Chefferie: où j’en suis

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On m’interroge fréquemment depuis que Véronique Hivon a dû se retirer de la course à la chefferie du Parti Québécois: On ne t’entend plus beaucoup? Qui est-ce que tu appuies maintenant?

Je dois avouer avoir ressenti une certaine fatigue à mesure que l’été avançait, jusqu’à manquer passablement d’enthousiasme pour une course dans laquelle j’avais l’impression de me reconnaître de moins en moins.

Devant ce constat, j’ai souvent répondu que je ne savais pas encore pour qui j’allais voter et que je n’étais pas encore sûr de vouloir (re)prendre position publiquement.

Mais je n’étais pas tellement à l’aise avec cette réponse. Parce que ce n’est pas tellement mon genre de rester neutre. Parce que je crois que c’est généralement nécessaire de prendre position pour faire avancer les choses, dans un sens ou dans l’autre.

J’ai donc pris le temps de relire, samedi soir, la quinzaine de textes que j’ai écrits dans les jours qui ont suivi le départ imprévu de Pierre Karl Péladeau, au mois de mai. J’ai voulu me rebrancher sur les attentes que j’avais formulées en prévision de la course à la chefferie. Je voulais avoir à l’esprit une grille claire pour juger du débat de Sherbrooke, qui avait lieu dimanche après-midi.

Ces textes peuvent être consultés ici:

 

J’ai ensuite écouté le débat, dimanche soir, à partir du site du Parti Québécois. Et les choses se sont beaucoup éclaircies.

Cela m’a confirmé que cette course était très loin de ce que je souhaitais (du moins jusqu’à présent). La majorité de mes attentes n’ont effectivement pas trouvé satisfaction, mais j’ai quand même pu distinguer clairement les candidats qui me semblent les plus susceptibles d’y répondre au cours des prochains mois — et des prochaines années. Autant par leurs façons de participer au débat que par les propositions qu’ils ont formulées.

Le candidat qui m’a le plus fait vibrer, c’est Paul Saint-Pierre Plamondon.

J’applaudis particulièrement son discours sur la nécessité d’adopter une mentalité de bâtisseurs; sur l’importance de faire une pédagogie active et continue dans le domaine économique; sur le besoin de ramener toujours le savoir et la science au coeur de nos décisions; sur l’affirmation que le seul chemin vers la souveraineté, c’est la vérité; sur le fait que la division du vote, qui empêche que le Parti Québécois forme à nouveau un gouvernement majoritaire, est du côté de la CAQ, pas d’Option nationale (ou de Québec Solidaire) — que ça fasse notre affaire ou pas.

PSPP est une véritable bouffée d’air frais — portée par un étonnant mélange de candeur et d’une très grande confiance en lui-même. J’avais déjà perçu cet élan de fraîcheur au cours des dernières semaines, mais c’était particulièrement remarquable lors du débat.

Le candidat qui m’a le plus donné confiance dans sa capacité à faire arriver les choses, c’est Jean-François Lisée.

J’ai beaucoup aimé son aplomb, particulièrement quand il a été interpellé sur des propositions qu’il avait défendues par le passé. Comme beaucoup de monde, je pense, j’accepte tout à fait que quelqu’un puisse changer d’idée (même que je valorise ça!) dans la mesure où il est capable d’expliquer convenablement ces changements. J’ai aussi apprécié son discours concret sur l’économie, en particulier quand il a été question des petites et moyennes entreprises et du besoin d’alléger la réglementation, la bureaucratie et l’attitude de l’État à leur égard. C’est aussi le seul qui a évoqué spécifiquement la région de Québec.

Jean-François m’avait fait peur il y a quelques semaines à cause de la manière inutilement sensationnaliste avec laquelle il avait abordé la question de la burka/burkini (je lui ai d’ailleurs fait savoir), mais son attitude aujourd’hui me permet de souhaiter qu’il saura éviter de tomber à nouveau dans ce piège.

***

Compte tenu de tout ça, si le vote avait lieu aujourd’hui, mon premier choix se porterait sur Paul Saint-Pierre Plamondon et mon deuxième choix sur Jean-François Lisée.

Parce que je veux passer un message fort en faveur de Paul Saint-Pierre Plamondon — pour envoyer un message très clair que le PQ doit se renouveler dans la direction qu’il indique — et que je veux accorder mon appui à Jean-François Lisée. Dans cet ordre.

Pour atteindre ces deux objectif, il faut que Paul Saint-Pierre Plamondon bénéficie du plus grand nombre possible de premier choix lors du décompte initial des bulletins. C’est la seule façon de s’assurer que l’appui à ses propositions soit visible, parce que le nombre de deuxième choix dont un candidat aura bénéficié ne sera probablement jamais diffusé.

Et comme tout porte à croire (du moins pour le moment) que Jean-François Lisée sera en meilleure position que PSPP après le premier décompte, mon bulletin sera de toute façon reporté au bénéfice de Jean-François Lisée — contribuant ainsi à son élection.

