L’écriture

voilier_24août

J’ai publié moins sur mon blogue en 2013 que je l’avais fait en 2012, mais j’ai globalement écrit beaucoup plus. Je suis très content. J’ai pris des notes sur mon quotidien plus de deux jours sur trois (avec l’aide de DayOne — le plus souvent à partir de mon iPhone). J’ai donc écrit beaucoup plus en privé qu’en public — et je pense que cela m’a aidé à utiliser l’écriture pour réfléchir plus efficacement que par le passé.

Garder des traces du temps qui passe, des rencontres, des lectures, des réflexions, des conversations — cela me semble de plus en plus important pour pouvoir maîtriser notre rapport au temps. Parce qu’autrement, tout nous amène dans l’instantanéité, à réagir vite, à prendre position sur tout et à s’exprimer de façon manichéenne, avec un vocabulaire souvent excessif.

En 2014, je veux continuer à utiliser l’écriture et les réseaux sociaux pour réfléchir — avec la mesure, le temps et le recule que ça exige. Écrire pour le simple plaisir aussi, comme une forme de gymnastique de l’esprit.

Ce sera plus que jamais un défi. Un défi essentiel.

Mayonnaise vs Google

Toujours curieux de voir ce que les gens trouvent quand ils font une recherche au sujet d’un livre dont ils entendent parler dans une chronique, à la télévision par exemple.

Comme ce soir, au Téléjournal de Radio-Canada. Isabelle Richer a évoqué, avec grand enthousiasme, Mayonnaise, d’Éric Plamondon. Ça donnait le goût de le lire — et, pour ça, possiblement de l’acheter… (et pourquoi pas, là, maintenant, pendant qu’on y pense? — ce seront probablement dit certains téléspectateurs).

J’inscris donc dans Google « Mayonnaise Éric Plamondon ».

Résultats:

Une pub de la mayonnaise Hellmann’s | Hellmanns.ca

Passons…

Immédiatement après, premier véritable résultat:

Le site de l’auteur: www.ericplamondon.fr

Ensuite:

Un texte de la Librairie Vaugeois, qui avait cité Mayonnaise dans ces citations de la semaine.

Ensuite:

Un texte du magazine L’actualité

Un texte du journal Voir

La fiche produit du livre chez Renaud-Bray

La fiche produit du livre chez Amazon.ca

Un article de La Presse

Un texte sur le blogue de Benoît Melançon

Un texte sur un autre blogue

Un texte sur le blogue de l’auteur

Et voilà pour la première page de résultats (la seule que tout le monde consulte).

Je suis intrigué par ces résultats — qui me semblent exceptionnellement pertinents.

Ils tiennent, je crois, à quelques éléments:

1. l’excellent travail de l’auteur, dont la page personnelle est d’une remarquable efficacité: très simple, regroupe les principales références à ses livres: critiques, liens vers le site de l’auteur et du distributeur/diffuseur du livre, liens pour acheter les versions imprimées et numériques. Pas de flafla, que du pertinent. Google aime. Ça paie. Et en prime, un blogue, pas très dynamique, mais efficace.

2. le travail de fond de la Librairie Vaugeois qui, avec les moyens du bord, et des textes simples publiés sur un blogue tout ce qu’il y a de plus rudimentaire, arrive à déployer progressivement sa présence sur le Web depuis des mois, sans prétentions, patiemment, régulièrement et, surtout, de façon originale — avec des contenus distinctifs. Et ça aussi, Google aime… et récompense.

3. l’engagement de passionnés de littérature comme Benoît Melançon qui, plutôt que de chercher la notoriété dans les réseaux sociaux en tant que telle, choisissent de publier des textes de grande qualité, autour desquels finissent par s’agréger des gens de qualité, dont l’autorité est reconnue, entre autres par Google — grâce à la magie des algorithmes, évidemment.

C’est comme ça que l’auteur, pourtant très discret sur les réseaux sociaux arrive en première place (combien d’auteurs peuvent en dire autant?).

C’est aussi comme ça que la Librairie Vaugeois arrive avant Renaud Bray, qui arrive avant Amazon;

Et c’est comme ça que les textes de blogues personnels se retrouvent aux côtés de ceux publiés par des médias professionnels autrement plus connus.

Je m’étonne néanmoins de ne pas trouver dans cette première page de résultats le site de l’éditeur, parce que ça me semblerait important. À première vue, ce pourrait être parce qu’on ne trouve pas de lien vers la page du livre sur la page d’accueil, ni à partir du catalogue. C’est mon hypothèse.

