La grenouille dans la mare

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«…nous, les Canadiens français, nous sommes pour bien peu de chose dans toute cette marche en avant des découvertes scientifiques et dans tous ces reculs d’horizon. Le monde scientifique a marché sans nous ; il nous a laissés si loin derrière lui que nous l’avons perdu de vue et que beaucoup de nos compatriotes cultivés le croient petit et de mince importance parce qu’ils le voient de trop loin. La grenouille dans sa mare ignore le grand océan dit le proverbe japonais. C’est un peu notre cas. »

Frère Marie-Victorin, 1925

« Accroître et enrichir les contenus sur le Québec et son histoire dans Wikipédia, rendre disponibles dans Wikisource nos grands textes historiques et littéraires qui sont du domaine public, diffuser dans Wikimedia Commons des contenus visuels qui expriment la créativité de nos artistes, voilà le grand défi que nous devons aujourd’hui relever si nous voulons exister et être reconnus dans le monde. La nation québécoise peut-elle se permettre de manquer le bateau de la plus grande entreprise de partage et de diffusion des connaissances de l’histoire de l’humanité ?»

Pierre Graveline, 2016

 

Photo: Le cadre contient une photo d’une oeuvre de Luis Camnitzer, vue à Montevideo, en janvier 2013.

Iglesia del Cristo Obrero

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Elle était fermée. Pourtant, elle me reste en tête. L’église Cristo Obrero, d’Atlántida.

On dit que tous les étudiants en architecture de l’Uruguay la visitent: c’est l’église sans poutres. L’oeuvre de Eladio Dieste.

Matériaux humbles, surfaces sensuelles, espaces escheriens: la lumière y danse, le regard s’y amuse.

C’est comme ça que je l’imagine en tout cas.

Nous nous sommes contenté d’en admirer l’extérieur et nous avons repris notre route en direction de la Bodega Bouza.

Verà off road

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Le 3 janvier nous étions à Piriapolis. Il faisait plus de 30 degrés Celcius. Ça été la seule journée complètement consacrée à la plage dans tout le voyage. Et nous avons presque tous pris un coup de soleil.

Nous avons ensuite soupé dans un restaurant fantastique: La Corniche. J’ai mangé du très bon poisson — de la brotola — un poisson avec lequel nous avions nagé dans la journée (celui que j’ai dégusté avait été pêché quelques heures plus tôt, de façon artisanale, tout juste devant le resto!).

À un moment pendant le repas, nous nous sommes levés pour aller contempler le coucher de soleil qui était particulièrement spectaculaire (et expliquer le mythe du rayon vert aux enfants).

De retour à l’hôtel, nous avons croisé Paulo Germano, un journaliste brésilien qui venait d’entreprendre un imprévisible périple de Porto Alegre à Santa Catarina, au Brésil, en passant par l’Uruguay — et dont il avait pour mission de rendre compte sur ce blogue.

J’ai pu constater le lendemain que son collègue Bruno Alencastro avait justement pris plusieurs photos du magnifique coucher de soleil auquel nous avions assisté.

Nous sommes revenus au Québec depuis dix jours, mais eux poursuivent leur aventure, et continuent à témoigner de façon merveilleuse des gens remarquables qu’ils rencontrent. Regardez cette photo, par exemple.

Le 23 janvier nous étions à Québec. Il faisait -30 degrés Celcius. Nous n’avons pas pris de coups de soleil.

Destins croisés

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José Mujica nait le 20 mai 1935 à Montevideo.

Il est un des dirigeants de la guérilla des Tupamaros dans les années 1960-1970.

Arrêté au début des années 1970, il est enfermé à la prison de Punta Carretas.

En 1971, il s’évade de la prison avec plus d’une centaine de prisonniers politiques.

Arrêté à nouveau, il s’en évade une deuxième fois.

Il sera ensuite capturé par la dictature qui s’est installée au pouvoir à l’occasion d’un coup d’état (27 juin 1973) et détenu dans des conditions extrêmes. Au total, il aura passé 14 ans de sa vie en prison.

La démocratie revenue, la prison de Punta Carretas est définitivement fermée — puis transformée en centre commercial — l’un des plus chics de Montevideo.

Mars 2005, José Mujica est nommé ministre de l’Agriculture par le président Tabaré Vasquez.

Novembre 2009, il est élu président de la République orientale de l’Uruguay.

Mujica refuse d’occuper la résidence présidentielle préférant continuer d’habiter sa petite ferme en banlieue de la capitale, et continuer à cultiver des fleurs. Il alloue plus de 85% de son salaire de président à divers programmes sociaux, ne conservant que le salaire moyen des citoyens de l’Uruguay.

