Pour nous aider à continuer

Je vous sollicite aujourd’hui pour faire un don à l’équipe de Québec Forte et Fière, afin de nous aider à poursuivre le travail que nous avons entrepris depuis bientôt quatre ans — avec audace, courage et rigueur.


La télévision et le cinéma présentent des visions très romanesques de la politique: des intrigues, des complots, des personnages plus grands que nature, des conflits et des dilemmes très clairs. Les situations changent rapidement, du jour au lendemain. On peut distinguer le avant et le après. C’est normal, ça facilite le récit.

Sauf que dans la réalité, ce n’est pas tout à fait ça.

La politique, c’est bien sûr une affaire de vision et de charisme, mais c’est aussi (surtout!) se donner la capacité de mobiliser. La politique c’est la capacité à créer un mouvement. Et pour ça, il faut plus que de bonnes idées. Il faut des moyens.

Il faut du monde, il faut s’organiser, il faut du savoir-faire, il faut communiquer, il faut agir. Et il faut aussi durer, réussir à s’inscrire dans le temps, parce que les changements importants sont longs à prendre forme. 

Et pour tout ça, il faut des moyens financiers — et c’est encore plus vrai à l’aube d’une campagne électorale. 

Québec va bien: la construction de logements s’accélère, le tramway se concrétise enfin, on adapte la ville pour les changements climatiques, les touristes sont nombreux, la hausse de taxes sur quatre ans est plus basse qu’ailleurs, et on réussit même à diminuer la dette. Tout n’est pas parfait, bien sûr, et ça reste une période pleine de turbulence économique et politique, et malgré ça, on a réussi à donner à la ville un bel élan. Il faut continuer.

Un don de 100$ vous coûtera en réalité 20$ (après le crédit d’impôt)

Et en année électorale, on peut même faire un don de 200$ (45$ après crédit d’impôt)

Pour un don de 100$ ou plus, donne également accès à notre événement-bénéfice du 12 septembre, au Musée de la civilisation. 

Et si, pour une raison où une autre, vous craignez que votre nom apparaisse sur la liste des donateurs, sachez que les dons de 50$ (coût réel de 7,50$ après crédit d’impôt) ou moins ne sont pas rendu publics.

➡️ C’est ici pour le faire avec une carte de crédit (c’est l’idéal). 

Et si vous préférez le faire par chèque, communiquez avec moi. 

Notez que pour être autorisé à donner, vous devez:

  • résider dans la ville de Québec ou être propriétaire d’une entreprise de la ville
  • être âgé de 18 ans ou plus
  • être inscrit comme électeur

Les enjeux sont particulièrement clairs cette année: l’élection du 2 novembre déterminera si on pourra poursuivre avec l’élan actuel, ou si la ville mettra les freins pour ralentir, voire pour faire marche arrière. 

Votre engagement et vos dons sont essentiels.

C’est le temps d’agir. 

Un, deux, trois, go!

Retour au travail aujourd’hui. Et en pleine forme! Je suis prêt pour les prochaines semaines… qui seront certainement pleines de rebondissements.

J’aborde la campagne électorale comme une occasion de vivre des moments uniques avec des personnes extraordinaires, qui ont choisi de relever un immense défi personnel, au bénéfice du Bien commun. Je trouve ça émouvant. On vit peu de moments comme ceux-là dans une vie. Il faut les savourer. 

C’est une période très intense aussi, bien sûr. Et j’en ai fait assez pour savoir qu’il y a trois choses essentielles qui permettent d’obtenir le succès espéré: 

1. Être en mesure de donner le meilleur de nous-mêmes chaque jour — et, pour ça, réussir à rester en forme, reposé.  

2. Savoir reconnaître ses forces et ses faiblesses, et s’appuyer aussi souvent que nécessaire sur les coéquipiers — parce qu’il n’y a qu’une seule façon de gagner une élection: en équipe. 

3. Finalement, il faut réussir à vivre sereinement avec les imprévus et les contrariétés… parce qu’il y en a tous les jours. Et pour passer à travers, il faut savoir en rire, se r’virer de bord et faire du judo avec les erreurs (qui deviennent parfois de bons coups!).

Le succès d’une campagne électorale ne repose pas tant sur la capacité de gagner la journée, mais bien sûr celle de garder le cap. Le plus important, c’est de ne pas perdre de vue notre Idéal, nos objectifs et notre stratégie — en cultivant notre solidarité.

Tout ça à travers les imprévus, les inévitables faux pas, et les jambettes qui vont nous être faites… parce que ça fait partie de l’exercice!

***

Note: Le retour à l’Hôtel de Ville ne veut pas  dire que ma série de textes sur les objets trouvés est terminée, mais le rythme ralentira certainement. Ça me donne l’occasion de regrouper les vingt premiers dans un document PDF (32 Mo) afin d’en faciliter la lecture.

Le plus vite possible

Vue de la fenêtre de mon bureau à l’Hôtel de ville de Québec

3 février, déjà!… Il n’y a pas à dire, l’année 2024 est repartie sur les chapeaux de roues. J’ai l’impression qu’il y a quelque chose d’effréné dans l’air. Quelque chose dont on devrait se méfier.

Alors par ce beau samedi matin, je prends le temps d’y réfléchir un peu — et je me réjouirai si les commentaires de lecteurs venaient nourrir ma réflexion.

