de vue, mais je pense qu’il faut maintenant se dire que c’est ça qui est ça.
Quoi qu’il en soit, c’est un autre volet de ses propos lors de l’étude des crédits accordés au ministère de la Culture qui attire mon attention ce matin:
« …il y a un compétiteur encore plus terrible [que les grandes surfaces] : les achats sur le Web à partir de grandes plateformes internationales » (Source: Le Devoir)
Ça me chicote pour plusieurs raisons. D’abord parce que je ne suis pas certain que c’est ce que disent les statistiques (encore que les statistiques dont on dispose sont très imparfaites), mais surtout parce que je me demande si ce qui est « encore plus terrible » dans l’esprit de la ministre, c’est la dimension « achat sur le Web » ou la dimension « à partir de grandes plateformes internationales ».
Est-ce que c’est le Web — et les changements d’habitudes des consommateurs (dont les lecteurs) — qui représente à son avis la plus terrible menace pour les librairies?
Ou si c’est l’arrivée de ces « grandes plateformes internationales » qui captent une partie des revenus sur lesquels s’appuyait jusqu’à récemment l’équilibre de l’écosystème du livre québécois?
Je pose la question parce que les actions à poser ne sont vraisemblablement pas les mêmes selon la réponse qu’on y apporte.
Si on répond que c’est le Web la menace, je risque fort de décrocher — parce que je crois profondément que c’est, au contraire, une opportunité extraordinaire.
Si on répond que c’est la place croissance occupée par les grandes plateformes internationales, alors c’est qu’il faut surtout travailler à identifier quelles peuvent être les forces des acteurs locaux dans ce nouveau contexte.
Et peut-être qu’il faut aller au-delà… et se demander s’il n’y a pas d’autres explications, moins manichéennes.
Heureusement, la ministre annonce aussi un vaste chantier de réflexion pour doter le Québec d’une nouvelle politique culturelle — ce qui nous permettra de donner un peu de perspective aux débats en se demandant pourquoi on fait tout ça.
Parce que si le seul but c’est de vendre des livres — sans égards à toutes autres considérations, c’est certain qu’il ne faut pas se compliquer la vie: quelle que soit la nature des oeuvres, la nature du point de vente ou le prix.
Alors, seulement, je dirai pour vrai Ah, pis, tant pis…
Heureusement, on est pas rendu là… et malgré ce que mon texte d’hier a pu laisser croire à certain, je me sens plus vigoureux que jamais pour mener bataille… je pense qu’on peut y arriver… (à condition de sortir des sentiers battus).
En fin de semaine, il faut se répéter et se répéter… «Sortir des sentiers battus.» Le comment devrait surgir.
…et dire que je croyais que ce « vaste chantier de réflexion pour doter le Québec d’une nouvelle politique culturelle » était dernière nous et que nous étions dans l’action, enfin…
Si seulement Martin, si seulement…
2016 is the new 2010?