Le 20 juin 2012 il fait un discours remarqué au Sommet Rio+20 au cours duquel il affirme notamment:

« Celui qui est pauvre n’est pas celui qui possède peu, mais celui qui a besoin de beaucoup et qui désire toujours en avoir plus. »

« Mes compatriotes se sont battus pour obtenir la journée de travail de huit heures. Aujourd’hui, ils travaillent six heures. Mais celui qui travaille six heures doit cumuler deux boulots ; donc il travaille encore plus qu’avant. Pourquoi ? Parce qu’il accumule les crédits à rembourser : la moto, la voiture… toujours plus de crédits. Et, quand il a fini de payer, c’est un vieillard perclus de rhumatismes, comme moi, et la vie est passée. Je vous pose la question. Est-ce que c’est cela la vie ? »

Clairement, Mujica tente de s’échapper pour la troisième fois de Punta Carretas — prison politique devenue symbole du consumérisme — et il nous invite à fuir avec lui.

Invraisemblables destins croisés que ceux de José Mujica et de Punta Carretas.

* * *

Pour voir et entendre le discours de José Mujica à Rio+20:

Le voici en vidéo (offrez-vous ce plaisir, c’est un grand discours)

Et pour le lire: transcription en espagnol et transcription en anglais

La petite maison blanche

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C’était une toute petite maison qui, avec nos regards nord-américains, avait un air modeste, presque rudimentaire, voire fragile — impossible à concilier avec la pérennité.

Et pourtant. Elle est toujours là. Fière. D’être là, et de porter une très longue histoire familiale.

Combien de nos maisons, aux allures tellement plus fortes, plus prétentieuses, seront toujours là pour témoigner d’une telle histoire? Bien peu, je le crains.

Et de tout ce qui m’entoure, qu’est-ce qui durera?

Et de tout ce que je fais, qu’est-ce qui restera?

Ce qui frappe l’imagination aujourd’hui?

Ou autre chose?

Une ville de contrastes

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Nous avons passé quatre jours à Buenos Aires. Douze à Montevideo. Quatre ailleurs en Uruguay (Minas, Piriapolis et Punta del Este).

Buenos Aires est une ville facile à aimer — pour laquelle j’ai eu un coup de foudre immédiat.

Montevideo est une ville plus difficile à aimer… qu’il m’a fallu plusieurs jours à apprivoiser, et sur laquelle mon regard a beaucoup évolué au cours de notre séjour. Jusqu’à l’aimer profondément — et plus encore que Buenos Aires — particulièrement pour ce qui m’avait pourtant déplut dans un premier temps.

Je retiens spécialement les incroyables contrastes que Montevideo offre à celui qui accepte de s’y plonger réellement — et la richesse, visuelle et philosophique qui accompagnent ces contrastes.

J’ai adoré Montevideo!

Pour ses vieux camions et ses très vieilles voitures, qui roulent encore très bien, et qui côtoient dans la circulation des voitures récentes, économiques et de luxe.

Pour le bruit incessant des motos dans lesquels se perd le bruit des sabots de quelques chevaux qui tirent les charettes des recycleurs.

Ici chaque déplacement est un voyage dans le temps!

J’ai adoré Montevideo!

Pour la richesse passée qu’on y devine très bien et le délabrement de tellement de choses, de places, de mobiliers urbains.

Pour ses immeubles très modernes qui font de l’ombre à d’humbles demeures probablement inchangées depuis des décennies.

Pour ses commerces aux allures modestes et ses prétentieux centres commerciaux à l’américaine.

Pour toutes ces clôtures de fer qui isolent chaque terrain et chaque maison — jusqu’au moment où tout le monde se retrouve dans la rue pour faire la fête.

Pour ses plages très propres et ses rues parfois très sales.

Pour le dialogue incessant entre le beau et le laid aussi, entre le récent et le vieux, entre la richesse et la pauvreté; entre le dénuement et l’envie.

Sans oublier les rapports complexes qu’on y constate régulièrement entre le fonctionnel et l’esthétique — des rapports qui m’ont régulièrement interpellé; et qui m’ont fait réaliser à quel point l’espace public ne peut pas se satisfaire de choses « qui fonctionnent »; à quel point les choses doivent également être belles pour donner forme à un espace habitable — dans lequel on se sent spontanément bien.

Montevideo une ville exigeante, comme il y en a trop peu.

J’ai adoré!

21 jours au bout du monde

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21 jours en famille au bout du monde, à la découverte de l’Uruguay // d’une nouvelle partie du monde, d’une partie de nous.

J’y ai pris presque 3500 photos (dont une à la fenêtre, chaque matin, comme celle ci-dessus) et quelques notes tous les soirs: un compte rendu de la journée, des anecdotes, quelques réflexions. Trois à quatre cent mots chaque fois, voire davantage. L’équivalent d’une cinquantaine de pages au total je crois bien.

De tout. Du plus banal au plus magique. Autant de matériaux.

Dans un premier temps je regrouperai ça ici, en vrac // une image, un court texte… dans un effort quotidien d’organisation des souvenirs.