Important: pour une explication simple du système de vote préférentiel et de la mécanique de report de votes associée, on peut regarder la vidéo suivante (qu’il serait très utile, je pense, de refaire en français).

The Alternative Vote — The Post-It Way

Pour illustrer mon raisonnement, on pourrait imaginer que Paul Saint-Pierre Plamondon est représenté dans cette vidéo par un post-it jaune, et Jean-François Lisée par un post-it rose.

Faire autrement, ce serait prendre le risque qu’on ne sache jamais qu’un grand nombre d’électeurs veulent que Paul Saint-Pierre Plamondon sortent de la course avec le vent dans les voiles — parce que sa contribution est essentielle, et qu’on a besoin de lui pour la suite des choses, quel que soit le résultat de la course à la chefferie.

À moins, bien sûr, que la présidence d’élection choisisse de rendre public l’ensemble des résultats (le nombre de 1er, 2e, 3e et 4e dont ont bénéficié chacun des candidats), ce qui, à ma connaissance, n’est pas prévu à ce stade. Cela rendrait le vote à la fois plus transparent et plus facile à interpréter — pour tout le monde, et pas que par la direction du parti. Ce serait aussi beaucoup plus éclairant, il me semble, dans la perspective du prochain congrès.

Ce qui me fait d’ailleurs dire qu’on devrait peut-être demander officiellement la publication des résultats détaillés. On éviterait ainsi toute la  confusion associée au fait de devoir voter stratégique pour pouvoir passer un message.

Voilà où j’en suis.

11 réflexions sur “Chefferie: où j’en suis

  1. Merci de ta réflexion, car moi aussi je ne retrouve plus le PQ auquel j’ai milité jadis.

  2. j’aime votre réflexion

    contrairement aux pontifes des médias, j’aime le déroulement de cette campagne… il y a des idées qui circulent… une composition de l’ensemble de ces idées, portée par un chef crédible pourrait réussir à en convaincre plusieurs, de toutes tendances à mon avis, à vouloir renverser le gouvernement présent…

  3. Est-ce que je comprends bien que si je veux mieux comprendre la mécanique du vote avec ses 1 er, 2 e etc choix, je dois lire un texte en anglais. Est-ce-ce que j’interprète bien que cette mécanique n’est pas expliqué dans le site du PQ?….Tu suggères que le tire auquel tu nous réfères soit traduit. L’as-tu suggéré au PQ?…Si mon interprétation de tes propos est juste, je suis « flabergastée »…Je m’en vais de ce pas voir ce que je peux trouver sur le site du PQ
    Diane Poupart, amie de Marie Laberge, dianepoupart@hotmail.com

  4. @Diane: je pense aussi qu’il serait important que le Parti Québécois place une vidéo de ce type — en français, évidemment — sur son site. C’est essentiel que tout les électeurs comprennent bien le système de votation afin d’exercer leur droit de la façon la plus adéquate. Je transmets le message (au cas où il n’est pas déjà été vu!).

  5. Et moi non plus! Je ne retrouve plus…. Pourtant, ma conclusion est différente. Je ne suis pas pressé de voir le parti québécois prendre le pouvoir. S’il ne le prend pas en 2018, il le prendra en 2022. L’important pour moi, c’est que quand il prendra le pouvoir, ce ne sera pas pour faire un bon gouvernement provincial mais pour faire un référendum en début de mandat et déclarer la naissance d’un nouveau pays. Il deviendra de ce fait, un bon gouvernement mais un vrai bon gouvernement d’un état souverain. Qui a dit que le PQ ne pouvait pas préparer l’indépendance en étant dans l’opposition? Il le préparerait d’autant plus qu’il ne veut pas prendre le pouvoir pour autre chose. Il serait dans l’attente active du jour où la population sera prête à voter pour un parti qui fera l’indépendance. Pendant leur temps d’opposition, la population aura le temps de s’écœurer des autres partis et le PQ aura le temps de favoriser le ralliement de tous les indépendantistes. S’il était élu avec plus de 50% du vote, il serait légitimé de déclarer l’indépendance. S’il était élu avec moins de 50% mais tout de même majoritaire. Il aurait à rallier tout le monde et à faire un référendum en avertissant à l’avance que, advenant un échec, il démissionne et déclenche des élections. Il n’est pas là pour gouverner une province. Vous devinez que mon choix est Martine Ouellet même en sachant que le parti a moins de chance de prendre le pouvoir en 2018 si elle était cheffe. Si elle n’est pas cheffe, pour ma part, je voterai en 2018 pour Québec Solidaire ou Option Nationale plutôt que de voter pour un PQ qui ne veut être qu’un bon gouvernement provincial. Pour moi, ce n’est pas la mission du PQ. Du moins, je ne veux pas que ce le soit.