* * *

J’en tire comme conclusions pour ce soir:

  • Que les auteurs devraient tous faire l’exercice avec leur nom + titre de leur dernier livre.
  • Que les libraires devraient tous faire l’exercice avec quelques livres dont on parle actuellement.
  • Et qu’il serait intéressant, encore aujourd’hui, de réaliser un petit guide à l’intention des auteurs, des éditeurs et des libraires pour améliorer leur présence sur le Web — et dans les résultats de recherche de Google, en particulier.

Quoi qu’il en soit, en terminant: bravo à Éric Plamondon et à la Librairie Vaugeois qui, au regard de l’expérience de ce soir, ont manifestement réussi un tour de force qui mérite d’être donné en exemple.

Et en attendant de lire le livre en entier, pourquoi ne pas commencer par un extrait… il y en a un disponible ici.

De la page aux écrans (conférence pour l’AQUOPS 2010)

Je prononcerai la semaine prochaine la conférence d’ouverture du colloque de l’AQUOPS — un événement qui me tient particulièrement à coeur parce qu’il a été très important dans mon histoire personnelle et professionnelle. Le thème du colloque de cette année est Prendre le temps des TIC.

Le programme annonce:

« PRENDRE LE TEMPS DES TIC, c’est savoir prendre le temps nécessaire à l’apprentissage et à la compréhension des technologies de l’information et des communications, savoir les mettre en relation pour mieux les intégrer à la pédagogie, savoir se mettre à jour. »

Je dois évidemment me plonger dans les prochains jours dans la préparation finale de cette conférence: rassembler les notes que j’ai prises au cours des dernières semaines, faire quelques lectures complémentaires, structurer tout cela, réaliser le support visuel.

Et je me dis ce matin qu’avec tous les moyens de communication et de partage dont nous disposons aujourd’hui, il serait intéressant de compléter cette préparation avec le monde — en sollicitant des idées, des suggestions; en demandant aux personnes qui prévoient être présentes (et à celles qui suivront le colloque à distance) s’il y a des sujets qu’elles souhaiteraient particulièrement voir abordés au cours de cette conférence.

Je reprends donc ici le texte de présentation de la conférence — tel que présenté dans le programme — comme point de départ des échanges qui pourraient prendre forme ici (et sur Twitter, et ailleurs…) cette semaine si l’idée de compléter collectivement la préparation de cette conférence ensemble plaît à quelques autres personnes.

De la page aux écrans

ou comment les profs peuvent être les moteurs de la révolution documentaire en cours autour du livre numérique.

L’école est un espace à la fois ouvert et protecteur, nourri par l’innovation et par la tradition — un espace où l’enseignant est le plus souvent seul avec ses élèves, mais où on attend de lui qu’ils agissent de concert avec leur milieu. Un espace où on s’émerveille du potentiel des nouvelles technologies, mais où on peste aussi contre certains des bouleversements qu’elles provoquent.

L’école est un milieu où on utilise tous les jours des manuels scolaires, des ouvrages de référence et des documents de toutes sortes — des documents de plus en plus souvent numériques. Quels sont les enjeux associés à cette transformation d’un point de vue pédagogique? S’agit-il seulement de reprendre ce qui existe sur papier pour le transposer à l’écran? Non… certainement pas… c’est en tout cas le point de vue que nous présentera Clément Laberge!

À suivre plus tard dans la semaine… Toutes les idées, les souhaits, etc. sont les bienvenus.

Une histoire à inventer

J’ai participé jeudi dernier au Camp de lecture numérique organisé pour la deuxième année par le Ministère de l’Éducation (quelques traces laissées sur Twitter ici). La rencontre de trois jours regroupait une soixantaine d’éducateurs d’un peu partout au Québec. J’y ai fait une courte présentation — avec l’aide de mes trois enfants… très agréable expérience! Voici la description que j’avais transmises à son sujet il y a quelques semaines:

Le livre à l’ère de la culture numérique: une histoire à inventer

Le monde du livre change à son tour sous l’influence du numérique. Il change vite, au point de nous donner parfois l’impression de changer à notre insu. Il n’en est pourtant rien! C’est même le moment où jamais pour prendre part à l’histoire du « livre numérique » — en participant à son invention. Littéralement.

