Mes premières attentes à l’égard des aspirants-chefs

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À la lecture de l’actualité ce matin, j’ai spontanément publié ceci sur Facebook

« J’ai l’impression depuis quelques jours que course à la chefferie prend des allures de The Price is Right… chacun essaie de s’approcher le plus de la patience qu’il reste aux militants sur la question nationale: Participant 1: trois ans… Participants 2: huit ans… Participant 3: […] Faut être le plus proche pour gagner… mais sans jamais dépasser… parce que dans ce cas, on a perdu.

Ce n’est pas comme ça que j’avais imaginé ça.

Come on down…» 

Je me trouvais un peu audacieux, mais j’ai reçu plusieurs appuis au cours de la journée — tant sur Facebook que par courriel. Ça m’a confirmé que nous sommes nombreux à attendre autre chose de la course à la chefferie que ce qui semble vouloir s’offrir à nous. Et ça m’encourage aussi à prendre le temps de formuler un peu plus précisément mes attentes à l’égard des aspirants-chefs. Je le fais donc, presque aussi spontanément que ce matin.

Je souhaite évidemment qu’on parle de la question nationale — de l’avenir politique du Québec. Et bien sûr aussi des manières par lesquelles le Québec pourrait devenir un pays. Mais plutôt en mode remue-méninges qu’en mode « moi je connais une meilleure recette ». Parce qu’il faudra bien sûr sortir des sentiers battus —  tenter une autre stratégie/démarche que celle que nous avons suivie deux fois — mais aussi parce qu’on ne connaît pas le contexte qui prévaudra la prochaine fois que nous serons en position d’agir de façon déterminante pour y arriver, et qu’il faudra forcément s’y adapter.

Il est encore plus essentiel de revenir à la base: pourquoi croyons-nous qu’il est indispensable de faire du Québec un pays? Je souhaite découvrir des propositions qui nous permettront de repartir des rêves et des aspirations des jeunes. Bâtir un nouvel argumentaire en faveur d’une révision en profondeur du statut politique du Québec. Pas seulement de nouvelles approches pour expliquer aux plus jeunes les raisons pour lesquels nous, plus vieux, avons cru nécessaire de faire du Québec un pays. Ces raisons-là n’ont pas suffi et ne suffiront probablement pas la prochaine fois non plus, alors… Il faut repartir des aspirations des plus jeunes et (ré-)apprendre à expliquer pourquoi il sera plus facile de les réaliser dans un Québec-Pays que dans un Québec-Province.

J’ai aussi besoin d’entendre parler d’éducation et de culture. Beaucoup. Et souvent. Parce que c’est forcément au coeur de tout projet de société, et qu’on en parle trop peu, depuis trop longtemps. J’espère donc entendre des discours forts et ambitieux sur l’éducation — au sens large: pas seulement au sujet de l’école — et de culture, comme une dimension essentielle de la vie quotidienne.

J’espère également être en mesure de constater que les aspirants-chefs sont en mesure de tenir compte de la place que le numérique a pris dans le fonctionnement de la société, et comment il permet d’aborder différemment plusieurs enjeux déterminants pour l’avenir de la société québécoise.  

J’espère finalement entendre parler de la région de la Capitale nationale, spécifiquement. Aspirants-chefs : j’ai besoin d’entendre ce que vous proposez comme approche/démarche pour reconquérir la région de Québec. Il faut arrêter de s’abriter derrière le très commode « mystère Québec » — et enfin consacrer les efforts nécessaires pour regagner la confiance des citoyens de la Capitale — sans lesquels nous n’arriverons jamais à faire du Québec un pays.

Parler d’économie? Évidemment! C’est essentiel — comme un moyen, puissant, au service d’un projet de société auquel j’aurai envie d’adhérer. Que ce projet soit « un peu plus à gauche » ou « un peu plus à droite » m’importe assez peu pour le moment — parce que j’assume totalement que le Parti Québécois est une coalition et parce que je crois que le débat entre la gauche et la droite se fera plus sereinement et avec une plus grande efficacité dans un Québec-Pays, que dans un Québec-Province.

