Maintenant que les risques d’un couronnement ou d’un conclave des députés semblent écartés, je prends quelques instants pour réfléchir à la forme que devrait prendre la course à la chefferie — en espérant alimenter les travaux du Conseil exécutif national du Parti Québécois qui se réunira ce soir pour en discuter.
Comme pas mal tout le monde semble s’entendre sur le fait que la course devrait être beaucoup plus courte que la précédente, je ne m’étendrai pas sur le sujet. Je pense qu’il faut que fin septembre, début octobre tout au plus, nous ayons un ou une nouvelle chef.
C’est plutôt le cadre dans lequel les candidats et candidates seront invités à démontrer leur capacité de leadership qui m’intéresse. Et quelle forme de leadership nous souhaitons mettre particulièrement en valeur au cours de l’exercice.
J’observe que cela fait plusieurs années que l’idée de «faire de la politique autrement» est omniprésente dans notre mouvement politique. Les personnes dont les noms sont actuellement évoqués pour briguer la chefferie ont toutes d’ailleurs exprimé cette prétention d’une manière ou d’une autre.
Je crois qu’il nous faut donc prévoir une course qui leur permettra de démontrer leur capacité d’incarner réellement une nouvelle façon de faire de la politique. Et non pas seulement l’habileté d’en parler.
Or, la formule classique des débats sur une scène devant les caméras est clairement insuffisante pour ça. Cette épreuve est le plus souvent inutilement manichéenne et permet surtout de démontrer la capacité d’un candidat à polariser les débats, voire à diviser l’assistance. C’est une compétence qui est bien sûr parfois nécessaire en politique, mais elle est certainement insuffisante pour se révéler un grand leader. Particulièrement dans un contexte où il apparaît important de pouvoir rassembler bien au-delà des limites de notre seule formation politique.
Je propose donc qu’en plus des inévitables débats qui devront être prévus à Montréal et à Québec, le parti demande aux candidats et aux candidates d’organiser, chacun de leur côté, au moins un événement ouvert au public, dont ils pourront librement déterminer la forme. Cet événement devrait leur permettre d’illustrer leur capacité à rassembler, particulièrement autour des enjeux qui sont déterminants pour notre projet politique. Les sujets de chaque événement pourraient être laissés au choix des candidats ou tirés au hasard parmi une liste établie par la Commission politique.
Je suggère aussi d’imposer aux candidats un exercice de résolution de problème, concret, sous la forme d’une mise en situation. Décrivez-nous comment, devenu chef, vous aborderiez la situation suivante. Le scénario soumis devrait être le même pour tous les candidats et candidates, qui auraient quelques jours pour retourner leur copie. Les militants pourraient alors comparer les approches retenues par chacun.
Personne ne peut nier que la résolution de problèmes est une dimension essentielle de l’exercice du pouvoir, alors autant la mettre en valeur.
À ce sujet, je suggère d’ailleurs la lecture de ces deux textes:
- There is a better way to run presidential debates. Actually, there are several
- Want to be president? Show us how you’d handle a disaster
En terminant, j’ai envie de reprendre la citation d’un ami, qui ne cesse de me trotter dans la tête depuis lundi.
Ce n’est pas la question nationale qui renouvellera la façon de faire de la politique, c’est une nouvelle façon de faire de la politique qui va renouveler la question nationale.
Si on croit à cela, je pense qu’il faut que cela paraisse jusque dans la forme de la course à la chefferie dans laquelle on est sur le point de s’engager.
Voilà pourquoi je demande à l’Exécutif national d’oser sortir des sentiers battus.
C’est l’audace et la confiance qui doit nous guider.
Lire aussi:
Si je peux me permettre.
À la proposition d’un événement organisé par les candidats, j’ajouterais simplement : et de leur donner à tous une même possibilité de diffusion (ce qui, techniquement, n’est pas un problème avec le web).
Et à la question de résolution de problème, j’en soumets une :
«Si l’indépendance du Québec est évoquée dans une future campagne électorale et que l’on vous questionne sur le financement ou la pérennité des régimes de retraite, comment expliquez-vous le financement de ces programmes pour les retraités du Québec dans l’éventualité de l’indépendance?» Les réponses à cette question existent déjà, mais on verrait qui y croit et maîtrise ses dossiers. Et, au mieux, il y aurait en même temps œuvre de conscientisation à la viabilité de l’option sur ce front récurrent.
Bien modestement,
Patrice