Logiciel libre et accompagnement

Plusieurs pistes de réflexions puisées dans la blogosphère m’interpellent depuis quelques jours. Assez pour prendre une pause et réfléchir ici un peu à voix haute — en particulier au sujet de la philosophie et du logiciel libre — en réaction aux textes de Pascal Lapalme et de Pierre Lachance.

D’entrée de jeu, je dois dire que je suis un très grand partisan du logiciel libre. C’est une question de valeur, de principe… et d’efficacité. Je crois dans le projet du libre, je me nourri de l’utopie qui le porte et je veux contribuer à sa réalisation. J’appuierai toujours, dans la mesure du possible, les gens qui s’y engagent.

Je place toutefois le pragmatisme très haut dans mon échelle de valeur quand il est temps de réaliser un projet concret, avec des gens qui ont un besoin particulier et qui poursuivent des objectifs précis. Et je respecte trop les gens pour croire que je peux tracer la route sans eux, choisir pour eux les outils qui leur permettront d’avancer, présumer des compromis qui seront acceptables pour eux dans cette démarche. Mon rôle est de les aider à se faire un chemin, en marchant quelques pas seulement devant eux. Avec eux.

C’est cette façon empathique de voir les choses qui fait qu’au moment d’initier un projet personnel ou le projet d’un client, je privilégie toujours les avenues libres (tant pour un logiciel que pour du contenu), mais je refuse de m’enfermer dans cette voie. Je tiens à garder à l’esprit que je suis au service des gens qui font appel à moi et je dois composer avec les contraintes qu’ils m’amènent (de temps, d’argent, etc.). Avec un profond respect aussi pour leur façon de voir les choses, pour leurs compétences… et leurs incompétences — qu’il me serait trop facile de nier. Alors, je dois admettre qu’il est possible que les solutions libres ne fassent pas l’affaire. Pas le souhaiter. Mais admettre cette possibilité. Ma crédibilité d’expert m’apparaît liée à cet engagement d’écoute, à cet engagement de faire passer la poursuite de l’objectif avant ma préférence pour l’un ou l’autre des outils disponibles.

Évidemment, cela ne doit pas vouloir dire de me placer à la remorque des gens que j’aide et de composer seulement avec leurs façons de voir les choses! Je dois les interpeller, questionner ce qu’ils perçoivent comme un besoin, proposer des voies alternatives, évoquer des façons de faire différentes, remettre en question leur manière d’analyser la situation, soumettre des exemples qui dérangent et d’autres qui réconfortent, suggérer des logiciels libres où ils ne voyaient que des solutions propriétaires, etc. Accompagner, pour moi, c’est écouter beaucoup, poser quelques bonnes questions, accepter les réponses — quelles qu’elles soient — reposer quelques questions, etc. Je crois profondément que c’est par des questions qu’on aide les gens. Bien plus que par des réponses. C’est d’ailleurs un peu ce qui est au coeur du code de conduite de l’équipe dont je fais partie. C’est cette façon de voir les choses qui a toujours guidé mon cheminement personnel et professionnel. Et j’espère que ça continuera ainsi.

C’est aussi ça qui nous a amenés à développer les cyberportfolios, parce qu’après avoir exploré un grand nombre de logiciels libres disponibles, nous ne sommes pas arrivés à trouver un ensemble qui convenait aux gens qui faisaient appel à nous pour les aider à développer des outils pour apprendre à écrire en public. Cela dit, je reste absolument ouvert à toute autre solution, même libre — surtout libre! — et je ne me gênerai pas pour suggérer à des écoles l’utilisation de logiciels libres s’ils répondent mieux à leurs besoins que les cyberportfolios. J’espère d’ailleurs que les écoles, les entreprises et les personnes qui, pour une raison ou pour une autre, ne pensent pas pouvoir (vouloir?) utiliser les cyberportfolios n’hésiteront pas à communiquer avec moi, avec nous, pour que nous puissions faire un bout de chemin ensemble. Un bout d’un autre chemin. Parce que ce que j’aime le plus, c’est marcher avec les gens, déterminer avec eux la route à suivre, en évitant de leur imposer un moyen de transport particulier.

