À mon réveil ce matin, il y avait un cube à côté de mon cahier de notes. Je l’ai pris, manipulé, observé. À la différence des autres, chacun de ses côtés porte une couleur distincte.
Je suis allé me faire un café. À l’heure qu’il était, ça aide à réfléchir.
À mon retour… surprise… des sphères étaient apparues… de couleurs assorties à chacune des faces… et des crayons étaient sortis, comme par enchantement, de leur étui… et des tubes de peinture s’étaient joint à la chorégraphie — parce que oui… tout ça dansait devant mes yeux, comme dans une farandole imaginée par Walt Disney, ou, mieux, par Frédéric Back…
Malheureusement, la photo ne rend pas compte de l’effet de tout ce mouvement… mais en fermant les yeux un instant, je suis sûr que vous pouvez très bien l’imaginer vous aussi!
J’ai ramassé tout ça en me disant qu’il était manifestement temps que les vacances arrivent!
Je poursuis avec mon rattrapage de la semaine. Je n’ai même pas terminé de vous raconter la journée de mercredi!
Étant conscient que ce serait difficile d’écrire mon texte du jour, j’avais apporté avec moi les trois boules colorées trouvées parmi les petits blocs. Tout d’un coup que…
Et une idée m’est passée par la tête. Pourquoi ne pas laisser l’Univers décider du texte d’aujourd’hui? Pourquoi pas solliciter l’imprévu? Pourquoi ne pas tendre la main à une contribution inconnue?
Devant le regard étonné de la dame qui attendait l’autobus avec moi, je suis monté sur le banc dans l’abribus, et j’ai laissé la boule rouge sur une poutre, bien visible, en hauteur.
Serait-elle encore là à mon retour le soir? Disparue? Remplacée par autre chose? Un message? Qui sait? J’ai mis du suspens dans ma journée.
Au retour…
… la boule avait disparu!
Il avait fallu pour ça que quelqu’un monte à son tour sur le banc. Et qu’en avait-il fait? Quelle explication s’était-il inventée pour expliquer la présence de cette boule rouge à un endroit aussi incongru? J’avais aussi mis du mystère dans la journée de quelqu’un…
On était maintenant lié par la boule. Mais de qui s’agissait-il? Tous les passagers du parcours 807 étaient suspects. Je ne regarderai plus jamais les passagers de la même façon. Dans quelle poche était ma boule rouge?
Jeudi matin j’ai eu envie de tenter le sort…
J’ai laissé une boule noire sur le panneau qui contient les horaires, de façon un peu plus accessible. Et je suis monté dans le bus.
Retour plus tôt que d’habitude jeudi après-midi à cause d’un rendez-vous chez l’optométriste. J’étais très curieux d’arriver à mon abribus.
La boule était toujours là, mais elle avait changé de couleur!
Elle était dorée!
Ou peut-être avait-elle été remplacée par une autre?
J’ai regardé derrière moi pour voir si quelqu’un m’observait.
Je l’ai (re)mise dans ma poche.
Et j’ai marché vers la maison en me demandant si j’étais l’auteur de cette histoire, ou si j’étais devenu un personnage dans l’histoire de quelqu’un d’autre…
Ouf — quelle fin de semaine ça a été! À preuve… j’ai sauté trois jours de publication (et vous avez été plusieurs à me le signaler!).
Et pourtant… ce n’est pas parce que cubes et sphères ne se sont pas imposés à mon esprit! Au contraire, même! Sauf que je n’ai juste pas eu le temps de l’écrire.
J’ai heureusement pris quelques notes… et avant de fermer les dossiers pour la semaine, il faut que je vous raconte mon mercredi matin.
***
Je me suis levé très très tôt. Beaucoup trop tôt! Parce que je devais préparer une allocution pour le maire. Ça m’a tellement absorbé que je n’ai pas pu écrire mon récit quotidien avant de partir pour l’Hôtel de Ville. Même dans le bus, je travaillais encore sur l’allocution!
Descendu du bus, en marchant sur la rue Saint-Jean, je me disais que zut… j’allais passer une journée dans la séquence de l’Avent… parce que je savais que je serais happé par la journée en arrivant à mon bureau. Il était trop tard.
Contrarié, je me reprochais de ne pas au moins avoir pris le temps de mettre une poignée de petits cubes dans le micro-ondes pendant que je faisais mon café… pour tester la théorie du pop corn… — franchement, ça n’aurait pris que quelques instants!
Alors que je me morfondais (inutilement)… les décorations de Noël d’un commerce ont soudainement attiré mon attention.