***

Il est plus évident que jamais que nous faisons face, comme société, à d’immenses défis: de profondes transformations économiques, l’adaptation aux changements climatiques et la crise du logement, entre autres choses. À l’évidence, aucun de ces défis ne pourra être réglé d’un coup de baguette magique. Aucun geste isolé ne peut offrir une solution suffisante. Il va falloir coordonner un vaste ensemble d’actions et faire preuve de détermination dans leur mise en œuvre. C’est une période exigeante et complexe pour exercer le pouvoir. Très stimulante aussi, heureusement!

Il faut aussi constater à quel point l’action politique se réalise aujourd’hui dans un environnement médiatique qui, pour toutes sortes de raisons, impose un rythme élevé et qui nourrit plus facilement les controverses qu’il ne met en valeur les délibérations, la collaboration et les compromis qui en découlent — qui sont pourtant les indispensables rouages de la démocratie. Les médias ne sont pas des observateurs neutres de la dynamique politique, ils en sont aussi des acteurs — et leurs choix influencent le cours des choses. Il faut en être conscient, et s’adapter à cette réalité. Parce que ça fait partie de la game…

Dans ce contexte, il me semble plus déterminant que jamais que les acteurs politiques cultivent des espaces-temps propices à la réflexion et qu’ils privilégient une communication qui vise à susciter l’adhésion plutôt que de souffler sur les divisions. Ce n’est pas toujours facile, notamment parce qu’il faut, pour ça, accepter de prendre un peu de recul avant de réagir, alors que tout le monde attend une réaction, maintenant, tout de suite.

Ce matin, je me dis que ce début d’année frénétique est un bon moment pour se rappeler l’humilité qui devrait habiter les politiciennes et les politiciens: ils ne peuvent pas réaliser seuls les changements qu’ils initient. Le succès de leurs actions reposent surtout sur les citoyennes et les citoyens — et les entreprises et organismes dans lesquels ils travaillent et s’engagent.

Le premier rôle des hommes et des femmes politiques c’est de créer les conditions favorables au changement. C’est de réunir des conditions qui permettent à tout le monde d’avoir confiance que leurs actions comptent et peuvent faire la différence. Ils peuvent le faire en adoptant un discours fort, inspirant et déterminé, ils peuvent aussi le faire adoptant des lois et des règlements, mais le moyen le plus efficace reste probablement de valoriser l’engagement du plus grand nombre. Parce que si on ne le fait pas, et qu’on prive les gens de leur influence, comment s’étonner qu’ils se réfugient dans la protestation?

Pour cette raison, je pense que quand on a le privilège d’exercer le pouvoir politique, notre plus grande responsabilité c’est de nourrir la confiance dans la démocratie — en valorisant le dialogue, en créant des conditions favorables aux débats et en privilégiant des processus qui permettent de faire des essais et d’apprendre des erreurs. Il faut garder à l’esprit que c’est de cette façon qu’on pourra identifier et mettre en œuvre le plus vite possible des solutions.

En démocratie, l’objectif ne peut pas être l’unanimité, ni même le consensus. L’objectif c’est que les décisions nécessaires se prennent aussi rapidement que possible, dans le cadre de processus qui visent à susciter l’adhésion.

Je nous souhaite à tous cette sagesse en 2024 — parce qu’autrement, il y a plus de chances que les prochains mois nous essoufflent qu’ils nous permettent d’avancer vers un monde meilleur.

Avancer ensemble, avec sens

C’est dur la politique — très dur même. Particulièrement quand le climat social est tendu et que les médias sociaux carburent à la polarisation des opinions et laissent libre cours à des excès de toutes sortes.

C’est dur, mais c’est beau aussi — très beau même!

La semaine qui vient de se terminer a certainement été une des plus difficiles depuis deux ans. Complexe par les enjeux qu’il a fallu aborder, périlleuse par les risques qu’elle comportait, et éprouvante émotivement pour tout le monde. On a eu le vertige, on a pleuré et on a ri — ensemble.

***

Je pense qu’on a aussi bien passé à travers parce qu’on a réussi à cultiver le sens à travers la tempête.

On a réussi à garder le cap sur le pourquoi.

Et on a assumé la vulnérabilité qui accompagne l’audace.

La politique, c’est une aventure d’équipe. L’énergie passe des uns aux autres — parfois des rôles plus discrets vers les plus visibles, parfois à l’inverse.

Ça fonctionne quand la cohésion et la solidarité sont maintenues. On y a mis beaucoup d’énergie cette semaine. Avec succès, je pense.

Le cabinet, le caucus, le maire — chacun a été là pour les autres, à un moment ou un autre.

Les échos médiatiques de la politique ne sont souvent que la pointe de l’iceberg — le plus gros du travail, ce sont les efforts qu’on consacre à cultiver ce qui nous lie les uns aux autres.

***

J’ai été ému cette semaine de voir le maire, les conseillères et les conseillers — et toute l’équipe — encaisser les résultats d’un sondage.

J’ai été impressionné par leur capacité à se soutenir — et à rebondir.

Je l’ai été encore plus par la solidarité avec laquelle ils ont encaissé une deuxième claque sur la gueule deux jours plus tard.