À partir d’une présentation de nouveaux supports de lecture, de puissants outils d’édition en ligne et d’étonnantes communautés qui s’organisent aujourd’hui « autour des livres », cet atelier prendra la forme d’une invitation à s’engager, individuellement et collectivement, dans l’invention du nouveau monde du livre — parce que les enjeux culturels, éducatifs et économiques qui lui sont associés sont bien trop importants pour être laissés à d’autres…

Le message que j’avais choisi de laisser en conclusion est essentiellement le suivant:

  • Les technologies sont en train de changer profondément notre conception du livre;
  • Il existe un grand nombre d’outils qui permettent aujourd’hui de réaliser des livres, plus ou moins innovateurs — les éducateurs doivent les connaître, se les approprier, savoir y faire appel;
  • Mais il ne faut pas perdre de vue que quelle que soit la forme qu’on peut choisir de lui donner, un livre demeure une création très complexe et, de façon générale, c’est une erreur pour un éducateur de vouloir « se transformer en éditeur »;
  • Il est préférable d’utiliser tous les outils disponibles dans une perspective de prototypage, pour décrire, par l’exemple, concrètement, sous quelle forme nous souhaiterions que les éditeurs réalisent aujourd’hui les livres dont nous avons besoin dans un contexte pédagogique.

En d’autres termes, j’avais envie de dire que si les technologies sont une extraordinaire occasion d’empowerment (toujours la même difficulté à traduire ce terme) pour les éducateurs au regard de l’édition et du monde du livre… il faut arriver à distinguer ce qui relève de « l’acquisition de la capacité / de l’influence » et ce qui relèverait plutôt du « vouloir tout faire soi-même ».

Je faisais en quelque sorte la proposition d’un nouveau contrat entre éducateurs et éditeurs, s’appuyant sur les technologies — évoquant l’idée d’un laboratoire technologique commun — le web — permettant aux éditeurs de faire ensuite leur travail en tirant profit de toutes les compétences qu’ils savent mobiliser et aux éducateurs de faire leur travail auprès des jeunes (et des moins jeunes).

J’avais promis de rendre disponibles rapidement des liens vers l’ensemble des pages Web que j’ai très/trop rapidement présentées lors de mon intervention. Les voici donc regroupés dans mon compte del.icio.us (tous, exemples de livres électroniques, exemples outils d’édition, et quelques autres).

P.S. Dans un texte intitulé Announcing our new book deal, l’équipe de 37 Signals explique que malgré le très grand succès de leur premier livre, auto-édité il y a quelques années, ils ont choisi de travailler avec un vrai éditeur pour leur prochain ouvrage. Leur démarche est tout à fait dans l’esprit de ce que j’évoquais jeudi: utiliser tous les moyens dont on dispose pour montrer ce qu’on veut faire — faire un/des prototype/s — puis faire appel à de l’expertise spécialisée pour réaliser son projet à pleine échelle.

Google, les livres, le Québec: « Prêts, pas prêts… »

J’ai été surpris en lisant ce texte dans Le Devoir de ce matin:

Numérisation de livres – Google présente son offre aux auteurs et aux éditeurs québécois

J’ai été surpris d’abord par le titre de l’article, parce que, si on s’en tient aux faits, on ne devrait pas pas parler d’une offre de Google, mais bien d’un règlement hors cour à la suite d’une poursuite intentée contre Google.

Surpris aussi que Copibec serve ainsi de courroie de transmission pour Google vers les auteurs et les éditeurs, indifféremment [copie de la lettre], sans même prendre position ni même ajouter d’information à celles diffusées par Google, notamment en ce qui concerne les enjeux que soulève cet accord dans le cadre des juridictions canadiennes et québécoises. Est-ce suffisant? Peut-être n’était-il pas possible de faire autrement? Était-ce son rôle? Je ne sais pas, mais je n’en suis pas moins perplexe.

Surpris d’apprendre, par la suite, que plusieurs éditeurs avec lesquels je travaille par ailleurs n’ont pas encore reçu la lettre de Copibec/Google alors que leurs auteurs l’ont déjà reçue et qu’ils commencent, naturellement, à leur communiquer diverses demandes.

Je comprends que l’accord survenu au cours des derniers mois entre les auteurs états-uniens (certains d’entre eux), les éditeurs états-uniens  (certains d’entre eux) et Google affectera éventuellement les éditeurs et les auteurs québécois et canadiens — mais je ne comprends pas qu’on précipite de cette façon tout le monde du livre dans la Gogglesphère, sans autres précautions de communication, préparation, documentation — voire avis ou recommandations. Cela me semble malheureusement préparer des jours difficiles entre les nombreux acteurs de l’écosystème du livre — préparer les affrontements au lieu de favoriser la concertation. Il me semble que c’est une manière de procéder qui ne peut que servir les intérêts de Google.