En arrêtant le réveil, j’ai vu qu’il faisait -18. Bah… ça m’a moins tenté d’aller marcher. Je me suis donc dit que c’était un moment idéal pour faire le test du micro-ondes, pour faire éclater de petits cubes. Je me suis levé très motivé, sauf que ça ne s’est pas passé tout à fait comme prévu.
D’abord, partir la cafetière.
Couler le café.
Tirer le bras pour prendre une banane dans le plat de fruits.
Découvrir que Ana a acheté une caissette de clémentines. Yé!
Éplucher une clémentine.
Et là… et là… vous ne devinerez pas… (ou peut-être que oui…)
Incroyable!
À l’intérieur, il n’y avait pas de quartiers, mais des petits cubes orangés.
Difficile à croire, je sais… et pourtant!
Je sens que cette journée n’a pas fini de me réserver des surprises…
En passant dans mon bureau pour rassembler mes affaires avant de partir vers l’autobus, j’ai constaté que trois sphères étaient apparues parmi les petits cubes éparpillés dans mon espace de bricolage.
Comment est-ce possible? Est-ce que c’est un avertissement envoyé par le Cosmos, qui trouvait peut-être que ma préférence pour les cubes commençait à dépasser les borne? Comme une invitation à rééquilibrer un peu les choses?
Après un peu de recul (et un café), j’ai toutefois retrouvé un peu de sens commun et je me suis convaincu qu’il y avait sûrement une explication plus pragmatique. Le Cosmos a certainement mieux à faire que de s’occuper de mes préférences topologiques.
Et je pense que j’ai trouvé!
En manipulant les trois sphères, j’ai été frappé par leur légèreté, qui me rappelait vivement quelque chose… mais quoi? Et ça m’est soudainement apparu évident! Des grains de pop corn!
Et si les sphères étaient tout simplement des petits cubes qui auraient éclatés?
Peut-être que le chauffage dans mon bureau est un peu élevé? Ou qu’un rayon de lune focalisé à travers la lentille du petit télescope sur le bord de ma fenêtre aurait provoqué leur éclatement?
Il va falloir que je teste ça dans les prochains jours en mettant une poignée de petits cubes dans le micro-ondes.
Dimanche, c’est le jour idéal pour l’introspection. À chacun son expérience de la prière! Son expérience de la marche, aussi — qui est, pour moi un des meilleurs facilitateurs du dialogue intérieur. J’en profite pour ressortir L’art de marcher, de Rebecca Solnit (je découvrirai bien un jour qui me l’a offert).
Dimanche, c’est aussi le septième jour de la semaine, celui qui fait qu’on ne peut pas représenter la semaine sur les six faces d’un cube… et qui m’offre donc (!) l’occasion d’une pause dans l’histoire, pour prendre le temps d’y réfléchir un peu.
Je dois le dire, je m’amuse vraiment beaucoup avec cette fantaisie amorcée le 24 novembre. C’est une façon de voler un peu de temps, chaque jour, à l’exigence du quotidien — qui, autrement, bouffe chaque minute qui se présente sur son passage.
C’est aussi une façon de sortir de l’emprise du sérieux, de me lâcher lousse, d’être autre chose qu’un rôle, et de sortir de l’image qui va avec ce rôle. De prendre le risque de faire rire (de soi?) — et de le savourer.
J’y vois aussi une façon de stimuler ma créativité. Parce que, mine de rien, il en faut toujours une bonne dose pour résoudre des problèmes complexes. Être sérieux et rationnel c’est bien, mais parfois ce n’est pas suffisant.
On valorise souvent l’idée de « penser en dehors de la boîte »… en oubliant que ce n’est pas quelque chose qu’on peut faire sur commande. C’est une habileté qui doit être développée et qui suppose d’apprivoiser ce que ça implique, en soi, et dans le regard des autres.
Bon, me voilà justement en train de tomber dans le trop sérieux… sufficit!
Parce que je peux bien rationaliser tout ça (c’est dimanche!)… il faut surtout que j’admette que le plus grand plaisir dans tout ça, c’est de voir le regards de plusieurs personnes stimulé par mes élucubrations et d’en voir même quelques-unes embarquer à leur tout dans mes fantaisies.
Cette semaine, j’ai reçu des commentaires, des suggestions, des images, des photos, des coupures de presses et des références littéraires (la plus invraisemblable est sans aucun doute celle des poules carrées de Carl Barks).
Florilège:
« Des cubes dans le sapin, ça doit sphère…»Un classique de Noël revisité: Le sapin a des cubesIllustration tirée du journal Le Monde du 29 novembre 2025Par la fenêtre du train, une sphère et des cubes (ou pas)En voyage, à RomeLes poules carrées de Carl Barks (il faut lire leur histoire!)
