J’ai assisté ce midi à une conférence de Vincent Aurez qui avait pour titre L’économie circulaire, un désir ardent des territoires. L’événement était organisé par le Club économique de Québec, en collaboration avec le Réseau de l’économie circulaire (VRIc).
L’idée de base de l’économie circulaire, c’est que les déchets d’une entreprise devraient systématiquement être vus comme des ressources premières pour d’autres entreprises (contrairement à la perspective de l’économie linéaire, pour laquelle les déchets sont essentiellement des résidus de production dont il faut se débarrasser).
Ainsi guidé par un objectif de zéro déchet, et en regroupant des entreprises qui seront en symbiose sur un même territoire (utilisant tour à tour les déchets les unes des autres pour leurs activités respectives), on peut arriver à créer des conditions particulièrement favorables à leur développement.
Dans une perspective d’économie circulaire, une ville devient une sorte de mine. On y trouve des gisements de matières premières qui sont susceptibles d’être réutilisés, recyclés, transformés — et qui sont souvent beaucoup plus faciles et moins coûteuses à prélever que les ressources naturelles auxquelles elles peuvent se substituer. Le défi est de permettre aux entreprises de s’y approvisionner de façon efficace.
L’économie circulaire est une conception de l’économie qui n’est pas nouvelle. Elle se développe depuis depuis déjà plus quarante ans. Elle répond non seulement à des impératifs écologiques, mais aussi (surtout?) à stimuler la création d’emplois innovateurs qui seront intimement liés à un territoire et à un tissus d’entreprises — et donc plus difficilement délocalisables.
De tous les exemples, très variés, que Vincent Aurez nous a donnés, c’est celui de Bouygues, grand constructeur français du le domaine immobilier, qui m’a le plus surpris.
L’entreprise a introduit depuis quelques années dans ses contrats des clauses qui prévoient que les matériaux qui sont utilisés dans les immeubles qu’elle construit ne cesseront jamais de lui appartenir… et qu’elle aura donc le droit de les récupérer lorsqu’ils seront éventuellement démolis.
De cette façon, l’entreprise constitue progressivement une banque de matériaux de construction au coeur des plus grandes villes — des matériaux qu’elle peut d’or et déjà valoriser, et dont elle a apparemment déjà commencé à planifier la réutilisation pour de futurs bâtiments, dans un horizon de trente, quarante ou cinquante ans.
«Des clauses de ce type sont discrètement intégrées dans les contrats de constructions et de vente des immeubles depuis quelques années. Les impacts de ces clauses seront majeurs dans l’avenir pour le développement des villes et les relations entre les entreprises de constructions», nous a dit M. Aurez.
Il est aussi important de comprendre que les entreprises n’adhèrent pas à l’économie circulaire seulement en réaction à une soudaine préoccupation écologique. Elles le font le plus souvent au terme d’une analyse approfondie des menaces qui pèsent, à plus ou moins long terme, sur leurs activités, leur plan d’affaires, et leur profitabilité.
L’exemple de Michelin qui commence à intégrer les principes de l’économie circulaire à ses activités parce qu’elle constate qu’elle vendra forcément de moins en moins de pneus dans le futur était intéressant.
L’exemple d’IKEA, qui prévoit expérimenter bientôt à Nice un nouveau modèle de magasins situé directement dans le centre-ville était aussi très inspirant. Le détaillant prévoit y associer un ensemble d’entreprises spécialisées dans la récupération, le recyclage ou la transformation des matériaux issus de ses produits.
***
Je m’arrête ici pour ce soir (j’avais promis un compte rendu à une amie — voilà c’est fait, je peux donc aller dormir) mais je reviendrai certainement bientôt sur le thème de l’économie circulaire parce que c’est une façon d’aborder le développement économique qui m’apparaît particulièrement prometteuse pour le Québec.
Parce qu’elle respecte mieux l’environnement que l’économie linéaire, bien sûr, mais aussi parce qu’elle pourrait nous amener à adopter une stratégie de développement régional beaucoup plus vigoureuse, avec l’importante décentralisation des pouvoirs que cela suppose évidemment (et dont le Québec a besoin depuis très longtemps!).
Très intéressant, on attend la suite!
Et moi avec mes pièces de voitures reusénées… Je savais pas que tu avais assisté à cette conférence…
Un bel exemple de réussite commerciale d’économie circulaire: http://jusloop.ca
À tout hasard, un livre collectif sur le sujet, en libre accès : http://www.pum.umontreal.ca/catalogue/leconomie-circulaire
Je ne connaissais pas le concept: génial, merci! (On part parfois de loin; dans ma région, la tendance vers le zéro déchet ne semble pas avoir atteint les commerces, qui suremballent à outrance, alors vivement un élan plus marqué et global, question de conscientiser les entreprises retardataires et les clients, qui exigeront mieux!)