Vendredi midi

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Jeudi midi j’ai vu un extrait de l’entrevue d’une candeur hallucinante (ce sont les mots de Michel David dans Le Devoir) que Monique Jérôme-Forget a accordée à Marie-Maude Denis de l’émission Enquête. Ça m’a tellement choqué que j’ai spontanément écrit ce texte, qui a beaucoup circulé depuis:

Écoeuré | 3 novembre 2016

Jeudi soir, après avoir visionné le reportage complet, j’étais encore plus profondément dégoûté. Gilbert Lavoie aussi si on en croit le début de sa chronique dans Le Soleil de ce matin:

«La fraude immobilière sur des immeubles gouvernementaux et impliquant des collecteurs de fonds du Parti libéral est tellement scandaleuse qu’on a peine à croire que ça puisse s’être passé ici, à deux pas de l’Assemblée nationale du Québec! (…) Je me demande comment se sentent les ministres et les députés du Parti libéral à la lumière d’un tel scandale. Comment peuvent-ils se regarder dans les yeux (…) Si j’étais un des leurs, j’irais siéger comme indépendant pendant quelques mois en guise de protestation, le temps d’évacuer l’odeur de purin qui empeste encore l’héritage de ces années libérales.»

J’ai regardé Enquête avec ma fille de quatorze ans. Elle avait manifestement peine à croire l’ampleur de ce qu’elle découvrait — et particulièrement la malhonnêteté de toutes ces personnes qui abusait effrontément de notre confiance (heureusement, il y avait Jean Vézina pour servir d’exemple de probité). C’était clairement un choc pour elle de réaliser que de telles magouilles puissent exister ici, dans son pays, dans sa ville. Je n’en étais que plus dégoûté.

Ça m’a ramené à l’esprit le texte cri du coeur que j’avais écrit le printemps dernier en réalisant à quel point les jeunes qui voteront pour la première fois en 2018 auront découvert le monde politique dans un contexte déplorable:

En finir (d’abord) avec le fatalisme | 19 mai 2016

En fermant la télévision, j’ai dit en boutade à ma fille: «Je pense que je vais aller manger mon sandwich devant l’Assemblée nationale demain midi pour protester». Je l’ai aussitôt entendu répondre: «Go! Fais-le.» Il fallait donc que je le fasse.

Et comme pour m’y obliger encore un peu plus, j’ai aussitôt écrit sur Facebook:

Bon ben… j’en ai vraiment assez. Le visionnement de l’émission complète d’Enquête de ce soir, c’en est trop.

Ça fait que le citoyen Laberge va aller manger un sandwich tranquillement devant l’Assemblée nationale demain midi. Et tant mieux si j’ai de la compagnie.

J’ai complété ce message de la façon suivante le lendemain matin après avoir reçu quelques questions:

Hier soir après l’émission Enquête, j’ai dit sur Facebook que, devant son écoeurement, le citoyen Laberge irait tranquillement manger un sandwich devant l’Assemblée nationale, ce midi — et que je serais heureux d’avoir de la compagnie.

Je n’ai pas diffusé davantage cette initiative et je ne compte pas le faire. C’est un geste spontané, de nature personnelle. Ça n’a rien de partisan. Il n’y aura pas de discours. Juste la présence silencieuse de quelques citoyens qui veulent seulement être certains de bien faire sentir que la moutarde commence à leur monter sérieusement au nez.

Résultat, nous étions quatre hier midi devant l’Assemblée nationale. Fâchés, mais souriant. Il faisait beau. On a jasé calmement, sandwich à la main. Et à 12h30 on s’est dit à la semaine prochaine.

Je serai encore là vendredi prochain. Je me plais à espérer que cette fois nous pourrions être huit. Et, qui sait, peut-être seize la semaine suivante, puis trente-deux… Et que ça devienne un rendez-vous hebdomadaire, purement citoyen, sans discours ni porte-parole.

Comme une sorte de compte à rebours adressé aux élus, pour bien leur faire sentir que la patience des citoyens est dorénavant épuisée et qu’ils ont intérêt à ne pas trop attendre pour rétablir la confiance nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie.

C’est d’ailleurs un peu aussi ce pour quoi plaidait Cathy Wong dans la chronique qu’elle signait vendredi dans Le Devoir:

Démocratiser la démocratie?

On tourne la page sur une semaine qui a été très dure pour le moral. J’espère qu’on pourra dire dans quelques années que c’est au cours de celle-ci qu’on a finalement touché le fond du baril. Parce que le moment est clairement venu de se donner un swing dans le fond pour enfin commencer à remonter.

Naïf? Peut-être. J’espère que non.

Note: Pour voir les autres textes en lien avec les rendez-vous sandwich, on peut cliquer ici.

5 réflexions sur “Vendredi midi

  1. Je suis avec toi de tout coeur dans ton mouvement « la moutarde me monte au nez ». Je continue de te suivre

  2. Allô J’ai un cours à 13h le vendredi jusqu’à la fin de novembre. Si tu continues après cette date alors j’irai t’y accompagner. Ciao, Hélène

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