Québec se livre

Gilles Herman lance une super idée, en marge de Québec Horizon Culture.

Je rêverais qu’une fois par mois, à date fixe, dans un café de la rue Saint-Joseph (Le Cercle quelqu’un ?), se retrouvent les amoureux du livre. Auteurs établis ou en devenir, éditeurs, libraires, bibliothécaires, critiques et, bien entendu, lecteurs, tout ce beau monde pourrait en toute simplicité échanger leurs points de vue sur ce qui les rassemble.

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Livre numérique: lentement (s’il le faut) mais sûrement (et avec détermination)

Il faut parfois avoir le sens de l’humour pour affronter la critique. J’ai cette chance.

C’est donc avec le sourire que j’ai lu le texte qu’a publié hier le président de la Fondation Fleur de Lystexte dans lequel il tente de démontrer, par insinuations successives, l’échec de ma précédente mission professionnelle (chez Éditis) et de prédire (à nouveau) l’échec des projets qui m’amènent aujourd’hui à travailler avec plusieurs éditeurs québécois — au sujet desquels j’aurai très bientôt l’occasion de revenir.

Il vaut mieux en rire, certes, et je me suis demandé si je devais en rester là, mais après mûre réflexion, j’ai plutôt choisi de réagir. Voici donc le courriel que j’ai fait parvenir à Serge-André Guay:

—/ début /—
Monsieur Guay,

Vous me prêtez bien trop d’influence! Toute la présence Web d’Editis et des nombreuses maisons d’édition qui composent la société ne peut pas être le fruit de mon travail! N’inventez pas de complot. Respectez plutôt la complexité des entreprises et des milieux humains.

Pensez-y un instant… Editis c’est plus de 2000 personnes, une quarantaine de maisons d’édition dans des lieux différents — avec un mode de gestion très décentralisé (au moins en ce qui concerne le Web) — et près de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires au moment où j’ai choisi de quitter l’entreprise pour revenir au Québec. Les sites d’une entreprise comme Editis sont réalisés tour à tour, sur de nombreuses années, par des équipes différentes, qui ont des points de vue et des compétences diverses — et qui travaillent au sein d’équipes qui désirent garder de l’autonomie les unes par rapport aux autres.  Est-ce normal? Souhaitable? Peut-être pas. Je n’en sais rien. Mais c’est ainsi.

Dans un tel contexte, quand on a pour mission de faire avancer un groupe sur la voie du numérique, on établit des priorités (et pas seul, c’est un complexe arbitrage collectif!), on tente de les respecter au fil des semaines… on se félicite quand on réussit de bons coups… et on se dit que ce sera mieux la prochaine fois quand ça ne va pas comme on l’aurait souhaité.

Surtout, chaque jour, il faut se retrousser les manches, encore et encore, pour faire avancer les gens, un pas à la fois — en tentant de les garder engagés dans la démarche, parce que c’est à la base de tout changement durable. Bien sûr, parfois on se choque, parfois on est découragé, mais on se retrousse encore les manches et on se répète que c’est un leurre de penser qu’on pourrait aller plus vite en faisant à la place des gens, en se substituant à leur jugement et à leurs actions… « Seul, on va plus vite, mais ensemble on va beaucoup plus loin », me répète souvent un ami. J’en suis profondément convaincu. J’ai pour philosophie de toujours travailler dans le respect des gens — en présumant de leur bonne foi et de leur intelligence; en évitant de les juger, en me répétant que s’ils ne comprennent pas, c’est certainement parce que j’ai mal expliqué ou que je n’ai pas su me faire comprendre.

Bien sûr, certains jours on peste contre les petites entreprises qui vont plus vite que nous — on les envie parce qu’on aimerait être comme elles, plus souple, plus réactif.

D’autres jours, heureusement, on apprécie leur présence et on se félicite qu’elles existent, parce qu’elles nous interpellent, nous bousculent, et parce que leurs avancées nous fournissent de précieux arguments pour faire avancer nos idées et nos projets avec nos équipes.

Continuellement on doit se répéter que le monde du livre est un écosystème complexe, très complexe, avec de gros acteurs et de plus petits; avec des silencieux et des plus baveux. Se convaincre aussi que c’est très bien ainsi — et que c’est ce qui nous offre, collectivement, les meilleures chances de réussir.

Reprochez-moi ce que vous voulez, faites peser tous les soupçons d’incompétences que vous voudrez à mon égard — j’assume complètement mon choix d’accompagner en priorité ceux et celles qui ont choisi d’avancer dans une perspective de transformation de leur métier plutôt que dans une logique révolutionnaire. Les enjeux culturels et économiques me semblent beaucoup trop importants pour les jouer à quitte ou double.

Vous avez plutôt choisi d’œuvrer en marge des systèmes existants — c’est tout à votre honneur.

Vous avez aussi choisi d’agir comme le caillou dans le soulier — c’est évidemment votre droit. Je respecte tout à fait cela — plus encore, c’est un rôle nécessaire et, d’une certaine façon, je vous en remercie.

