Bilan et perspectives pour Le Lien Multimédia

logo_lien_multimedia1Chaque fin d’année, Le Lien Multimédia propose à ses lecteurs un bilan et quelques perspectives pour l’année 2009. C’est dans ce contexte qu’on m’a demandé de répondre à trois questions, que je reprends ici (en gras) suivies de mes réponses.

* * *

Quelle a été, d’après toi, la meilleure idée à voir le jour dans le monde multimédia québécois en 2008?

Je dois d’abord préciser que je suis revenu au Québec à la mi-année après presque trois ans passés en France et qu’il n’a pas toujours été facile de suivre l’actualité du multimédia pendant cette période.

Cela dit, je n’ai pas trouvé que 2008 était un très grand cru en termes d’innovation — une année de maîtrise et d’approfondissement peut-être davantage.

Ce qui me vient toutefois le plus spontanément à l’esprit comme « meilleure idée », ou comme « meilleure nouvelle » de 2008, c’est la campagne Web de Québec Solidaire lors des dernières élections. Rien de si extraordinaire, me direz-vous? C’est vrai. Avec des résultats très mitigés? Peut-être. Mais je pense que nous avons enfin eu un exemple québécois du « comment faire de la politique sur le Web en 2008 » — un exemple que les autres partis ne pourront pas ignorer.

Chapeau à Anne-Marie Provost et son équipe, ainsi qu’à tous ceux et celles qui les ont appuyés et qui leur ont fait confiance pendant cette campagne.

Reste au Parti québécois et au Parti libéral à se retrousser les manches maintenant — et sans attendre les prochaines élections! Parce que la démocratie ce n’est pas seulement voter, et qu’Internet nous amène à repenser la manière dont peut se vivre la démocratie québécoise au quotidien.

Le flop de 2008?

Aucun doute dans mon esprit, le grand flop de 2008 c’est le manque de leadership politique dans le domaine du multimédia et d’Internet.

Je trouve invraisemblable qu’au moment où notre société est en train de se transformer rapidement sous l’influence des « nouvelles technologies », le Québec ne dispose d’aucune vision d’ensemble, et encore moins de stratégie, dans ce domaine. Ce n’est pas sérieux: ni d’un point de vue social, ni d’un point de vue économique.

Je trouve invraisemblable qu’aucun des partis politiques n’ait présenté de propositions sérieuses à cet égard lors de la dernière campagne électorale.

Quelques mesures ici et là, bien sûr, mais quel plan d’ensemble? En éducation? En culture?

Et je ne dis pas que c’est seulement la faute des hommes et des femmes politiques — nous avons aussi, comme citoyen, une responsabilité dans ce déplorable état de fait.

Cessons d’accepter l’inacceptable: engageons-nous dans les démarches qui contribuent à faire émerger une vision partagée du rôle des technologies de l’information et de la communication dans le développement du Québec (unplannumeriquepourlequebec.com par exemple); écrivons aux élus; proposons-leur des plans d’actions. C’est urgent!

Une chose que tu aimerais voir en 2009?

J’aimerais que le Québec se dote d’un plan ambitieux en rapport avec le rôle d’Internet à l’école. Un plan avec une portée d’au moins dix ans — parce que l’école n’est pas une institution qu’on peut bousculer; et parce que les responsabilités qui incombent aux enseignants exigent qu’ils aient un temps suffisant pour adapter leurs pratiques pédagogiques à la vision que ce plan devrait énoncer.

Ce plan ne parlerait pas seulement de technologie et d’équipements, mais aussi (surtout!) de l’ouverture sur le monde qu’Internet rend possible dans les écoles; de la forme que nous souhaitons voir prendre au matériel éducatif et du rôle des éditeurs scolaires pour développer ce matériel. Préciser aussi ce que tous les enfants québécois devraient savoir pour être en mesure de développer leur identité dans ce nouveau monde aussi — parce que c’est un véritable défi qui échappe aujourd’hui largement à l’école.

La « réforme » était une nécessité. Il faut continuer de l’appuyer. Ses fondements correspondent bien aux défis que les enfants devront relever lorsqu’ils seront adultes.

Je suis convaincu que plusieurs des difficultés que nous rencontrons dans la mise en oeuvre de cette réforme tiennent essentiellement au fait que nous n’avons pas encore su faire appel aux technologies pour aller au bout des convictions qui nous ont guidés jusqu’ici — c’est pourtant nécessaire. C’est le défi que ce plan devrait nous aider à relever.

Dans un autre ordre d’idée, j’aimerais aussi que les éditeurs, les auteurs et les libraires, notamment, s’engagent dès maintenant, et avec conviction, dans le passage au numérique et dans les premières étapes de la dématérialisation du livre. Je vais personnellement y consacrer toutes mes énergies au cours des prochains mois, parce que je suis convaincu que par delà les risques qui inévitablement associés à de tels bouleversements techno-socio-économiques, il y a là une extraordinaire opportunité pour la culture québécoise de voir naître de nouveaux talents et de se faire connaître plus largement que jamais auparavant.

2 réflexions sur “Bilan et perspectives pour Le Lien Multimédia

  1. Bonjour!
    Je tiens à réagir à la phrase «J’aimerais que le Québec se dote d’un plan ambitieux en rapport avec le rôle d’Internet à l’école».
    Je souhaite moi aussi de bons changements pour le Québec! Il y a tout de même un bon démarrage qui s’est fait il y a plusieurs années déjà avec l’établissement d’un réseau pour les écoles éloignées. De l’Abitibi à la Beauce, de la Côte-Nord à Rivière-au-Renard, un réseau numérique plus important que tout autre au pays a assemblé des enseignantEs et des élèves de partout dans la province. Partout? Presque en fait… Les écoles ÉLOIGNÉES qui le désirent doivent démarcher un minimum avant d’obtenir les services de ce réseau. Ce réseau se nomme ÉÉR (www.eer.qc.ca). L’équipe de recherche TACT est à l’origine de ce réseau (téléapprentissage communautaire et transformatif, http://www.tact.fse.ulaval.ca) en collaboration avec une équipe à Montréal.
    Le réseau pour les élèves du primaire et du secondaire, de même que, en parallèle, pour leurs enseignants, utilisent des outils comme iVisit et Knowledge Forum. L’un permet une communication visuelle efficace même dans de mauvaises conditions pour près d’une dizaine de personnes dans une même salle, l’autre est le seul à favoriser la coélaboration des connaissances (http://www.telelearning-pds.org/doc_eer/kf_pedago/principes.html). Un tel logiciel de «knowledge building» est basé sur une douzaine de principes allant de la démocratisation des connaissances à la perfectibilité des idées. Redisons-le: le Knowledge Forum a été conçu par des gens soucieux des plus récents principes éducatifs.

    Le Québec est bien parti, mais il ne s’arrêtera pas là!

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