Déambuler

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Vacances. Presque.

Le plaisir d’aller sans destination. De se laisser surprendre par les ruelles. D’accepter les invitations imprévues. De flâner.

Il y a partout des surprises quand on s’ouvre les yeux et l’esprit pour les accueillir. C’est plus facile pendant les vacances, mais ça devrait rester un exercice quotidien.

Comme cette ruelle de Québec aux allures new yorkaises où je me suis perdu la semaine dernière.

Comme ce jeune étudiant qui lit L’étranger assis au milieu d’un groupe d’immigrants volubiles dans l’autobus ce matin.

Comme ce qui m’attend, peut-être, au prochain coin de rue, derrière cet arbre, à la quarante-troisième page du livre, au fond de la tasse de thé ou en croquant ce dernier biscuit.

Les vacances c’est le pays des merveilles.

La goutte

Je suis arrivé une quinzaine de minutes à l’avance. Pour avoir le temps de souffler un peu. Il faisait chaud et je devais m’assurer d’avoir les idées claires.

J’ai fixé du regard la goutte sur la paroi du verre. Oui, celle-là.  Et j’ai tendu l’oreille. Pas pour écouter ce que les voisins se racontaient. Juste pour le bruit, pour l’ambiance. Pour saisir l’empreinte du moment.

Et soudain, il était là. Déjà.

Avant même que je puisse prendre une gorgée.

Canicule

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Plaisir d’écrire assis dans une chaise de parterre, à l’ombre, au son du vent dans les feuilles du bouleau, le nez chatouillé par l’odeur des phlox, une Dominus Vobiscum à la portée de la main.

Et cette photo, prise le 7 janvier près de la Puerta de la Ciudadela à Montevideo, par la même température caniculaire. Extrait de mes notes de voyage:

* * *

« Les enfants ont dormi jusqu’à 10h45. Moi j’ai somnolé de 8h30 à 11h. On a ensuite mangé les croissants et le pain achetés par Ana.

Je pars à l’instant pour l’océan avec É. et C. pour un trente minutes de baignade avant de se rendre à Plaça Independencia pour essayer de faire un tour de ville.

Pour le reste, on verra.

Il fait TRÈS chaud et TRÈS humide aujourd’hui.

(…)

Au lieu du tour guidé, nous avons marché dans le quartier — celui où on s’était fait arroser de bière et d’eau le 24 décembre. Ça été plus agréable cette fois! — malgré la chaleur. On a marché du côté ombragé de la rue.

(…)

Repartant de là, on a remonté l’avenue du 18 juillet, faits quelques boutiques, visité le musée Torres Garçia (et son très intéressant « constructivisme universel») et nous sommes finalement retourné à La Cigale pour une helado.

Arrivé à l’appartement, direction plage. On a passé une très belle heure rafraîchissante dans l’océan.

Au retour de la plage on a laissé les enfants seuls une petite heure et nous sommes partis en amoureux… Pour faire l’épicerie! »

* * *

Et dire que ce soir les enfants sont avec leurs cousines à la piscine… alors on sort en amoureux!

Prendre le large

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L’été. À une semaine des vacances.

Fin de semaine de teinture. Faut remettre la terrasse dans un état qui permettra d’en profiter et d’y inviter les amis. Fin de semaine de soleil aussi. Et de calme.

Presque une heure chaque matin, au lit, pour faire un survol des réseaux sociaux, dans le silence. Eh boy qu’il s’en dit des choses, qu’il s’en raconte des histoires… que d’opinions exprimées… Pour le mieux? Je ne sais pas, peut-être — probablement.

Sur la tragédie de Lac-Mégantic, on dit que c’est le résultat de la poursuite effrénée du profit rapide — et de la déréglementation, qui en est le moteur. Une affaire de rythme. Toujours plus vite. Jusqu’au drame.