J’ai été fasciné par la dignité du maire à l’occasion d’un point de presse où il a réussi à témoigner avec autant d’éloquence que d’humilité de la dimension humaine de la politique (regarder en particulier à partir de 2:35; puis à partir de 19:40).

J’ai été renversé par les manifestations d’appui et de bienveillance à l’égard de l’équipe qui se sont spontanément exprimée, de toutes sortes de façon au cours de la semaine — comme quoi les médias sociaux peuvent heureusement être les vecteurs du meilleur comme du pire.

J’ai aussi été épaté par le soutien spontané d’un réseau d’alliés, certains discrets, certains plus visibles, qui ont choisi de prêter main-forte à l’équipe pour traverser la tempête — parfois même s’ils n’étaient pas d’accord avec nous sur tout. Parce que le courage stimule le courage. Merci!

Et j’ai été incroyablement fier de lire ce matin le message inspirant porté par celui que j’accompagne tous les jours dans ses fonctions — et ça, même avec un genou par terre, au terme d’une semaine éprouvante.

Pour le dire avec un clin d’œil à Quai d’Orsay, en trois mots: dignité, sens, leadership.

***

Je n’écris pas souvent ici depuis que je suis directeur de cabinet — la discrétion que m’impose mon rôle ne s’y prête pas tellement. Mais aujourd’hui, ça me semble essentiel de témoigner de la fierté que j’ai de faire partie de cette équipe incroyable.

Une équipe qui a montré cette semaine qu’elle sait passer à travers une tempête et trouver le moyen d’en sortir la tête haute, en s’appuyant sur un inestimable réseau d’alliés.

Une équipe qui s’est constituée progressivement au cours des deux dernières années et qui sait continuer à évoluer, par l’ajout de nouveaux membres qui sont venus enrichir les réflexions et inspirer d’autres façons d’agir.

Une équipe qui fait toujours de son mieux et qui accepte de se transformer pour durer, en restant guidée par les objectifs qui lient chacun de ses membres.

Je tiens à lever publiquement mon chapeau à cette équipe parce que c’est grâce à elle que je peux travailler tous les jours au genre de politique que j’ai décrit dans plusieurs textes sur ce blogue depuis vingt ans… en croyant souvent que c’était utopique! Eh ben non! On est là et on le fait!

Tout n’est pas parfait, bien sûr. On fait des erreurs, évidemment. Et on apprend, encore. Mais, comme le dit mon cousin, on continue d’avancer, ensemble, avec sens.

Et ça, c’est infiniment précieux.

***

Plusieurs amis m’écrivent ce matin pour me demander comment je me sens après cette dure semaine.

C’est comme ça que je me sens. Très fier.

Fatigué, mais fier.

Surtout fier.

Photo: oeuvre de Geneviève DeCelles

Entre l’ombre et la lumière

Je participais hier au colloque de l’AEESPUL qui se déroule sous le thème « Regards sur le Québec de demain ».

La table ronde à laquelle j’avais le plaisir de prendre part avait pour titre « Les acteurs de l’ombre ». Elle regroupait Martin Koskinen, directeur de cabinet du Premier ministre, Julie White, avocate, ancienne directrice de cabinet du ministre Gaétan Barrette, maintenant directrice chez TACT, et moi, à titre de directeur de cabinet du maire de Québec (représenté sur l’image par une vieille photo de 2014!).

Ça a vraiment été un très bel échange de plus de 90 minutes, avec des étudiantes et des étudiants très attentifs. Ça finissait bien la semaine — en marge du rythme un peu fou des autres jours.

Ça a été une belle occasion aussi pour faire une réflexion sur plusieurs aspects du rôle de directeur cabinet, et aux différentes façons de l’exercer. À trois, on pouvait témoigner d’une belle variété d’expériences.

Les réponses à la question « comment a été votre premier journée comme directeur / directrice de cabinet? » en a rapidement donné un bel aperçu. Pour Martin c’était au terme d’une longue période avec M. Legault. Pour Julie, une arrivée dans un cabinet pré-existant, pour moi, une invraisemblable journée avec tout à inventer.

Au sujet de la réalité des femmes dans le milieu politique — Julie a pu témoigner des défis variés, certains évidents, d’autres moins, par-delà les clichés. Martin a témoigné de l’impact de la parité dans les débats et arbitrages même (surtout?) au plus haut niveau. J’ai évoqué de mon côté des efforts à faire pour repenser certains mécanismes de la démocratie si on veut faciliter la participation de tout le monde. Quand on fait les consultations publiques toujours au mêmes heures, avec les mêmes contraintes, il ne faut pas s’étonner d’y voir toujours le même monde. Une plus grande diversité dans les moyens favorise aussi la diversité dans les participants. Ce n’est qu’un exemple. Il faut travailler aussi sur le fonctionnement des conseils municipaux et vraisemblablement de l’Assemblée nationale. Julie a eu raison de terminer ce segment en disant que malgré les défis, c’est un univers extraordinaire que les femmes doivent continuer d’investir avec vigueur. Les choses s’améliorent, il faut continuer.