Que pensent les principales associations professionnelles de cet accord? Auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires?

Quelle interprétation fait de cet accord le ministère de la Culture, responsable de l’application de la Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre (l’aussi délicate que célèbre Loi 51)?

Quelle analyse la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) fait-elle de cet accord?

Et là-dessus, entendons-nous bien, je ne suis absolument pas un anti-Google. Bien au contraire! Je suis plutôt plein d’admiration pour le talent, l’audace et le savoir-faire de cette entreprise. Un utilisateur de très nombreux de ses services aussi (en plus de la recherche, évidemment devenue incontournable). Je ne suis pas non plus contre l’apparition de nouveaux modèles économiques pour le livre — bien au contraire, puisque j’œuvre tous les jours à les faire advenir! Mais il ne faut pas perdre de vue la force de Google, sa puissance, son omniprésence — et le fait que ses intérêts ne sont pas forcément toujours les mêmes que ceux d’une petite industrie culturelle — à l’échelle du monde — comme celle du livre au Québec. Il faut être réaliste sur les rapports de forces qui sont en jeu.

Je ne dis pas non plus que les éditeurs ne doivent pas être présents dans le programme Recherche de livres de Google — j’ai d’ailleurs témoigné en ce sens lors d’une réunion de l’UNEQ en décembre — je dis seulement que ce n’est pas parce que Google peut contribuer à faire connaître, avec une très grande efficacité, les livres que nous publions ici qu’il faut pour autant accepter toutes les conditions qui nous sont proposées.

Bien sûr, vous pourrez rappeler, à la lecture de mes prochains textes sur le sujet, que je travaille avec des éditeurs, avec l’ANEL, que je côtoie régulièrement des libraires, des bibliothécaires, des auteurs — c’est toute la richesse de mon travail, que j’adore! — et suggérer que je ne suis pas neutre. C’est vrai — et je l’assume. Cela ne me privera pas pour autant de faire preuve d’esprit critique. Je pense qu’il y a des questions importantes qui doivent être soulevées au regard de cet accord, au moins dans une perspective québécoise, et que si d’autres ne le font pas, je ne me priverai pas pour le faire ici — en invitant ceux qui le souhaitent à réfléchir avec moi et avec ceux qui voudront prendre part à la conversation.

Ça y est la Recherche de livres de Google est vraiment débarquée au Québec. Décidément, la vie n’est pas un long fleuve tranquille…

Person of the Year: You!

François attire notre attention sur une brillante idée du Time Magazine qui consacre ses honneurs annuels non pas à une personne, comme c’est la tradition, mais à tous ceux et celles (potentiellement tout le monde!) dont les gestes, relayés par une nouvelle générations d’applications réseaux (dits, à tort ou à raison, Web 2.0), sont en train de réinventer Internet et de donner de nouvelles formes à la culture, aux médias, à la collaboration: Person of the Year: You

« It’s about the many wresting power from the few and helping one another for nothing and how that will not only change the world, but also change the way the world changes. »

C’est un très puissant message que lance ainsi Time Magazine, dont l’édition de fin d’année est une extraordinaire caisse de résonnance. En ce sens, je trouve particulièrement intéressant qu’ils aient choisi de mettre les projecteurs sur les gens plutôt que sur la technologie.

Décidément, l’année 2007 ne sera pas moins stimulante que 2006 pour ceux et celles qui cultivent de grands rêves. Plus que jamais, rien n’est impossible!

Optimisme naïf? candeur? Peut-être, mais je le crois vraiment! Et je choisi cette utopie pour éclairer mes choix et guider mon action.

La liste edu-ressources est malade!

La liste edu-ressources est en convalescence. Très mal en point. Parmi les plus anciennes encore actives au Québec, cette listes de discussion a évidemment vu son propos évoluer au fil des ans. Normal: à sa naissance on ne connaissait presque rien d’Internet, alors que maintenant elle réuni novices et experts patentés, pionniers et simples observateurs — du Québec et d’ailleurs. C’est une grande liste.