Il faut admettre que nos comportements ne sont pas étrangers aux conditions qui nous ont amenés là. On veut de l’essence à bas prix, des produits de consommation pas chers — et pouvoir les renouveler sans cesse en fonction des tendances de la mode. On voudrait aussi que les gouvernements soient de plus en plus lean; qu’ils nous taxent et nous imposent le moins possible, quitte à ce qu’ils n’aient plus les moyens d’agir. Parce qu’on nous a convaincus que l’intervention de l’État, c’est toujours trop lent, donc inefficace. Il faut aller plus vite et, pour ça, déréglementer, le plus possible, parce que le rythme est devenu l’ultime mesure de l’efficacité.

Je décroche.

Il faut ralentir.

Prendre le temps de réfléchir.

La cabine abandonnée

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J’ai cru assister ce matin à la disparition du dernier téléphone public de la rue Saint-Paul. Ce sont les cônes et le ruban qui ont attiré mon attention. L’ouvrier était là, démontant discrètement la cabine. Le téléphone n’y était déjà plus. Je me suis arrêté et j’ai pris cette photo.

En reprenant mon chemin, je me disais qu’une cabine téléphonique c’est bien plus qu’un endroit pour communiquer, c’est aussi un point de vue — une perspective partagée par toutes les personnes qui utilisent le téléphone ou qui s’y abritent pour éviter la pluie.

Avec le démantèlement de cette cabine téléphonique, c’est donc aussi un point de vue sur la rue Saint-Paul qui disparaissait — ou qui devenait tellement improbable que cela revenait pratiquement au même.

C’est pour tenter d’immortaliser ce point de vue par un court texte que j’ai choisi de me transporter là, virtuellement, grâce à Google StreetView. Pour réaliser, ô surprise, qu’elle était abandonnée depuis longtemps! Sur la photographie prise par Google en avril 2012, on voit très bien que la cabine est là… sans ses portes et sans téléphone à l’intérieur!

Et dire que je suis passé sur cette rue des centaines de fois sans jamais remarquer la présence d’une cabine abandonnée… probablement parce que j’avais les yeux rivés sur mon iPhone, émerveillé par les images de cabanes abandonnées que tonydetroit partage sur Instagram.

Rue Saint-Paul

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L’été revient enfin. Il faut que je ressorte mon appareil photo. Que je reprenne l’habitude de l’avoir à l’épaule. Parce que le iPhone, c’est bien, mais ça reste limité.

Il y aura les vacances évidemment, quelques semaines. Mais j’ai aussi envie de porter une attention particulière à mon parcours quotidien sur la rue Saint-Paul, du Musée de la civilisation à la Gare du Palais.

J’ai envie de faire une sorte de relevé photographique de cette rue où je croise presque tous les jours, depuis plusieurs années, cet inconnu au pas élastique et cette femme, toujours un café à la main, dont j’ai découvert l’identité tout à fait par hasard, il y a quelques semaines.

Cette rue étonnante où les matins où la magie opère on peut rencontrer en mois d’un quart d’heure une musicienne, un poète laveur de vitres, un écureuil philosophe, une cow girl égarée, un cultivateur d’asperges, un galeriste, un loueur de tandems, un réparateur de statues et une jeune femme qui bosse les gars de la construction avec une éblouissante virtuosité. Tout cela sans oublier les volubiles habitués du Café Soleil et le discret Boys club de l’Hôtel Belley.

Un été pour observer, photographier, prendre quelques notes.

Et qui sait, un jour, écrire quelque chose sur cette rue que j’aime profondément.

Délivrance

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L’interminable série de portes m’avait effrayé dès ma sortie de l’ascenseur. D’autant qu’elles étaient toutes fermées et que l’éclairage du couloir dans lequel je devais m’engager était déficient. J’ai été spontanément projeté dans l’hôtel où Barton Fink s’est échoué en manque d’inspiration. Le bruit provoqué par la fermeture de l’ascenseur n’a fait qu’amplifier cette impression.

Je n’ai trouvé pour seul signalisation que de petits panneaux dorés négligemment fixés à la hauteur du regard. L’inscription était là, sur la porte où j’avais été convoqué: Direction de la délivrance.

Que pouvait-il bien y avoir derrière cette porte? Je n’étais pourtant venu que pour me faire arracher une dent. C’est du moins ce que je croyais.

Délivrance: Action de délivrer.

Délivrer: remettre quelque chose. Peut-être. Mais quoi? Pourquoi? Un certificat de naissance? de décès? un permis? Je n’avais pourtant besoin de rien.