Sur les aptitudes nécessaires pour un directeur ou une directrice de cabinet — Martin a spontanément évoqué la capacité d’offrir des conseils, avec humilité, pour que les personnes que nous servons puissent prendre la décision la mieux éclairée possible. Julie a insisté sur l’importance de la confiance: savoir faire confiance, et obtenir la confiance. J’ai ajouté le besoin d’avoir une lecture stratégique du temps et du rythme, parce qu’on ne peut pas tout faire en même temps, on ne peut pas toujours avoir la pédale au fond… il faut savoir doser, ralentir parfois certaines choses, pour faire du temps pour autre chose qui doit être accéléré, puis réajuster.

Martin s’est fait questionner sur une phrase de sa description sur Twitter: « Autodidacte assumé ». Ça a donné lieu à un bel échange sur l’importance des profils « généralistes ». J’ai dit que j’aimais beaucoup le paradoxe autodidacte assumé, parce qu’il suggère une humilité devant les experts, mais une confiance dans son jugement. On était tous les trois d’accord pour dire que les questions naïves ont souvent un rôle essentiel pour identifier des propositions politiques nouvelles.

En réponse à une question évoquant le fait que les directeurs et directrices de cabinet étaient souvent perçues comme des personnes cérébrales, les éminences grises d’un cabinet, Julie a spontanément souligné que ce n’était pas suffisant. Elle a souligné l’importance de la sensibilité et de la créativité. Ça me semble très juste. La capacité de sentir les choses et d’identifier la tendance un peu avant tout le monde, est effectivement cruciale. On ne peut pas réussir à chaque fois… mais quand on y arrive, c’est précieux.

Comment organiser le fonctionnement d’un cabinet? Quel équilibre trouver entre la centralisation et la distribution des responsabilités? D’où vient l’autorité du chef de cabinet? Nous nous entendions pas mal tous pour dire qu’il faut de l’agilité. J’ai évoqué le besoin d’accepter se remettre en question, de s’interroger sur le fonctionnement d’autres cabinets, de ceux qui nous ont précédés. Être leader, c’est aussi être capable de faire preuve d’humilité. Ne pas juger les autres, s’en inspirer plutôt.

Comment on fait pour garder une objectivité dans les conseils qu’on prodigue sans tomber dans la partisanerie? Nous étions pas mal d’accord pour dire qu’il ne faut pas voir la partisanerie comme quelque chose de négatif. J’ai soumis à la réflexion qu’un parti politique, c’est aussi un groupe de personnes qui se rassemblent parce qu’elles adhèrent à une certaine vision du monde, et sur la façon de faire de la politique. Et que quand on a ça en tête, intégrer une dimension partisane dans l’analyse des situations, c’est aussi se référer à cette vision du monde et de l’action politique. Je pense que n’est pas contradictoire avec l’objectivité, ça peut même être une forme de cohérence.

Qu’est-ce qui nous amène à accepter des boulots aussi exigeants? — Unanimement: la volonté de réaliser des projets, de changer quelque chose dans la société. Mon résumé: le désir et le plaisir de rendre possibles des choses improbables.

C’est d’ailleurs un critère de priorisation pour moi, au quotidien: les changements qui arriveraient de toute façon, qu’on soit là ou pas, quels qu’aient été les résultats de la dernière élection, ne devraient pas trop nous occuper… C’est ce qui n’arriverait pas, ou qu’on croit nécessaire de faire arriver plus vite, qui doit mobiliser nos ressources. Je pense que c’est nécessaire d’être conscient de ça si on veut faire avancer les questions les plus essentielles.

***

Merci à mes deux copanélistes: nos échanges ont été vraiment très agréables.

Et surtout, un très grand merci aux étudiantes et aux étudiants pour nous avoir offert cette belle occasion de réflexion et de partage. J’espère que vous avez apprécié le résultat autant que moi (et Julie, et Martin, je pense!).

Soyez certaines et certains que le monde politique vous attend avec impatience!

Il faut faire le tramway

Sachant que je suis impliqué dans l’équipe de Bruno Marchand, et que je suis favorable au tramway, quelques personnes m’ont demandé ce que je pensais de sa position sur le sujet — parce qu’elles avaient l’impression que son engagement à réaliser le tramway avait diminué.

Je vous partage ma réflexion…

Ça m’exaspère évidemment que ce soit un sujet récurrent et omniprésent dans la politique municipale depuis dix ans. On devrait être passé à autre chose depuis longtemps. Mais que ça fasse mon affaire ou pas, ce n’est clairement pas le cas. C’est ça qui est ça.

Pourquoi c’est ça qui est ça? — Je pense que c’est parce que les raisons pour lesquelles le tramway est devenu nécessaire n’ont pas été suffisamment bien expliquées et (plus encore) parce que la confiance dans la gestion du projet est insuffisante. C’est ce qui créé des conditions favorables à son éternelle remise en question.

Force est de constater qu’il y a de plus en plus de monde (même chez les partisans du tramway), qui ont l’impression que le projet se développe par lui-même, en circuit fermé, en suivant une logique qui échappe à tout contrôle démocratique. Ça suscite de la méfiance.

Il faut réduire cette méfiance, c’est elle qui fragilise le plus le projet.

Pour y arriver, il ne suffira pas que les politiciens adoptent des positions dogmatiques du genre « je vais faire le tramway coûte que coûte ». Je pense que ce serait même contreproductif — ce serait mettre du bois dans le poêle de la méfiance.