Voilà où j’en suis dans ma réflexion. Une réflexion à poursuivre, sans doute, que j’espère pouvoir alimenter grâce à vos réactions. Parce que j’aime bien aussi me laisser accompagner…

L’écriture publique dans un contexte éducatif

Gilles Jobin a interpellé ses collègues du RÉCIT pour qu’ils écrivent plus sur le Web, à travers les carnets Web, en particulier. Des commentaires ont suivis. François Rivest, entre autre, y a mis un grand soin.

Pierre Lachance a relancé les échanges en s’interrogeant sur le rôle respectif des outils et de la personnalité dans la communication, sur le Web, en particulier.

Je suis intervenu sous forme de commentaires pour suggérer que tous les outils ne sont pas équivalents quand on souhaite favoriser l’expression des gens sur le Web. Et j’ai relancé Mario pour compléter mon commentaire.

Et sa réponse est venue. Et quelle réponse! Je n’en attendais pas tant!

Tout ça mis ensemble fait un remarquable survol des enjeux associés à l’écriture publique, sur le Web, dans un contexte éducatif. À conserver précieusement.

Répertoire de fils RSS éducatifs

Pierre Lachance a été très productif cette semaine pour concrétiser les souhaits qui se sont exprimés sur son site. Le résultat est impressionnant: un répertoire dynamique de fils rss éducatifs québécois. Mieux: un répertoire qui génère lui-même des fils rss plus précis (ou plus larges)!

Ainsi, il devient possible de s’abonner d’un seul coup à une trentaine de fils RSS éducatifs, ou à un fils qui regroupe les carnets associés à un mot clé précis (fonction encore en rodage).

J’ai hâte de voir l’usage qui sera fait de cette nouvelle ressource. Je ne pense pas que ce sera un outil utilisé par les « maniaques », ni par les « débutants », mais ça peut sans doute être un outil d’éducation efficace afin d’illustrer le monde qui se développe autour des blogues éducatifs et de permettre aux gens d’en saisir la richesse.

Peut-être un peu comme la carte des ressources éducatives de l’Infobourg québécois l’avait fait pour les sites Web éducatifs il y a quelques années (1996, déjà!). Je le souhaite en tous cas.

Merci à Pierre et à tous ceux qui l’ont accompagné dans cette réalisation.

Mise à jour: Wow! Je viens de trouver quand même une utilité majeure du système… l’outil de recherche offert à droite. Fantastique!

Citer un document « Creative Commons »

Je publiais ce matin sur le site d’Opossum l’intention de notre petite-entreprise-au-grand-potentiel (!) de publier à toutes les deux semaines une « revue des blogues en éducation » sous le modèle des traditionnelles « revues de presse ».

Notre intention en lançant ce service, est principalement de favoriser la diffusion des textes produits par les blogueurs québécois au sujet de l’éducation, particulièrement dans les milieux « un peu moins branchés » — où le papier et les documents pdf sont encore des vecteurs importants de la diffusion d’information et où les « agrégateurs de fils RSS» sont essentiellement inconnus.

Évidemment, étant donné le temps qui est nécessaire pour préparer chaque édition de cette revue des blogues, il nous faut vendre ce service, sous forme d’abonnement.

Quelques heures à peine après cette annonce, Éric Noël nous a interpellés…

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Engagement social, éducation et politique

Je suis tiraillé depuis quelques semaines au sujet du temps et de l’intérêt que je porte au monde de l’éducation et au monde politique. Parce que pour une foule de raisons, ces deux univers convergent actuellement, au coeur même de mon quotidien. Et je ne vois pas qu’il en soit autrement dans les prochains mois. Or, dans la vie, il faut savoir faire des choix, le temps étant limité.

Je m’interrogeais particulièrement depuis quelques jours…

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Blogues et politique

Jean-Pierre Cloutier a publié dans les derniers jours un texte au sujet d’une étude du New Politics Institute intitulée Emergence of the Progressive Blogosphere: A New Force in American Politic (aussi disponible en format pdf). L’étude analyse en profondeur 250 blogues politiques, de toutes tendances.

Je retiens particulièrement la fin de son texte, qui fait référence à une annexe de l’étude qui s’adresse aux candidats à des postes électifs…

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Apprendre à écrire en public

Dans un texte remarquable intitulé Weblogs: Learning in Public (format pdf), Jill Walker raconte son expérience d’utilisation des carnets Web (blogues) avec les étudiants de l’Université de Bergen, en Norvège.

Tenant elle même un carnet Web depuis plusieurs années, elle a été en mesure de rassembler des observations particulièrement intéressantes. De brillantes conclusions aussi. Surtout.