Délivrer: libérer. Perspective enivrante, certes, mais de quoi allais-je donc être affranchi? De quoi étais-je dépendant? ou captif? voire prisonnier? Avais-je été dirigé à cet endroit sous prétexte de soins dentaires afin de dissimuler d’autres motifs? Lesquels?

J’ai hésité de longues minutes, la main sur la poignée, le souffle court.

La perspective de me retrouver devant le Directeur du Service de la validation et du contrôle avant la délivrance m’angoissait profondément. Trop kafkaïen.

Je n’ai jamais ouvert cette porte. J’ai préféré m’enfuir.

Deux ans plus tard, je doute même qu’elle ait existé.

Mais il y a cette photo qui semble l’attester.

D’Istanbul à Québec (en passant par New York)

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Revolution will not be televised, it will be tweeted.

C’est écrit sur un mur à Istanbul. (source)

Le geste d’une amie l’a placé sur mon mur Facebook.

C’est sur l’écran de mon ordinateur ce matin.

* * *

Je plonge dans mon iPhone et j’en ressors cette photo d’un graffiti vu sur un mur, à New York, il y a quelques jours.

Même message.

Une main tendue. Un appel au réseau. À la solidarité.

L’écriture au coeur de la ville

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Parce que plusieurs choses m’amènent depuis quelques jours à réfléchir à la place de la lecture et de l’écriture dans la société — et à l’importance de créer des espaces et des moments de rassemblement qui peuvent contribuer à donner un sens à la lecture et à l’écriture — et à l’apprentissage de celles-ci…

Parce que si on souhaite que des projets voient le jour, il faut bien préalablement partager quelques idées…

Et, finalement, parce que, passant devant la Librairie Vaugeois, lundi soir… j’ai été interpelé par Nelligan (photo ci-dessus)…

Voici donc quelques traces de certains projets que je trouve particulièrement inspirants dans ce domaine — et que j’aimerais beaucoup voir prendre forme au Québec, et à Québec, en particulier — et pourquoi pas sur la rue Saint-Joseph? Ou sur la rue Maguire? Ou Myrand? Qu’importe…

En commençant par l’extraordinaire 826 Valencia, qu’il me semble indispensable de faire connaître largement (le créateur en fait une présentation en vidéo ici — en une vingtaine de minutes de pur plaisir).

Aussi un de ses émules: 826 NY (plus d’explications).

Pourquoi faire de Québec un nouveau membre du réseau 826 — en y apportant notre originalité?

Sinon, il y a aussi le modèle du Labo des histoires que j’aime vraiment beaucoup… quelle fraîcheur!

Il me semble que ce genre de lieu serait aussi de nature à mobiliser pas mal de monde ans le quartier Saint-Roch… à favoriser les rencontres intergénérationnelles, du monde des technos, de l’éducation et de la culture…

Éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignants, auteurs, gens de théâtre, artistes, créateurs, journalistes… de Saint-Roch et d’ailleurs, ça vous tente?

Ce serait un bien beau projet, il me semble…

Une invraisemblable coïncidence

Quand il semble y avoir tout à coup autour de nous toutes sortes de coïncidences, c’est généralement qu’on a l’esprit plus alerte, plus éveillé que d’habitude. C’est parce qu’on est là, l’esprit ouvert, dans un contact privilégié avec notre environnement — avec la vie.

Ce n’est pas parce qu’il y a vraiment plus de coïncidences dans ces moments-là. C’est une illusion. C’est seulement parce qu’on les remarque plus facilement. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’une coïncidence — si ce n’est l’association fortuite de deux phénomènes distincts qui se trouvent soudainement liés par une idée plus ou moins mûre qui germe dans notre esprit?

J’adore ces moments-là.

Ils sont pour moi le signe qu’il se passe quelque chose. Que c’est un moment important. Que quelque chose est en train de prendre forme — même si je ne peux pas encore le définir clairement.

***

Je dinais ce midi avec Samuel Matteau. Ça fait des mois que Carl-Frédéric me dit que nous devions faire connaissance. C’est la mise en ligne de Limoilou, la semaine dernière, qui nous avait enfin donné l’occasion de prendre rendez-vous.