Il est bien sûr nécessaire de réaffirmer un appui au projet et de réitérer la conviction de sa nécessité — mais je pense qu’il faut surtout s’engager à ce que le projet ne se développe pas en vase clos et qu’il puisse continuer d’évoluer en réponse aux interventions et aux propositions des citoyens.

Faire preuve d’un leadership positif, ce n’est pas juste prendre des positions fermes, c’est aussi (surtout!) démontrer la volonté de rallier — et de faire tout ce qui sera nécessaire pour y arriver.

Est-ce que j’aimerais mieux que le projet de tramway soit déjà fait? Évidemment! Est-ce que j’aimerais mieux qu’il n’ait jamais été remis en question? Bien sûr! Est-ce que je pense que le tramway aurait plus de chance de devenir réalité si le candidat que j’appuie avait dit qu’il allait faire le tramway à n’importe quel prix? Vraiment pas.

Je pense que si on veut que le tramway voit enfin le jour, il devient urgent de revoir la manière dont le projet est mené. On ne peut pas accepter que le projet perde des appuis chaque jour. Il faut inverser la tendance et faire en sorte que le projet regagne des appuis — en l’expliquant mieux, notamment au plan budgétaire, en rendant sa réalisation beaucoup plus ouverte et plus agile.

C’est ce que Bruno Marchand a dit cette semaine. Ça ne m’inquiète pas. Je suis même convaincu que ça augmente les probabilités que le tramway voit le jour.

Photo: Gros plan sur une oeuvre, d’un.e artiste inconnu.e, vue à la Maison culturelle Armand Vaillancourt, été 2021

Pourquoi j’appuie Bruno Marchand

Avec l’élection municipale qui s’approche, plusieurs personnes me demandent pour qui je vais voter. Parce que je suis resté discret jusqu’à présent… et que je n’ai jamais fait de secret de mes choix par le passé.

Je pense que c’est une forme d’engagement démocratique de partager sa réflexion à l’aube d’une élection.

Surtout dans une élection comme celle-ci où, à Québec, le résultat sera forcément un renouveau. Ça ouvre la porte à de nouvelles perspectives. 

***

J’ai rencontré Bruno Marchand une première fois il y a quelques mois. C’est son énergie qui m’a d’abord séduit, puis la qualité de son écoute.

Nos échanges m’ont amené à m’interroger sur ce qui était particulièrement important pour moi à la prochaine élection. Il y a bien des choses (évidemment!) mais une surtout: sortir du pour ou contre, du tout ou rien, du noir et blanc. Je pense que Québec souffre beaucoup, depuis plusieurs années, d’un climat où chacun doit continuellement choisir son camp, sans nuances.

Ça ne tient évidemment pas seulement au tempérament de Monsieur Labeaume et à l’approche politique de son équipe, mais ça n’y est pas étranger non plus. 

Je veux vraiment qu’on sorte de ça, parce que je pense que c’est en faisant collaborer les gens qui sont favorables à un projet et ceux qui y sont défavorables qu’on arrive à améliorer les choses. C’est vrai dans une organisation, dans une entreprise, c’est vrai aussi à l’échelle d’une ville.

Pour ça, il faut plus de transparence, plus de dialogue, la volonté de faire émerger des consensus. Il faut aussi avoir la capacité de faire accepter à tout le monde qu’il y a un moment où on a assez discuté, et qu’il faut faire arriver les choses. 

J’ai reconnu ce type de leadership chez Bruno Marchand — dans sa façon d’écouter, et de mener les débats au sein de son équipe. Dans sa façon de s’entourer aussi, de gens forts, d’horizons variés. 

Ça m’a progressivement donné le goût d’apporter ma contribution à sa campagne.

Ce que j’ai pu voir de Bruno et de son équipe depuis quelques semaines me donne maintenant le goût de vous inviter à appuyer vous aussi Bruno Marchand.

L’envahisseur

Je suis allé prendre une marche ce matin, et comme chaque matin cette semaine, j’en ai profité pour écouter CNN. Après 15 minutes, ça m’est apparu évident: Trump est un envahisseur. Il réfléchit et agit comme un envahisseur.

C’est un envahisseur de nos esprits; il occupe notre attention.

Une évidence me direz-vous? J’aurais pu comprendre ça bien avant? Sans doute, mais ça ne m’est jamais apparu plus clair que ce matin.

Parce que c’est évidemment pour ça qu’il lance des menaces de poursuites tous azimuts — pour rester dans l’actualité, pour rester dans nos esprits, encore un peu… pour ne pas perdre de terrain, pour nous empêcher de penser à autre chose que lui.

Et il réussit bien. Ça ne fait même pas 24h que Biden a été déclaré vainqueur et on ne parle déjà plus que de Trump. À nouveau! Les poursuites, réelles ou pas, à quel endroit seront-elles déposées, ont-elles des chances? Qu’en pensez-vous monsieur l’expert, et vous madame l’experte? Et vous cher passant, chère passante?

C’est à ce moment que j’ai fermé CNN.

Trump comprend très bien que l’élection est terminée et que les réseaux d’information en continue doivent encore meubler 24h de programmation — et il va s’en servir pour défendre l’espace qu’il occupe dans nos esprits depuis cinq ans.