Lever tardif, parce qu’on a jasé jusqu’à pas d’heure hier soir. Beaucoup trop tard… mais c’était tellement agréable. Au programme ce matin: brunch en famille. Yé! La marche peut bien attendre…
Pendant que la cuisson se terminait, on a fait une partie de Skyjo, qu’on a accompagnée d’un verre de bulles, parce que l’ambiance était festive.
À un moment pendant la partie, il y a eu comme un grand éclair dans la pièce. La lumière était tellement éclatante que ça m’a fait penser à la boule de feu dans Les 7 boules de cristal… Tout le monde s’est regardé, éberlué.
Et là, surprise: les bulles dans mon verre avaient disparu! Remplacées par ces étonnants petits cubes.
C’est invraisemblable, je sais… mais, heureusement, j’ai des témoins qui pourront attester de l’histoire!
J’ai même trouvé au fond du verre l’épave du Bluenose…
Une chance que le maire a développé une bonne relation avec le nouveau maire de Lévis, jeudi dernier, à l’occasion d’une visite.
J’ai confiance que Chantier Davie pourra nous prêter main forte pour le renflouer.
Départ très tôt pour l’Hôtel de Ville ce matin. Marche vers le bus, en m’offrant un petit détour comme alternative à ma balade matinale — malgré le grand froid.
« Bon, et v’là-tu pas le Cosmos qui me taquine avec une belle sphère blanche en plein milieu du ciel! »
Je me suis demandé ce que je pouvais faire pour Lui répondre à mon tour…
Rendu à l’abribus, j’avais trouvé mon idée.
Je me suis offert l’incroyable spectacle d’une pleine lune éclipsée par un petit cube blanc. Je m’empresse de vous partager ça, parce que c’est un phénomène très très rare.
Vous auriez dû me voir, petit cube d’une main (invisible pour quiconque ne sait pas ce que je fais), le iPhone dans l’autre, en train d’essayer d’aligner tout ça… il fallait le vouloir! Et, pour comble, le bus est arrivée un peu en avance.
Le chauffeur a été très gentil, il m’a même attendu quelques instants pour me permettre de compléter l’expérience.
Quelle belle température pour marcher ce matin! C’était merveilleux: doux, sous une petite neige. Féérique.
J’ai eu encore le plaisir d’inaugurer la rue. Au bout de la rue, j’ai pris le temps de me retourner pour voir le chemin parcouru.
Et j’ai joué un tour aux prochains passants!
Sur un bout de la rue, en faisant un petit détour, j’ai trouvé le moyen de faire un deuxième passage « côte à côte avec moi-même », avant de remettre les pieds dans les traces de mon premier passage. Les suivants auront donc l’impression que deux personnes marchaient ensemble ce matin et qu’une des deux s’est soudainement volatilisée. Haha!
À mi-parcours, derrière l’église, j’ai constaté que le stationnement avait été gratté. La neige avait été poussée près des allées de pétanque. De loin, j’ai eu l’impression que c’était une pile de petits blocs de tailles variées. Ça m’a donné une idée.
Pour les bonhommes de neige aussi, on pourrait remplacer les sphères par des cubes!
J’ai pris le temps d’essayer. Il faisait tellement beau.
J’ai même décoré ma création:
En repartant, après une vingtaines de pas, j’ai remarqué des traces dans la neige. Quelqu’un s’était approché. Je me suis retourné et j’ai vu un vieil homme près de mon bonhomme de neige.
Il s’était probablement approché pendant que je travaillais et s’était arrêté, discrètement, pour m’observer.
Maintenant que j’avais quitté, il était allé voir ce que j’avais bien pu faire là, à genoux dans un banc de neige, à 5h45 le matin dans le stationnement de l’église.
Il s’est probablement dit que j’étais un drôle de personnage.
Pas de marche ce matin, je m’étais couché un peu tard hier, j’ai préféré dormir une petite demi-heure de plus. J’irai marcher plus tard dans la journée, promis!
Mais j’avais très hâte de vous raconter quelque chose!
Je m’interrogeais ici, hier matin, sur pourquoi on décore les sapins de Noël avec des sphères plutôt que des cubes. Et pourquoi on ne ferait pas plutôt l’inverse.
En arrivant à l’Hôtel de Ville pour finir de préparer la visite du premier ministre, je suis passé devant le sapin du Salon du maire et je me suis dit: ben oui, pourquoi pas? Il faut oser… Go!
J’ai donc placé délicatement les quatre petits cubes que j’avais dans ma poche sur une des branches du sapin, près des fauteuils.
Ces petits cubes, qui sont arrivés mystérieusement sur mon bureau la semaine dernière, ne s’attendaient certainement pas à se retrouver sous le feu des caméras aux nouvelles hier soir!
