Voiture autonome: une opportunité pour le Québec (si…)

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Je m’intéresse de plus en plus aux enjeux associés au développement des voitures autonomes. Enjeux technologiques, bien sûr, enjeux éthiques, aussi — et en particulier à tous les impacts sur l’aménagement des milieux de vie.
L’article que Florence Sara G. Ferraris signe à ce sujet dans Le Devoir d’aujourd’hui est intéressant à plusieurs égards.

Intitulé Une révolution qui pourrait sauver des vies, le texte adopte un ton positif sur la voiture autonome:

«Dans cette logique, retirer l’être humain de derrière le volant pour le remplacer par une technologie de pointe pourrait faire chuter drastiquement le nombre d’accidents répertoriés.»

«…une commercialisation massive des véhicules autonomes pourrait, à terme, faire économiser très gros aux gouvernements du monde entier.»

«Surtout, note-t-il, le programme se perfectionne à mesure qu’on l’utilise. Plus encore, parce qu’il est connecté par Internet aux autres Tesla qui circulent dans le monde, il bénéficie des expériences de conduite des autres.»

C’est toutefois la conclusion du texte qui m’interpelle le plus, parce qu’elle témoigne d’une façon d’aborder les changements technologiques qui est beaucoup trop répandue au Québec: observer, attendre et s’adapter quand il ne sera plus possible de faire autrement.

«Au Québec, des changements majeurs devront encore être apportés au Code de la sécurité routière et à la Loi sur l’assurance automobile avant que des véhicules autonomes puissent circuler sur nos routes. Interrogée sur la question, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) précise toutefois qu’aucun changement n’est prévu dans un avenir rapproché. « Nous sommes vigilants, assure le porte-parole de la SAAQ Mario Vaillancourt, mais rien ne nous indique, pour le moment, que des modifications, seront, ou devront, être apportées rapidement. »»

Il faut rapidement changer cet état d’esprit: être vigilant, ça veut aussi dire de porter attention aux opportunités qui accompagnent le développement d’une nouvelle technologie. On doit apprendre à voir l’évolution des technologies d’abord et avant tout comme des opportunités; plus que comme des menaces.

Dans le cas des véhicules autonomes, par exemple, il me semble qu’on devrait faire du Québec un lieu privilégié d’expérimentation. On devrait accueillir à bras ouverts les fabricants — pour qui l’hiver représente un défi évident. Un défi qu’il faudra bien qu’ils relèvent si nous souhaitons pouvoir, nous aussi, profiter pleinement des véhicules autonomes.

On pourrait évidemment mettre en place des incitatifs financiers, comme on l’a fait avec plusieurs autres industries dans le passé. Mais on pourrait surtout créer un environnement politique, législatif et réglementaire particulièrement favorable.

  • On pourrait donner accès aux voies réservées aux véhicules autonomes;
  • On pourrait annoncer notre intention de rendre les moyens de transports collectifs autonomes sur une période de dix ou quinze ans;
  • On pourrait équiper le mobilier urbain de tous les équipements utiles pour que les véhicules se coordonnent plus efficacement entre eux — et avec la réalité urbaine;
  • On pourrait s’engager à ce que toute nouvelle infrastructure routière soit spécialement conçue de manière à favoriser le passage des véhicules autonomes;
  • On pourrait rassembler des conditions particulièrement attirantes pour les entrepreneurs de cette nouvelle ruée vers l’or;
  • etc.

Il faut que le Québec fasse rapidement la démonstration qu’il est non seulement ouvert aux véhicules autonomes, mais qu’il est intéressé à jouer un rôle de premier plan dans leur développement — en particulier pour ce qui concerne les conditions hivernales.

Il faut évidemment aussi, en parallèle, trouver des moyens pour que l’automatisation n’ait pas pour effet d’ajouter encore des véhicules sur les routes.

Il faudra être ingénieux pour explorer les possibilités de partage des véhicules autonomes, de manière à optimiser l’utilisation des automobiles — qui restent très polluantes (même quand elles sont électriques) et très coûteuses. C’est d’ailleurs la principale source d’appauvrissement de la population en Amérique du Nord, comme nous le rappelle fréquemment, avec raison, Alexandre Taillefer.

C’est un des défis importants auquel nous aurons à faire face dans les prochaines années

Si on ne joue pas un rôle actif dans le processus d’innovation, il ne faudra pas se surprendre que les technologies soient ultimement conçues en fonction des réalités et des intérêts des autres…

Je pense qu’on peut faire mieux. Qu’on doit faire mieux.

En complément: un texte précédent, en écho à une entrevue avec Michel Dallaire, dans laquelle il est abondamment question de voiture autonome: Ville, technologie, démocratie.

2 réflexions sur “Voiture autonome: une opportunité pour le Québec (si…)

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