On ne se débarrasse rarement d’un envahisseur sans poser des gestes. Il faut le chasser. Dans ce cas-ci: de nos esprits.

Je pense que ce sera notre travail à chacun dans les prochaines semaine de reconquérir notre espace mental, notre attention — pour la consacrer à mieux. Pour faire plus de place à du positif et à de l’optimisme. On en a bien besoin.

J’espère que les médias auront appris des cinq dernières années et qu’ils ne tomberont pas dans le piège — ça nous aiderait!

Je souhaite que les médias parlent du début de l’ère Biden-Harris et de la vision de la société qui l’inspire, qu’ils nous aident à interpréter les prochaines étapes et à comprendre les premiers gestes de ce réjouissant tandem… et qu’ils laissent Trump et ses sbires s’enfoncer progressivement dans l’insignifiance.

Je suis convaincu qu’il y a moyen de nous informer correctement sur les recours, légitimes, qui seront peut-être entrepris par l’équipe Trump, sans en faire une chronique constante — et sans offrir une visibilité indue à des manoeuvres qui sont essentiellement destinée à conquérir encore un peu plus nos esprits.

On s’est trop souvent indigné dans les dernières années. Il faut sortir de ça. Réapprendre à se réjouir. Arrêter de se laisser distraire.

En rappel:

Les médias, la culture et les géants du Web

À la lecture des nombreuses chroniques publiées depuis quelques jours en rapport avec la culture, les médias et les géants du Web, je sens le besoin de souligner le caractère complémentaire de trois éléments… qui m’apparaissent même indissociables.

1- Il est évidemment nécessaire de s’assurer que les géants du Web paient des impôts sur les revenus qu’ils font au Canada et au Québec — comme le font toutes les entreprises canadiennes et québécoises.

C’est une question d’équité fiscale.

Mais ça ne réglera pas les problèmes que les secteurs des médias et de la culture rencontrent aujourd’hui — qui sont essentiellement liés à l’obsolescence des modèles d’affaires.

2- Il est tout aussi nécessaire d’explorer des façons d’imposer aux géants du Web un cadre législatif et réglementaire qui permettra aux médias locaux et aux productions culturelles locales de coexister avec les offres internationales — voire d’être favorisées dans le but de soutenir la diversité des expressions culturelles.

C’est un principe qui est reconnu par la Convention sur la diversité des expressions culturelles, qui a été ratifiée par 145 pays, dont le Canada, et le Québec, en 2005.

Mais cela ne suffira pas si les les principaux intéressés s’entêtent par ailleurs dans des comportements auto-destructeurs dans l’univers numérique.

3- Il est par dessus tout indispensable que les médias (et les acteurs culturels, mais qui ont une longueur d’avance, dans ce cas) modifient leurs rapports schizophréniques avec les géants du Web.

Parce qu’il est faux de dire que les géants du Web vampirisent les contenus des médias — ce sont les médias qui font actuellement tout pour que Google et Facebook mettent plus et mieux en valeur leurs contenus. Ce sont eux qui les codent pour qu’ils soient bien indexés par Google, qui déposent eux-mêmes tous leurs contenus sur Facebook, qui s’assurent qu’ils soient le plus largement partagés, qui envoient leurs lecteurs commenter et débattre sur Facebook et Twitter, etc. Certains produisent des émissions en direct sur Facebook seulement… On en voit même accepter maintenant de l’argent de Facebook pour produire des contenus exclusifs!

Par conséquent,

Tant que les comportements par rapport aux géants ne changeront pas;
Tant que les modèles d’affaires ne changeront pas;
On aura beau adopter toutes les lois, les règlements et les quotas qu’on voudra…
Et même si on prélève (enfin) toutes les taxes et impôts de façon équitable…

…les problèmes qu’on déplore aujourd’hui ne trouveront pas de solutions durables.

La seule façon de réussir, c’est de faire tout ça à la fois.

Culture et numérique (2)

Je souhaite revenir quelques instants sur le texte que j’ai publié dimanche — et qui a suscité de nombreuses réactions au cours des dernières heures.

Ça va bientôt faire 25 ans que je travaille dans le domaine de la culture et du numérique. Ça me passionne toujours autant. Et je suis plus convaincu que jamais que la culture québécoise a tout à gagner dans le développement du numérique.

Mais on ne va quand même pas se mentir: j’ai eu plus souvent à affronter des réflexes conservateurs que des réflexes avant-gardistes au cours de toutes ces années.

Comme bien d’autres, j’ai dû apprendre à composer avec le fait que le milieu de la culture est un milieu prudent, qui préfère généralement un tiens à deux tu l’auras. Je sais que c’est un milieu qui défend plus spontanément ses acquis qu’il ne réclame des moyens pour explorer de nouvelles façons de diffuser ou de distribuer ses créations.

Dans ce contexte, je salue évidemment la campagne que la Coalition pour la diversité des expressions culturelles a mise en place à l’occasion de l’élection fédérale qui s’amorce. C’était important de le faire. Essentiel même.

Si j’ai écrit Culture et numérique, c’est parce qu’il m’apparaissait tout aussi important d’éviter que la campagne ne nourrisse indirectement les réflexes conservateur du milieu culturel. Parce que ce serait contreproductif.