J’avais fait référence à Limoilou dans ce court billet, en signalant notamment une scène du court-métrage où les enfants défilent dans une ruelle, passant devant un camion coloré — dont j’avais retenu l’image pour illustrer mon texte.

Quittant Le Cercle vers 13h15, je sers la main de Samuel, on se promet de garder le contact, lui part vers l’Ouest et moi vers l’Est… et quelques pas plus loin… qu’est-ce que je ne vois pas arriver vers moi sur la rue Saint-Joseph? Le camion coloré!

Le camion coloré: celui du film. Le même! Celui qui était sur l’image que j’avais choisie parmi des centaines de possibles quelques jours plus tôt!

Il est passé devant moi. J’étais ébahi. J’ai eu tout juste le temps d’en faire une photo.

Si je n’avais pas pris cette photo, je n’y croirais déjà plus ce soir.

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En faveur de la lecture

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Il y a eu plusieurs réactions au texte d’Antoine Robitaille dans Le Devoir du 18 février. Il faut s’en réjouir. J’ai également eu plusieurs commentaires à la suite de la publication de Un mouvement en faveur de la lecture.

Je retiens pour le moment de tout ça les pistes de réflexion suivantes :

  • J’ai un doute sur l’appellation «grands lecteurs» en opposition à «petits lecteurs». Il me semble que nous devrions imaginer une étiquette qui s’appuie davantage sur le type d’oeuvres lues, ou sur le type de lecture, plutôt que sur les lecteurs eux-mêmes. En athlétisme on parle bien de coureurs de sprints et de coureurs de marathons, et non pas de petits athlètes et de grands athlètes.
  • Il faut aussi tenir compte du fait qu’il y a des types de lecture: le survol et l’approfondissement — qui ne sont pas forcément opposés — au contraire même.
  • Cela dit, il faut reconnaître que les aperçus et les occasions de survoler des textes prolifèrent, et que l’idée de stimuler des lectures de fonds est importante, voire indispensable.
  • Il ne faut pas perdre de vue non plus que l’habileté à lire en profondeur, de faire de grandes lectures, prend naissance dans l’enfance, et que, pour cela, on insistera jamais assez sur l’importance «d’apprendre à lire tôt pour ensuite lire pour apprendre, longtemps», pour reprendre l’habile formule de Marc Saint-Pierre. Et, pour cette raison, la situation épouvantable dans laquelle sont la plupart des bibliothèques scolaires ne devrait pas nous laisser indifférents.

Je retiens aussi l’idée que:

  • Le mouvement désiré en faveur de la lecture passe inévitablement par les bibliothèques et les librairies, dont les activités s’inscrivent déjà, à l’évidence, dans une perspective de développement de la lecture, mais qu’il faudrait voir sortir plus régulièrement de leurs murs pour investir plus fortement la ville — par des moyens qui restent à imaginer, mais que nous sommes probablement mieux d’inventer avec elles, plutôt que de chercher à réinventer inutilement la roue.

Et si c’était le rôle des bibliothèques et des librairies que nous étions en train de re-découvrir? ou d’adapter à ce début de XXIe siècle.

* * *

Le Devoir a innové de belle façon avec sa page hebdomadaire Le Devoir de philo — peut-être pouvons-nous imaginer un nouvel espace destiné à stimuler la lecture; hors de la forme classique du cahier Livres (qu’il ne s’agit évidemment pas de remplacer: bien au contraire!).

Pour le centenaire du Devoir, nous avions eu droit à une très agréable série de portraits de lecteurs du journal. Pourquoi ne pas inviter, de la même façon, de «grands lecteurs» (avec toutes les réserves exprimées plus haut pour cette appellation) à présenter leur lecture du moment en prévoyant un espace sur le site du Devoir afin de permettre à ceux et celles qui le souhaitent d’approfondir, collectivement, cette lecture?

Des bibliothécaires et des libraires pourraient être mis à contribution dans cette page / cet espace, dans le but de suggérer des lectures complémentaires voire de les prolonger par des rencontres — et pour inviter les gens à fréquenter davantage ces indispensables lieux de culture.