  6. Allo Clément, après t’avoir lu ton texte de ce matin et visionné la vidéo que tu proposes, je suis retournée sur le site du Parti Québécois pour bien saisir comment m’y prendre pour arriver à mes objectifs qui, en passant, sont les mêmes que les tiens. J’avoue que j’en perds un peu mon latin. Pour deux raisons. D’abord, je ne suis pas certaine de bien saisir le système de votation et ses conséquences puis, suite à la vidéo, s’ajoute une autre préoccupation, à savoir est-ce qu’il est prévu que les résultats soient communiqués en entier ou non, comme l’exemple de la vidéo? Ne trouvant aucun endroit sur le site du Parti où ce dernier élément est mentionné, je viens à toi. Ce sont donc deux questions plutôt qu’une auxquelles j’aimerais que tu répondes. Suite au débat d’hier, mon idée se précise. Je prévois ne voter pour aucun candidat en 3e et 4e places et de voter Jean-François et Paul. Toutefois, dans quel ordre devrais-je les inscrire compte tenu des objectifs que je poursuis, du système de votation et évidemment, de l’enjeu des communications des résultats. Dis, tu veux bien éclairer mes lanternes? N’hésite pas à me relancer si mes questions ne sont pas suffisamment claires. Merci. Marie-Josée

    P.S. Si effectivement, il n’était ou n’est pas prévu jusqu’à maintenant que les résultats de chacun des tours soient publiés, peut-on faire quelque chose?

  7. Intéressant de faire ton premier choix pour le candidat “négligé”.

    Je pense exactement comme toi en appuyant Martine à mon premier choix afin de donner un message fort à l’effet que l’indépendance est bien à l’agenda.

    En fait je me dis, si jamais Martine ne connait pas de bons résultats au premier tour, cela pourrait être interprété comme si l’indépendance n’intéressait plus beaucoup de gens.

    C’est une variante de ce qu’on nomme un “vote stratégique”. Il y a toutefois un risque à procéder ainsi, surtout si plusieurs membres nous imitent.

    En effet, notre deuxième choix, Jean-François, que l’on souhaite comme chef, pourrait manquer de votes au premier tour et ainsi se faire éliminer de la course.

    À bien y penser, il y a un moyen beaucoup plus simple et plus transparent d’atteindre l’objectif recherché.

    C’est que les résultats publiés ne présentent pas seulement la position des candidats après chaque décompte, mais aussi le nombre de votes obtenus par chacun des candidats à chacun des tours.

    En ce faisant, nous constaterons qu’un candidat a été choisi par un nombre X d’électeurs à titre de premier choix, d’un nombre Y d’électeurs à titre de second choix, de Z électeurs à titre de troisième choix et de W électeurs à titre de quatrième choix.

    Cette information permettra de mettre en lumière que malgré qu’un candidat n’ait pas gagné il a réussi à obtenir un appui d’un nombre connus d’électeurs à différentes étapes du processus. J’aimerais bien avoir ton avis là-dessus.

  8. Le temps passe très vite — je ne trouve que cet après-midi le temps de répondre à plusieurs des commentaires. Brièvement:

    @Michel Laberge: je comprends que ce raisonnement est possible (et tout à fait légitime) pour ceux et celles qui sont prêts à vivre avec d’autres gouvernements du PLQ dans les prochaines années. Ce n’est pas mon cas, pour la simple et bonne raison que je pense que les politiques des gouvernements libéraux récents attaquent en profondeur la capacité des Québécois d’envisager l’avenir avec optimisme, et d’avoir envie de s’y investir, et d’assumer leur liberté. Je suis tout à fait d’accord avec PSPP quand il affirme: «Je vois mal comment, dans un contexte de corruption, de démolition de notre confiance en nous-mêmes de toutes sortes de manières, de démolition aussi de certaines institutions démocratiques, le collectif, le goût de l’avenir peuvent émerger». Je pense qu’il est nécessaire de battre les Libéraux à la prochaine élection pour remettre le train sur les rails.

    @Emrick, @Marie-Josée et @Richard: le PQ a produit une vidéo explicative du mode de scrutin, en français: https://www.youtube.com/watch?v=Igm7a9_QtY4 — Pour ce qui concerne la divulgation des résultats, je pense que le détail ne sera pas publié dans le détail et c’est peut-être correct ainsi. Après mûre réflexion, je pense qu’il n’est pas sage de changer les règles du jeu en cours de route dans un processus démocratique. Il faudra le prévoir dès le départ la prochaine fois.

    Finalement, douze jours après la publication de ce texte, je reste convaincu de la nécessité de voter pour Paul Saint-Pierre Plamondon comme premier choix. L’entrevue qu’il a accordé au Devoir, qui est publiée ce matin a définitivement confirmé ce choix:

    http://www.ledevoir.com/politique/quebec/480781/les-entrevues-du-pq-paul-st-pierre-plamondon

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