La CDEC a raison de souligner que les pouvoirs publics ont le devoir d’intervenir pour assurer une meilleure distribution des revenus qui découlent de l’exploitation commerciale des productions culturelles.

Mais pour que cela soit entendu, je pense qu’il faut aussi dire, haut et fort, que c’est pour innover que le milieu culturel a besoin de plus de moyens, et que c’est aussi pour cette raison qu’il est nécessaire de mettre en place un nouvel environnement fiscal et réglementaire plus équitable pour tous les acteurs.

Il faut que ce soit très clair que les revendications qui sont mises de l’avant à l’occasion de la campagne électorale n’ont pas pour but de défendre le statu quo, les modèles économiques d’avant le Web et la belle époque où la culture évoluait dans un écosystème protégé par Ottawa.

Il ne faut pas hésiter à dire que dans une période de transformation comme celle que nous traversons, ce sont les acteurs qui font le choix d’innover qui méritent un soutien accru de l’État — pas ceux qui résistent au changement. Ça ne veut pas dire d’abandonner tout ce qui a été fait par le passé, au contraire, mais ça suppose d’accepter de le remettre en question.

Je suis convaincu que cet optimisme, cette volonté d’embrasser le numérique, est une condition essentielle pour que la population (et donc les hommes et les femmes politiques) portent attention à nos demandes… et qu’ils vont y répondre éventuellement de façon positive.

Dépendance aux écrans…

Amusante coïncidence dans l’actualité du jour…

  • François Legault qui accède à la demande des jeunes caquistes en confiant au ministre délégué à la santé, Lionel Carmant, le mandat d’organiser un forum sur la dépendance aux écrans et de déposer un plan d’action avec des campagnes de sensibilisation (voir la fin de ce texte).

J’ai très hâte de voir de quelle façon la question de la dépendance aux écrans sera abordée lors de ce forum.

Parce qu’on peut aussi bien lire sur un écran que sur du papier — et que l’un n’est pas forcément mieux que l’autre.

Parce que c’est un enjeu qui concerne pas mal tous les groupes d’âges.

Parce que c’est un peu un raccourci de parler de dépendance aux écrans alors que c’est sur les mécanismes intégrés aux logiciels pour provoquer délibérément la dépendance qu’il y a surtout lieu de s’interroger (notification, likes, infinite scroll, etc.) — bien plus que sur la nature de la surface vers laquelle on pose notre regard.

La dépendance aux écrans est très certainement devenue une question de santé publique, mais je pense que c’est illusoire de penser y faire face uniquement par une meilleure sensibilisation des utilisateurs.

Il faudra vraisemblablement aussi exiger des développeurs d’applications un certain nombre de changements, et, pour ça, il faudra que le Québec se joigne à d’autres pays.

J’espère que cela fera partie du plan d’action à venir.

Heureusement, il y a ces femmes

Christian Rioux ne comprend pas ce que les gens trouvent à Greta Thunberg et il le dit dans une chronique inutilement pamphlétaire. Je pense que c’est surtout parce qu’il n’essaie pas vraiment de comprendre. Ça me semble pourtant très simple: Greta semble réussir à faire enfin bouger le monde politique devant la crise climatique, ce que personne n’avait réussi mieux avant elle. Nous sommes plusieurs à trouver ça inspirant… Rien à voir avec le mysticisme ou la religion!

Angela Merkel l’a d’ailleurs exprimé très simplement plus tôt cette semaine — voir ici et .

Trump tend un piège aux démocrates en faisant d’Alexandria Ocasio-Cortez et ses trois collègues — Rashida Tlaib of Michigan, Ayanna Pressley et Ilhan Omar — les vilaines de la campagne électorale (voire des ennemies des États-Unis) parce que le parti démocrate manque cruellement de cohésion et de courage depuis des mois (un scénario que le Québec connaît bien).

À ma connaissance, les seuls dirigeants politiques d’influence à avoir eu le courage de dénoncer les propos et la stratégie de Donald Trump sont des femmes: Angela Merkel (Allemagne), Theresa May (Grande-Bretagne) et Jacinda Ardern (Nouvelle-Zélande).

Merci Greta,
Merci Angela,
Merci Alexandria, Rashida, Ayanna et Ilhan,
Merci Theresa,
Merci Jacinda.

Merci d’être là pour mettre un peu d’espoir dans l’actualité politique estivale.

P.S. sur la multiplication des pamphlets anti-Greta, il faut lire aussi ce texte d’Edwin Zaccaï dans Le nouveau magazine littéraire.

Mise à jour du 22 juillet — ce courrier du lecteur de Paul Dionne au sujet de Greta Thunberg est aussi très bien.

Le clivage entre les villes et les régions

Dans son éditorial d’aujourd’hui, François Cardinal évoque le dernier sondage Angus Reid pour mettre en évidence le clivage grandissant entre les villes et les régions.

À mon avis, le clivage auquel il fait référence ne repose pas tant sur «le ressentiment des perdants de la mondialisation» (qui seraient en région) et «ceux qui en chantent les louanges» (qui seraient en ville), comme il le suggère, que sur une réaction de ceux qui ont la perception de subir la mondialisation à l’égard de ceux qu’ils croient capables d’en déterminer l’avenir.