Je lance ça comme ça…

Vous m’avez dit…

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Rue Sainte-Marguerite, près de l’intersection avec la rue Vallière: un mur de béton soutient brutalement la montée de la rue des Prairies qui sépare la haute-ville et la basse-ville.

J’y remarque quelque chose de nouveau. Depuis quand? Je ne sais pas. Je ne passe pas à cet endroit très régulièrement.

C’est un cadre doré, et un graffiti.

Je m’approche.

Mise en scène de musée sur mur de béton. Cadre classique, signature urbaine.

Et une petite fiche, sur laquelle j’ai pu lire, en me mettant sur la pointe des pieds:

Travail No. 4 – Wuek (2012)
Vous m’avez dit de faire des toiles

J’aime quand la ville me parle.

Iglesia del Cristo Obrero

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Elle était fermée. Pourtant, elle me reste en tête. L’église Cristo Obrero, d’Atlántida.

On dit que tous les étudiants en architecture de l’Uruguay la visitent: c’est l’église sans poutres. L’oeuvre de Eladio Dieste.

Matériaux humbles, surfaces sensuelles, espaces escheriens: la lumière y danse, le regard s’y amuse.

C’est comme ça que je l’imagine en tout cas.

Nous nous sommes contenté d’en admirer l’extérieur et nous avons repris notre route en direction de la Bodega Bouza.

Patience

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Une dizaine de minutes pour écrire. Souvenir du fauteuil inconfortable où j’ai pris quelques notes. Décor seventies. Bruits de verres, de roues de valises, des conversations, en anglais, en français, en espagnol. Des rires aussi. L’homme devant moi lisait Les frères Sisters pendant que la femme assise à côté de moi bâillait constamment. Jusqu’à l’appel: « Le vol AC871 à destination de Paris est maintenant prêt pour l’embarquement ».

J’enfile mes écouteurs. Bulle musicale. Ane Brun — Do you remember?

Je me souviens.

Je me souviens de ces autres notes, prises quelques jours plus tard, assis sur une autre chaise inconfortable, dans un motel de Drummondville.

C’est quand tout se précipite qu’il faut être le plus patient.

Se répéter que si tout seul on peut souvent aller plus vite, ensemble on va généralement plus loin.

Les portes

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Une fois passé les grandes portes vitrées nous nous sommes trouvés devant une multitude de portes métalliques, apparemment identiques. Chacune devait cacher un ascenseur. C’est du moins ce dont j’ai présumé.

Nous avions été naturellement guidés vers un petit piédestal placé au point focal du petit hall. Deux boutons: monter, descendre. Et attendre qu’une des portes s’ouvre pour y entrer. Avec une curieuse impression de choix lorsque plus d’une porte s’ouvraient à peu près simultanément.

Fallait-il prendre la première qui s’offrirait à nous? Et ces gens qui en descendaient, d’où venaient-ils? Et si ces portes n’allaient pas tous au même endroit — chacune déterminant un avenir différent à ses passagers (n’est-ce pas toujours le cas?).

Les portes d’Alice!

Et ce morceau de gâteau dans ma main gauche, dont il me restait étrangement une bouchée. Coïncidence? Et cette fontaine, un peu plus loin sur la droite. De l’eau? Aurait-il fallu en boire?

Peut-être allions-nous sortir profondément transformés par ce rendez-vous?

Assez d’hésitation: Il fallait y aller. Foncer. Ce fut donc la troisième porte. Nous n’avons même pas eu le choix de la destination…. quelqu’un appuya pour nous sur le bouton qui allait la déterminer.

Il a fallu faire confiance. Nous répéter que n’étions pas là par hasard.

Nous sommes redescendus une heure plus tard par un autre ascenseur, probablement un peu plus grands que lorsque nous étions entrés.

Le lapin blanc nous a remis nos valises et nous avons repris notre route.

Nous avons par la suite manqué notre avion… mais ça, c’est une autre histoire!

Ou peut-être pas…

…me suis-je dit en repensant à la feuille de la vitrine, Place Saint-Germain des Prés?

« Il vous est peut-être déjà arrivé de manquer un train…»