Je pense que le texte éclairera particulièrement ceux et celles qui s’interrogent sur la place des carnets Web dans les écoles. Il pourra aussi donner l’heure juste aux pédagogues inquiets des difficultés qu’il est possible de rencontrer lorsqu’on fait tomber les murs de l’école. Parce que pour Jill Walker, c’est bien de ce dont il s’agit quand on parle des carnets Web dans un contexte éducatif. Ce avec quoi je suis évidemment en parfait accord.

La question principale qui guide le texte est la suivante:

« Is it ethical not to provide students with opportunities to perform [write] in public? My eight year old has been learning to play the violin for just over a year, and has already played at five public concerts. Why should learning writing or thinking be different? »

Si vous n’avez pas le temps de lire le texte en entier (9 pages) je vous suggère au moins de survoler ce collage d’extraits du texte, présentés dans le désordre, en fonction de la lecture que j’en ai faite.

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L’écriture contribue à la gestation des idées

Une perle repérée par François dans un essai de Paul Graham:

« it’s far more important to write well than most people realize. Writing doesn’t just communicate ideas; it generates them. If you’re bad at writing and don’t like to do it, you’ll miss out on most of the ideas writing would have generated. »

Cela décrit bien ce qui est pour moi une des principales raisons d’écrire sur ce carnet.

Wiki et carnets… la suite!

James Farmer poursuit la réflexion sur les wiki et les carnets comme types d’outils à privilégier dans le développement de communautés de pratiques / communautés d’apprentissage.

« In short, wikis may be a great way to collaboratively produce content, strike that, they are the BEST way, but in terms of developing ‘community’ I’m not so sure. We’re all guests on a Wiki, we all have little control over our identity and contextual development, it’s not as bad as the horrific anonymity of (most) discussion boards because a wiki is flexible enough to be able to develop character and add personal details (like the folks over at community wiki are doing) but we don’t have that individual empowerment, context and opportunity for expression that blogs give us.

Je suis plutôt d’accord. Ce sera à discuter mercredi soir et jeudi prochains.

Un réseau d’intellectuels

« We need people who fill the roles once filled by the Public Intellectual, but who understand that the way to have actual impact on the way people think about vital matters of public interest is no longer the preparation of a well-defended dissertation or a devastatingly annotated white paper, but the delivery of substantial thought in bloggable packages.

We’ll always need brilliantly-focused research. But that’s never been the role of the Public Intellectual. The role of the Public Intellectual has always been largely to synthesize and redefine so that the best ideas rise to the top of the debate and the people’s imagination is provoked with a sense of possibility. »

Source: Blogs and the Networked Intellectual

Tout à fait dans le sens de ce que je souhaitais exprimer dans ce texte…

Mes plus récents signets

À la suite de la découvert de Del.icio.us il y a quelques jours et de plusieurs discussions avec Pier-Hugues, la semaine dernière, j’ajoute aujourd’hui une section dans le haut de la page principale de mon carnet.

Dans cette section, je reprends les cinq plus récents signets que j’ai inscrit dans del.icio.us. La liste est mise à jour toutes les 15 minutes.

Techniquement, c’est très simple. Toutes les informations sont sur le carnet de Pier-Hugues, mais en gros, disons que j’ai simplement ajouté au gabarit de la page d’accueil un javascrit, que j’ai pu obtenir ici en inscrivant l’URL du fil XML qui m’est associé dans del.icio.us. Ça aurait évidemment aussi bien pu être fait avec n’importe quel autre fil xml-rss.

Cette innovation me permet de laisser un peu plus de traces de mon utilisation quotidienne du Web sur mon carnet, mais c’est aussi (surtout?) un moyen pour aux gens de s’abonner simplement à la mise à jour de mes signets s’ils le désirent afin de pouvoir les suivre à l’aide d’un agrégateur. On fait équipe pour écumer le Web?

Le carnet comme une porte de réfrigérateur

Le carnet comme une porte de réfrigérateur…

« Blogs have a vitality that homepages generally lack: blogs provide a simple but dynamic rapid-response platform for people to post about their lives, opinions, hobbies, etc. […] In many ways, blogs have the same dynamic, ²living document² role that the refrigerator door has in many homes: provide a central communications hub where information and content constantly reflect, augment, and update the lives of the household’s residents. »

Intéressante analogie…