Les ruraux ne veulent pas être compensés pour les inconvénients associés au monde que les citadins sont en train d’inventer. Ils ne sont pas non plus contre la mondialisation. Ils revendiquent seulement la capacité de participer, eux aussi, à sa définition.

Pour faire face à cette situation il va falloir, après des décennies de centralisation, amorcer une ambitieuse redistribution des pouvoirs.

Il faut redonner aux régions un rôle accru dans la définition de nos projets collectifs. Non par charité citadine, mais bien parce que nous avons la conviction que ce sera ultimement favorable pour tout le monde.

Montréal et Québec font bien sûr face à des défis particuliers — mais ce n’est pas en y concentrant toutes les décisions qu’elles arriveront à les relever efficacement. C’est plutôt en leur permettant d’exercer un leadership politique positif dans le but de mobiliser l’ensemble des forces vives de toutes les régions du Québec.

***

J’ajouterai en terminant que n’est certainement pas en affirmant que les urbains sont plus ouverts et plus cosmopolites que les ruraux (suggérant un clivage entre des avant-gardistes et des rétrogrades) qu’on va améliorer la situation. C’est un type de discours paternaliste qui est, au contraire, terriblement contre-productif.

Crise climatique et discours politique

Le Quotidien a publié hier un texte de Sylvain Gaudreault qui me semble très important parce qu’il pourrait contribuer à transformer l’espace politique québécois — au sujet de l’environnement et même plus largement.

Si je me réjouis personnellement de la position prise par le député de Jonquière au sujet du projet de complexe industriel de liquéfaction de gaz naturel à Port Saguenay, c’est surtout la nature de son texte qui m’amène à en parler.

Sylvain Gaudreault explique sa position simplement, en s’appuyant sur des arguments rationnels et en explicitant les convictions qui l’animent. Il fait confiance à l’intelligence des lecteurs plutôt que de faire essentiellement appel à leurs émotions.

«Mon devoir est de prendre position. (…)

J’ai rencontré les promoteurs de GNL Québec plusieurs fois. (…) Au terme d’une analyse approfondie, j’en suis venu à la conclusion de m’opposer à ce projet. (…)

J’ai participé à trois conférences de l’ONU sur le sujet (…) [et j’en suis ressorti] convaincu que la meilleure place pour les énergies fossiles, c’est de rester enfouies! (…)

J’ai déposé un projet de loi sur le respect des obligations climatiques. Je dois donc être cohérent quand un projet se présente, même dans ma région.

Il y a assez de cynisme en politique. Je n’y contribuerai pas davantage.»

La vision à long terme, qui est plus que jamais essentielle, est aussi présente dans le texte:

«On parle d’un projet de 25 ans. À quels fins seront utilisées les infrastructures une fois cette période terminée? La région se retrouvera-t-elle avec un passif environnemental?»

Cela me ramène au texte de Roman Krznaric auquel je faisais récemment référence: Notre rapport colonial avec le futur.

Et le député termine son texte en esquissant un projet alternatif pour sa région:

«J’ai tellement d’ambitions pour la région que je souhaite qu’elle devienne [plutôt] le Klondike de l’économie verte.»

Personnellement, c’est un projet que je nous verrais bien étendu à l’ensemble du Québec (et pourquoi pas, en effet, commencer par le Saguenay-Lac-Saint-Jean?).

***

Reconnaître la crise climatique;

Reconnaître que le cynisme à l’égard la politique est un des principaux obstacle pour y faire face;

Expliciter autant que possible les valeurs et convictions qui nous animent;

Et appuyer nos positions sur des bases rationnelles plutôt qu’idéologiques ou purement émotives.

Voilà des éléments essentiels au renouveau politique dont nous avons urgemment besoin.

Bravo Sylvain Gaudreault pour ce texte exemplaire.

La démocratie et le climat

Je trouve très intéressant de voir que le thème de l’urgence climatique est en train de reconfigurer profondément la dynamique politique occidentale.

Pas mal tout le monde est forcé de se positionner par rapport à cette urgence. En la contestant, en la nuançant, en y adhérant mollement ou en en faisant une priorité (et toutes les variantes possibles de ces positions).

Ça amène un nouveau vocabulaire; ça provoque des changements de stratégie et (surtout!) ça favorise l’apparition de nouvelles voix et de nouvelles formes de leadership. Globalement, je trouve ça très stimulant.

Il y a toutefois quelque chose qui me déplaît et qui m’inquiète.

Je vois apparaître dans le discours d’une certaine gauche les germes d’un discours autoritaire. Je le perçois dans les discours menaçant et les ultimatums, dans la remise en question de la démocratie et dans une forme de catastrophisme qui pourrait justifier bien des excès.

À titre d’exemples:

Ça m’inquiète parce que je crois que pour faire face à l’urgence climatique on n’a pas besoin de moins de démocratie… au contraire, on a besoin de plus de démocratie, mais d’une démocratie renouvelée, plus directe, plus transparente, plus efficace — une démocratie mieux représentative.

Depuis quinze ans, la droite nous dit: il faut sacrifier quelques libertés pour avoir une société sécuritaire. Je ne veux pas que la gauche me dise maintenant qu’il faut sacrifier un peu de démocratie pour avoir une société plus écologique.

L’urgence climatique exige qu’on transforme radicalement notre démocratie; pas qu’on la sacrifie.