J’ai lu avec intérêt le texte d’Alec Castonguay sur la fin des partis politiques. J’en retiens particulièrement trois choses — qui s’appliquent d’ailleurs presque aussi bien, je pense, pour obtenir des votes dans une élection que pour recruter des militants.
1. Pour mobiliser, il faut être inspirant
«Les formations politiques ne doivent pas oublier un ingrédient essentiel pour retrouver leur élan: l’inspiration. « Les gens veulent participer à un projet collectif, pas à une structure politique. Mais ils vont adhérer à la structure, au mouvement, si on leur offre quelque chose de différent »»
2. Pour garder mobilisé, il faut accepter les divergences d’opinions
«Les gens s’attendent à ce que tu sois d’accord avec tout ce qui émane du parti. Non merci.»
«Si un parti ne reflète pas parfaitement l’image que la personne veut projeter, elle va s’en éloigner. « Être membre d’un parti, ça vient avec des compromis, mais ça, ce n’est pas à la mode ».»
3. Les discours les plus fervents ne sont pas toujours les plus rassembleurs
«Or, moins tu as de militants, plus ceux qui demeurent sont fervents. Il ne reste que les plus motivés, mais aussi, parfois, les plus radicaux. Il y a un risque de déconnexion avec la population.
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Si je tente de les appliquer à la réalité du Parti Québécois, et aux défis que nous avons à relever dans les prochaines semaines et les prochains mois, je me dis que:
1. On devrait passer moins de temps à réagir aux actions (et aux inactions) du gouvernement et beaucoup plus de temps à expliquer nos idées, nos propositions.
Il faut qu’on explique plus et mieux ce qui se mettra en place une fois qu’on formera le prochain gouvernement. Il faut que ce soit inspirant, donc audacieux, ambitieux, et concret. Il faut que ça donne envie au monde de se retrousser les manches et nous aider pour que ça arrive. Il faut que ce soit positif.
Il faut que ce soit clair qu’on est un parti POUR quelque chose, pas juste un parti CONTRE ce que le gouvernement fait — parce que même en étant les meilleurs pour s’opposer, ça ne sera jamais assez pour gagner.
Je trouve, par exemple, qu’on ne devrait pas trop passer de temps à s’opposer à la commission sur le racisme systémique. De mon point de vue, c’est un piège, on va y perdre notre focus. On devrait plutôt consacrer nos énergies à expliquer ce qu’on va faire, une fois au pouvoir, pour s’assurer que les nouveaux arrivants aient les mêmes droits et les mêmes opportunités que tous les Québécois.
2. Il faut miser davantage sur la diversité d’opinions
Il faut dire haut et fort, le plus souvent, et le plus clairement possible, qu’il est possible de militer au Parti Québécois et d’exprimer des divergences d’opinions.
Il faut que ce soit clair qu’on est pas obligé d’être d’accord avec la totalité du programme, ou avec tout ce le chef dit pour faire équipe — du moment qu’on sait qu’on partage une vision d’ensemble et les grandes lignes du plan d’action (et qu’on exprime nos divergences d’opinion de façon constructive).
Plus les figures auxquelles les gens pourront s’associer au sein du Parti Québécois seront fortes et diversifiées, plus il sera facile d’attirer de nouvelles personnes à se joindre à notre mouvement — et à voter pour nous en 2018.
3. Il faut tendre plus souvent le micro à ceux qui ne le prennent pas spontanément
Le micro au sens propre, dans nos assemblées, mais aussi sur les réseaux sociaux, dans nos consultations. Il faut réhabiliter les positions nuancées. Ne pas céder à la tentation de la politique de la division (wedge politic).
Vaut mieux consacrer nos énergies à porter des positions nuancées, avec courage, force et pédagogie, que de les consacrer à gérer les débordements de débats qui déraperont inévitablement et pour lesquels nous ne serons guère plus que de la chaire à média.
Ça m’apparaît d’autant plus important qu’il est de plus en plus évident qu’il n’y aura pas de victoire décisive possible en 2018 sans une certaine forme de collaboration entre les trois partis d’opposition (ou, à tout le moins, une efficace complicité entre eux).
Dans ce contexte, il me semble préférable de miser dès maintenant sur les terrains d’entente potentiels que sur les zones de désaccords les plus vifs.
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Être inspirants,
Proposer plutôt que réagir,
Adopter un discours positif,
Accepter les opinions divergentes,
Chercher à rassembler plutôt que diviser.
Je trouve que c’est ça qui devrait être notre obsession, tous les jours, à partir de maintenant, et jusqu’à la prochaine élection.
Que c’est bien écrit Clément. J’adhère totalement à cette vision de la politique. Je vais transmettre ton texte à l’exécutif de Montmorency ou je m’implique. J’espère qu’il puisse même servir d’inspiration lorsque l’on devra prendre des decisions. Merci!
Réflexion importante en effet. Comme je le notais avant-hier, un article du monde diplomatique reprend exactement le même titre pour la situation en France où les deux grands partis se sont fait doubler par des personnalités, le PS par Mélanchon, les Républicains par Macron. Moins de chances que cela arrive au Québec à cause du monde de scrutin mais bon….