C’était écrit -12 sur l’écran de mon téléphone. J’ai eu un doute. Mais j’ai choisi de prendre ça comme un défi.
Bien habillé, ça a été pas pire. Le plus difficile, ça aura été le fond de glace laissé par les machines de déneigement.
J’ai salué Monsieur Bonsaï, qui était sorti chercher son journal dans la boîte aux lettres qui est encore, cinq ans plus tard, au bout de son garage, près de la rue. J’ai noté l’heure, au cas où je voudrais le croiser à nouveau.
Et tout au long de ma balade, j’ai pensé à ma sortie d’hier midi. À la rencontre des gros cubes bleus et noirs.
J’ai repensé aussi aux questions existentielles qui ont accompagné ma marche:
Pourquoi on met les cubes sous le sapin, et les boules dedans?
Pourquoi des boules de Noël? Pourquoi la sphère?
Et si on faisait l’inverse?
***
Incroyable, mais vrai, de retour à la maison, il y avait un colis devant ma porte. Une boîte. Cubique.
Les livraisons se font décidément de plus en plus tôt le matin…
Je ne suis pas allé marcher ce matin. Je devais finir la lecture de quelques documents avant de commencer la semaine.
Je vais tenter d’aller marcher ce midi.
Et pour relier cette promenade au projet matinal, j’ai apporté avec moi un petit bloc de chacune des couleur dont je dispose maintenant: doré, noir, blanc et rouge. Le dix cents aussi. Ça m’inspirera probablement quelque chose.
J’ai photographié pour vous mon bagage en le déposant sur le premier livre que j’avais à la portée de la main, sur le dessus de la pile qui était à côté de moi dans le salon ce matin.
Juste au dessous: La vie heureuse, Pleurer dans les petits pains à hot-dog, Le banc du temps qui passe, Les ombres blanches et L’homme rapaillé.
Je suis allé marcher avec Ana ce matin. Très relaxe. Très calme. Aucune vague. On s’est fait un thé au retour. Et on a lu un peu.
Tout ce temps, les petits cubes de bois continuaient à m’occuper l’esprit. Et j’ai soudain eu une illumination: il devait y en avoir 365! Un pour chaque jour de l’année. J’en étais sûr.
Je me suis précipité pour les compter. Précisément trois cent soixante-cinq! C’est un calendrier!
Pour célébrer ma découverte : j’ai fabriqué une forme de sablier pour disposer les cubes. Dans la partie du haut, j’ai disposé les 31 jours qu’il reste à l’année, dont 25 que j’ai peints en rouge, pour en faire une sorte de calendrier de l’Avent.
Faisant cela, j’ai réalisé que la signification des deux cubes dorés et du cube noir en devenait encore plus intrigante…
Au chalet ce matin. Marche dans le sable, en bordure du fleuve, plutôt que dans la neige. J’ai suivi les déambulations d’un inconnu qui s’était levé avant moi. J’ai souri en me rappelant que j’évoquais la plage hier matin.
J’ai remarqué que l’eau prisonnière des rochers était gelée, mais pas toujours. Probablement selon que les marées successives ont été assez hautes pour les avoir remué ou non. C’est mon hypothèse.
Il y avait parfois des bulles d’air sous la surface de la glace. J’y ai vu des cibles, que j’ai tenté d’atteindre avec de petits cailloux. Pas toujours avec succès. Pas souvent, même.
Au retour, en voyant que les sommets de Charlevoix avaient pris des allures de Mont Blanc, ça m’a donné envie d’utiliser les petits cubes de bois trouvés près de l’imprimante hier matin pour en faire une montagne enneigée.
J’ai bien sûr pris le temps d’en peindre quelques-uns en blanc. Et hop!, le temps de boire un café et c’était assez sec pour faire l’assemblage.
En faisant ça, j’ai réalisé qu’il y avait dans l’ensemble un bloc déjà peint en noir, et deux en doré.
Il est tombé pendant la nuit une minuscule petite neige. Des paillettes. Juste assez pour blanchir la rue. Seulement la rue. Sur les terrains, la neige s’est perdue dans le gazon, sans qu’on la remarque.
La rue qui m’accueille est une page blanche. J’écris d’un trait noir en marchant. Et je pense à Roland Giguère.
Les mots-flots viennent battre la plage blanche où j’écris que l’eau n’est plus l’eau sans les lèvres qui la boivent
À mon retour, j’ai trouvé devant l’imprimante une page couverte de tout petits blocs de bois. Et le socle de Charles et de la Grande Vague.
Tout cela est de plus en plus mystérieux. J’aurais peut-être dû vérifier si c’était là avant de partir marcher…