Les journaux de ce matin regorgent évidemment d’analyses sur l’invraisemblable actualité politique de la semaine. Du meilleur et du pire.
J’en retiens un qui me semble particulièrement important. Il est signé par Léo Bureau-Blouin et Jocelyn Caron, dans Le Devoir.
Une « primaire ouverte », la meilleure des approches | Le Devoir | 7 mai 2016
Je ne suis pas certain de partager l’enthousiasme des auteurs pour une «primaire ouverte», du moins pas à ce stade. Mais on peut certainement en débattre. J’ai décrit hier ma vision de la forme que devrait adopter la course à la chefferie.
Une course innovante svp! | 6 mai 2016
Le texte de Léo Bureau-Blouin et Jocelyn Caron a néanmoins le mérite de poser clairement la nécessité absolue pour le Parti Québécois de sortir des sentiers battus, en acceptant de se remettre profondément en question. Il faut plus que jamais être ouvert aux idées qui dérangent. C’est celles qui nous feront le plus avancer. Si cette course n’est qu’un concours de popularité, on aura tout bonnement choisi d’aller tout droit dans le mur.
Les auteurs du texte s’interrogent:
Une réforme du mode de scrutin doit-elle être promue [par le Parti Québécois]?
Je dis bien sûr! Le parti devrait s’engager formellement, à ce que le système uninominal à un tour soit abandonné dès un premier mandat. Que l’élection de 2018 soit la dernière dans ce système. Et pour être crédible, il faut proposer sans tarder une démarche limpide en ce sens. Je préparais la semaine dernière, avec quelques collègues présidents de circonscription, un lettre d’opinion très concrète à ce sujet. La semaine n’aura pas été propice à sa publication, mais ça viendra plus tôt que tard.
Les auteurs poursuivent:
Quant à la question nationale, doit-on se hâter de répéter une troisième fois le même scénario et espérer un résultat différent? Comment évoluer sur un terrain politique que la Constitution de 1982 a contribué à façonner à notre désavantage? Comment, tout simplement, commencer à progresser sur ce front?
Je me réjouis en constatant que la question est déjà pas mal mieux posée ainsi que nous avons pu le faire au cours des derniers mois. Il faut, en effet, prendre acte du contexte et proposer une voie alternative à la stérile opposition entre les «pressés et les pas pressés». Il faut trouver le moyen de formuler des propositions qui permettront au Québec d’avancer avec une détermination renouvelée sur la voie de l’indépendance, sans pour autant sacrifier notre lucidité dans un élan d’aveuglement partisan.
À cet égard, il faut d’ailleurs bien méditer la conclusion de la chronique de Michel Hébert, ce matin, dans Le Journal de Québec:
…les Québécois n’ont pas envie de réécouter les 50 nuances de la démarche péquiste vers l’indépendance. Non pas qu’ils s’opposent au projet de pays, mais la fatigue finit par gagner les meilleurs…
* * *
Une petite note en terminant. J’ai constaté à nouveau au cours des derniers jours à quel point les nuances se perdent parfois dans le feu de la couverture médiatique.
C’est ainsi que sous la plume et au micro de plusieurs journalistes et chroniqueurs, la démarche du PQ de Jean-Talon pour inviter Véronique Hivon à se lancer dans la course à la chefferie s’est transformée en appui formel à sa candidature. C’est le genre de raccourci qui m’apparaît déplorable pour la qualité du débat public, mais qui ne me surprend pas outre-mesure. Je pense qu’il faut l’accepter.
Cela ne me découragera certainement pas de continuer de m’exprimer fréquemment dans la course à venir. Je compte être très actif dans cette campagne et bien faire entendre les préoccupations de la Capitale-nationale. Je compte également continuer à faire preuve d’esprit critique même lorsque j’aurai éventuellement confirmé un appui formel à un candidat ou à une candidate.
Je peux d’ailleurs dire dès maintenant que la capacité de composer avec des points de vue divergents, et de pouvoir bâtir des consensus à partir de cette diversité, est un élément très important dans ma courte liste de critères pour le choix du prochain chef du Parti Québécois.
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