On devrait donc se réjouir, célébrer le fait que nous avons enfin un espace pour discuter sérieusement de sujets complexes liés aux technologies, entre pédagogues et avec une audience importante (combien d’abonnés?), dans une perspective d’ouverture et d’échange de points de vue. Au lieu de cela, on évacue les sujets chauds. On les déporte, vers des listes moins populeuses, moins en vue. Par peur de « perdre le contrôle »? Par crainte que les « opposants à la réforme » n’obtiennent trop de visibilité « grâce à un outil gouvernemental »? ou quoi d’autre encore? D’ailleurs, quelque soit la raison, ça me chagrine. Pire: ça me choque. Je pense que nous sommes devant une situation où « le mieux est l’ennemi du bien ». S’il fallait agir pour contrôler la liste (ce qui reste à voir) ce n’était pas, à mon avis, de la façon dont on tente de le faire depuis une semaine.

J’avais néanmoins choisi de ne rien dire, la semaine dernière, quand la décision a été prise de fermer la liste aux débats pour la limiter au partage de bonnes adresses où trouver des ressources éducatives numériques. Après-tout, qui suis-je pour juger de la manière dont le ministère de l’éducation gère ses espaces de discussion?

Mais aujourd’hui je ne peux plus me taire. La situation m’apparaît trop ridicule.

Réagissant à un message publié plus tôt aujourd’hui dans la liste en rapport avec l’impact des TIC sur l’enseignement et l’apprentissage, il semble que j’ai enfreint les règles — qu’il m’aurait fallu faire preuve d’une plus grande modération. Il aurait en d’autres termes été préférable que je retienne mon commentaire pour plutôt aller le porter dans une liste à laquelle je n’étais pas abonné… Voilà qui est bien en théorie et confortable pour ceux qui tiennent absolument à encadrer les débats par crainte que les bavards n’accaparent l’espace… mais en pratique, n’est-ce pas un peu la mort de la liste que l’on signe? Parce que dans ces conditions, tous les sujets qui relient les gens, qui invitent à l’échange, qui provoquent la discussion, seront forcément sacrifiés…

Bien sûr, j’aurais aussi pu publier mon commentaire sur mon blogue. Mais pourquoi? Mon blogue c’est mon espace de réflexion, ce n’est pas un espace particulièrement bien conçu pour des discussions avec de grands nombres d’intervenants… Alors que dans mon esprit, c’était précisément la raison d’être d’une liste de discussion. Pas la bonne liste, me direz-vous? Peut-être… Alors pourquoi m’entêter? Eh bien parce que, merde, il y a là sur cette liste une foule de gens qui se sont rassemblés depuis plusieurs années et que remettre en place un espace public de ce type relève encore trop souvent du tour de force!

Qu’on ait voulu rediriger vers d’autres espaces les gens qui ne parlaient pas du tout de technologies (et notamment de tout dans la réforme sauf de l’usage des TIC) est une chose (j’oserai même m’en réjouir), mais qu’on cherche à faire de cette liste un espace sans débat, strictement porté sur l’information… alors là, je ne suis plus du tout!

À ce compte là, j’aurais préféré qu’on offre aux abonnés de meilleurs outils de gestions des messages (filtres, etc. des outils qui existent si on se donne la peine de les implanter sur les serveurs) au lieu de « sortir de la liste » ceux qui discutaient d’autres choses. Ou encore qu’on subdivise la liste afin de diffuser par d’autres voies l’existence de nouvelles ressources éducatives numériques (a-t-on vraiment besoin d’une liste de DISCUSSION pour cela? est-ce qu’il n’y a pas déjà mille et une autres sources d’informations de ce type?).

Les gens qui me connaissent savent que je ne fais pas souvent des sauts d’humeur de ce type et que je suis généralement peu enclin à m’emporter. Alors pourquoi maintenant? Eh bien parce que je trouve absolument incroyable qu’on en soit rendu à se demander collectivement si tel ou telle opinion est à sa place dans la liste, si elle ne devrait pas plutôt être ailleurs, etc., (comme si c’était en soit un sujet de discussion!). Il me semble qu’on a bien d’autres sujets plus essentiels à débattre!

Une liste de discussion, ça vit avec les gens qui y interviennent. Si on ne veut pas reconnaître cela… eh bien tant pis, laissons-la mourir. Mais ne nous faisons pas à croire que les gens départageront systématiquement eux-mêmes dans quelle petite boîte aller porter chacune de leurs idées, opinions, etc. Si on valorise les échanges, eh bien acceptons les digressions, voire le désordre, qui accompagnent inévitablement par moment la conversation. À vouloir tout encadrer on risque de faire taire bien des gens dont les points de vue et les idées pourraient nous être bien utiles. Nous gagnerons bien sûr en confort… mais sans doute également en indifférence…

Ah, et puis zut. Pardonnez-moi — je ne me fais simplement pas à l’idée d’être au chevet d’une liste de discussion à laquelle je suis abonné depuis ses tous débuts. Il me semble que nous avons grand besoin de cette liste… malgré ses périodes de fouillis… ou surtout pour celles-ci justement!

