BAnQ est une de nos plus importantes institutions culturelles. Une société d’État qui a notamment un rôle déterminant à jouer dans les transformations numériques en cours. Il est donc normal que la nomination d’une nouvelle PDG suscite des réactions, comme c’est le cas depuis plusieurs jours.
Mon objectif ce matin n’est pas de commenter cette nomination, mais de partager une réflexion sur la difficulté d’être membre du conseil d’administration d’une grande institution, sur l’importance de ce rôle et sur la considération qu’on devrait avoir pour les personnes qui acceptent de l’assumer.
Ce n’est jamais facile d’être administrateur d’une organisation — quelle que soit sa taille ou la nature de ses activités. C’est encore plus vrai quand il s’agit d’une société d’État. Et ce l’est encore moins dans une période de crise. Ça peut même être terriblement difficile.
Quand on est administrateur et qu’une crise se présente, on n’a pas le choix d’y faire face. On se retrousse les manches et on l’affronte — et on doit le faire solidairement avec les autres administrateurs et administratrices. Pour le bien de l’organisation.
C’est un rôle exigeant, souvent ingrat, qui suppose des décisions parfois très difficiles, qui s’accompagnent de dilemmes personnels parfois douloureux. C’est un rôle difficile aussi parce qu’il se vit de façon isolée. Parce qu’il n’est souvent pas possible d’expliquer ses décisions publiquement. Parce que les délibérations d’un conseil d’administration exigent souvent une bonne part de confidentialité. C’est un rôle qui demande de faire preuve de beaucoup de conviction — et qui peut être très dur moralement.
C’est facile de juger de l’extérieur le travail des membres d’un conseil d’administration. De prétendre savoir ce qu’ils devraient faire. C’est une autre chose d’être plongé dans la situation.
Les administrateurs et les administratrices de BAnQ consacrent assurément un temps fou à exercer leur rôle depuis quelques semaines (un rôle bénévole, rappelons-le!). Leurs débats sont probablement vifs par moment, et c’est normal. Leur rôle reste de déterminer ce qui est le mieux pour l’avenir de l’institution. Leur motivation ne doit pas être d’avoir raison, individuellement, mais de tout faire ce qui est en leur pouvoir pour aider l’institution à passer à travers la crise.
Dans une période comme celle-ci, la cohésion et la solidarité du conseil d’administration représentent probablement un défi. Un défi qu’il est essentiel de relever dans l’intérêt de l’institution.
Pour toutes ces raisons, je pense qu’on devrait se garder une petite gêne et éviter de dire quoi faire aux membres du Conseil d’administration de BAnQ — voire, pire, de leur prêter des intentions ou de remettre en doute leur jugement ou leur courage. Leur rôle est difficile et nous ne sommes pas dans leur situation — il nous manque bien des informations essentielles.
Je pense que nous devrions plutôt leur exprimer notre considération, leur faire savoir que nous comprennons qu’ils sont dans une situation extrêmement délicate, que nous savons qu’ils ne sont pas forcement d’accord avec tout, individuellement, mais que nous faisons confiance à leur jugement pour prendre, collectivement, les meilleures décisions pour l’avenir de l’institution — en leur âme et conscience.
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Mesdames et messieurs les administrateurs,
Je veux vous dire un gros merci d’être là. Merci de consacrer tout ce temps à BAnQ. Ne vous demandez pas ce qu’on pense de vos décisions — prenez-les courageusement, pour le bien de l’institution. C’est la seule chose qui doit vous guider.
Votre rôle est important.

(Stockholm, mai 2019)
On sent du vécu dans ton commentaire…
On peut dire ça oui.
Et je peux te dire sans risque de me tromper que la dernière chose dont les membres du conseil d’administration de BAnQ ont besoin aujourd’hui, c’est qu’on les discrédite sur la place publique. Ils ont besoin de notre appui, pas qu’on les juge. Je n’ai aucune raison de douter qu’ils font de leur mieux dans une situation difficile.
Et qu’on soit en accord ou en désaccord avec la nomination de Marie Grégoire n’y change rien.
Bien d’accord !
Bien d’accord! En raison de leurs obligation de confidentialité, les administrateurs sont peu présents dans l’espace public, sauf lorsqu’une situation negative emerge publiquement…