Je vous avouerai en terminant que j’ai longuement hésité quant à la pertinence de répondre à votre texte — parce que je sais bien que, parfois, il vaut mieux laisser s’éteindre d’elles-même les  polémiques inutiles. J’ai finalement opté pour le dialogue, me disant que nous ne gagnerions ni l’un ni l’autre à ignorer le travail et les opinions de l’autre. Je vous invite (je nous invite!) donc à poursuivre cette conversation guidés par le désir de comprendre les motivations, les projets et les contraintes de l’autre plutôt qu’en cherchant à les juger — voire à en faire un procès d’intention.

Cordialement,

Clément

—/ fin /—

Le livre se meurt-il?

Ce matin à la radio de Radio-Canada, une discussion sur « la mort du livre » — celle annoncée par certains; que d’autres réfutent.

J’y reviendrai, mais pour permettre aux intéressés d’écouter et de se faire une idée sur le sujet, c’est en cliquant ici. Et les premiers commentaires sur la discussion sont ici…

Aussi, juste avant la discussion sur la mort du livre, une entrevue avec Marie Laberge sur son projet d’édition de cette année, qui prend la forme de lettres envoyées toutes les deux semaines aux lecteurs abonnés. Les commentaires des auditeurs sur ce segment sont là…

Une pensée pour mes ex-collègues

Aïe, je lis ce matin dans Le Monde que ça brasse fort pour mes ex-collègues: Le groupe Editis à l’heure de l’austérité.

La situation d’Editis illustre bien l’inquiétude dans laquelle se trouve l’édition française. Car, après avoir sauvé les meubles en 2008, le secteur s’attend à traverser une année de crise, avec une baisse des ventes, une augmentation du nombre de retours des libraires aux éditeurs, et donc des restructurations et des coupes dans les effectifs.

Bon courage à tous et à toutes — je pense à vous!

Ma veille sur l’édition numérique

Je ne l’ai pas mentionné depuis que j’ai réaménagé mon blogue ici… et je crois que cela pourra intéresser quelques lecteurs…

Alors je rappelle qu’il est possible de recevoir, par courriel, presque tous les jours, une liste de liens vers les sites Web qui ont attiré mon attention au cours de la journée en rapport avec l’édition numérique et la dématérialisation du livre.

C’est souvent disparate, le nombre de liens varie beaucoup, l’intérêt est variable et dépend du temps que je peux y consacrer — mais c’est le fruit de ma veille quotidienne et je vous l’offre.

Pour s’y abonner, il suffit de cliquer ici et d’inscrire son adresse courriel. N’oubliez pas de valider votre inscription par l’entremise du courriel que vous recevrez ensuite en provenance de Feedburner.

La longue traîne dans le domaine culturel

Lecture importante pour les prochains jours:

Longue traîne: levier numérique de la diversité culturelle?

Par Pierre-Jean Benghozi, Françoise Benhamou
Pour le Ministère de la culture et des communication, France, 12 p., octobre 2008

L’hypothèse de longue traîne, sa consistance, ses conséquences, ses liens avec les modes de prescription sont l’objet de cette étude. Elle cherche à vérifier ou confirmer la théorie de C. Anderson sur les marchés  français de la musique, de la VOD et du livre.  Au centre de modèles d’affaires d’infomédiaires et distributeurs, cette perspective concerne autant les industries culturelles d’édition que les services de médias audiovisuels, mais aussi les musées, les monuments et les festivals, par ses implications sur les modes d’information et de prescription en ligne, tout autant que les stratégies de numérisation et de valorisation des données publiques culturelles.

Trouvé à la suite de ce texte de Thierry Crouzet, grâce à un commentaire de Alexis Mons.

Sur les bouleversements à venir dans le monde du livre…

Le Devoir a publié samedi un texte intitulé Culture : l’épreuve de la dématérialisation (réservé aux abonnés), dont l’essentiel porte sur la presse écrite et l’avenir des journaux, mais dont la dernière partie s’intéresse à l’avenir du livre. Et là, franchement, je n’ai pas de félicitation à faire à Stéphane Baillargeon: catastrophisme, approximations, erreurs factuelles. Désolant. Je me suis permis de le dire…

Fort contraste avec le ton adopté par Hugh McGuire le même jour, dans le Huffington Post (info). Son texte, intitulé What If the Book Business Collapses? explore de façon beaucoup plus optimiste les bouleversements qui se profilent à l’horizon pour le monde du livre. Quelques extraits:

« The state of the book publishing business is dire. Publishers are cutting back staff, editors are getting fired, or leaving. Amazon is putting the squeeze on everyone, and bookstores across the land are having a hard time, with major closures expected. (…)

So the rest of us, readers and writers and lovers of books, entrepreneurs and technologists (…) are going to have to come up with new and different ways to get books written, published and in the hands of readers. (…)

I’m optimistic. New technologies are coming along that change the economics of books: ebooks, ipods, print-on-demand, the web, and more to come yet. The readers are there, maybe fewer of them, but no less passionate. The writers are there. (…)

So it’s up to us — all of us who care about books — to figure out what the book business is going to look in the next decade or so.

Exciting times. »

Je partage cette excitation.