UpFing 2006 à Aix-en-Provence

Je profite de quelques instants de calme pour savourer le fait d’être pour deux jours à Aix-en-Provence, pour UpFing 2006, entourés de gens variés, fascinants, utopistes et pragmatiques à la fois.

Pour ceux et celles qui désireraient participer malgré la distance qui les sépare d’Aix (où grâce à elle!), je signal qu’une large part de l’événement est diffusée sur le Web et qu’un wiki doit permettre de rendre compte de toutes les séances — et d’interagir avec les participants avant, pendant ou après chacune d’elles.

J’aurai pour ma part le plaisir d’animer demain un atelier intitulé De la conversation à la connaissance. Toute participation venue du Web est non seulement bienvenue, mais désirée! (ici, sur le Wiki upFing, sur d’autres blogues, etc.)

à+

Mise à jour: il y a aussi des photos de l’événement sur Flickr.

Quinze jours plus tard…

Fallait-il partir de moi? de ma rencontre de l’Autre? Privilégier une perspective plus personnelle? ou plus professionnelle? Qu’importe! J’ai choisi les airs de Zebda (Essence ordinaire, 1998) et je me suis lancé dans l’écriture.

Mon visage est une page qu’on n’arrache pas
(Tombés des nues)

Les deux semaines qui viennent de s’écouler auront été marquantes à bien des points de vue. Être loin de sa famille, laisser des copains derrière soi, vendre sa maison, aborder un nouvel emploi — dans un nouveau pays — et apprivoiser tous les sentiments qui accompagnent cela, ça ne laisse pas indemne. C’est une expérience particulièrement intense.

Lire la suite de « Quinze jours plus tard… »

Neuf mois de septembre à parler d’éducation sur le Web!

Pour le plaisir… je me suis payé un petit voyage dans le temps, question de voir le chemin parcouru de façon un peu anecdotique!

Résultat, j’ai rassemblé quelques textes que j’ai écris en septembre 1997, 1998, 1999, 2000, 2001, 2002, 2003, et 2004. Le mois de septembre 2005 est encore trop jeune pour savoir par quoi il sera marqué!

Je me suis lancé dans cet exercice il y a quelques jours, en lisant le texte de Gilles Jobin, TIC — ce que je crois, qui m’a replongé dans ma Lettre à Béatrice, écrite en 1999. Le temps passe…

Décidément, Gilles a bien raison lorsqu’il dit:

« Pourquoi les élèves doivent-ils développer une compétence TIC? Pour une raison fort complexe : parce que cela les aidera à devenir ce qu’ils sont : des êtres humains de réflexion, des êtres humains qui ont quelque chose à apporter à l’humanité. Parce que, comme l’a chanté Harmonium, « on a mis quelqu’un au monde, faudait peut-être l’écouter » et que les TIC permettent justement d’écouter l’autre. »

L’écriture publique dans un contexte éducatif

Gilles Jobin a interpellé ses collègues du RÉCIT pour qu’ils écrivent plus sur le Web, à travers les carnets Web, en particulier. Des commentaires ont suivis. François Rivest, entre autre, y a mis un grand soin.

Pierre Lachance a relancé les échanges en s’interrogeant sur le rôle respectif des outils et de la personnalité dans la communication, sur le Web, en particulier.

Je suis intervenu sous forme de commentaires pour suggérer que tous les outils ne sont pas équivalents quand on souhaite favoriser l’expression des gens sur le Web. Et j’ai relancé Mario pour compléter mon commentaire.

Et sa réponse est venue. Et quelle réponse! Je n’en attendais pas tant!

Tout ça mis ensemble fait un remarquable survol des enjeux associés à l’écriture publique, sur le Web, dans un contexte éducatif. À conserver précieusement.

Être un filtre, pas un relais

« Des règles du jeu semblent inscrites dans [les médias] mais ne sont pas dévoilées [amenant un] retour aux combats des cirques médiatisés […] Or, une évolution nouvelle peut être pensée et transformer nos médias.

La blogosphère peut permettre ce renouveau, en autant que chacun se pense non pas comme un relais mais bien comme un filtre. »

‹ Martin Lessard, dans ce très pertinent rappel à l’ordre.