 

Quand le café passe mal…

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Ça fait un petit moment que je me dis qu’il faudra que je prenne le temps de formuler, de long en large, les réflexions que mon aventure politique m’a inspirées. Des réflexions de tous ordres que je me contente pour le moment de consigner, en vrac, dans un petit carnet.

Ce ne sera pas aujourd’hui que je vais mettre de l’ordre dans tout ça — et il faudra plusieurs semaines pour le faire quand le jour sera venu, mais la lecture des journaux de ce matin m’amène quand même à réagir brièvement… parce que parfois le petit carnet déborde…

* * *

Je le dis en réaction aux questions de collègues et d’amis presque tous les jours depuis deux semaines: évidemment que l’actualité en ébullition autour d’Yves Bolduc ne me laisse pas indifférent. Je l’ai aussi répété hier soir à de nombreux papas-du-hockey — que je revoyais pour la première fois depuis le printemps — et qui me demandaient ce que je pensais de tout ce qui arrive à mon adversaire lors de la dernière élection.

J’essaie de demeurer discret… mais même si je me garde une petite gêne pour ne pas ajouter inutilement mes commentaires à tous les autres lus dans les journaux et entendus à la radio et la télévision — tout cela ne me fait pas moins réfléchir.

Alors, quand je lis un texte comme celui de François Bourque dans Le Soleil de ce matin, je ne peux pas m’empêcher de soupirer et de me dire qu’on est vraiment mal barré pour mener de grands débats sociaux. Pendant qu’on palabre sur les maladresses et les pirouettes du ministre de l’Éducation, on ne parle pas des questions de fond — sur les besoins des écoles et sur ce qui est essentiel et ce qui est accessoire dans les écoles.

Le Soleil | François Bourque | Dans mon livre à moi

François Bourque n’a évidemment pas tort: les commissions scolaires sont aussi responsables de défendre leurs choix — y compris pour ce qui concerne les achats de livres. Sauf que, pour que cela fasse l’objets de débats et que cela soit suivi d’effets, il faudrait aussi que les médias s’y intéressent en dehors des périodes de crise, et que les commissaires n’aient pas l’impression de pouvoir gérer en vase clos. Il faudrait que les médias s’intéressent vraiment à l’éducation en couvrant ce qui se passe dans les commissions scolaires et dans les écoles beaucoup plus attentivement — et pas seulement lorsqu’il s’agit de parler des taxes scolaires (la démocratie ne tourne pas seulement autour de nos portemonnaies).

Or, les médias ont généralement l’attention très sélective. Même au sujet de Monsieur Bolduc ils ont eu l’attention très sélective — même pendant l’élection. J’ai dénoncé tous les jours (tous les jours!) son double emploi de député-médecin sans que cela intéresse aucun journaliste (on m’a même demandé « mais qu’est-ce qui vous choque là-dedans, je ne comprends pas »!). Il a fallu qu’apparaisse l’histoire de la prime méconnue qui s’ajoutait à son double salaire pour qu’ils s’y intéressent… et que cela devienne un scandale — bien après l’élection.

Alors on peut bien reprocher au politicien ses choix, mais il faut reconnaître que les médias ont aussi un rôle à jouer dans la définition de ce qui est acceptable ou non dans la conduite des affaires publiques et sur les débats qui entourent cette définition. J’ai d’ailleurs déjà écrit à ce sujet depuis l’élection:

À partir de quel montant doit-on commencer à s’intéresser à la moralité des moeurs politiques?

Quand, au deuxième café, je poursuis ma lecture, et que je lis un texte comme celui de Boucar Diouf, je me dis qu’il pointe effectivement un travers important de ce système dans lequel on patauge— mais je trouve qu’il néglige une dimension importante de l’affaire: un ministre n’est pas omnipotent, il a un entourage. Tout n’est pas affaire de compétence personnelle. Un ministre devrait être avant tout le chef d’une équipe — ce qu’on ne valorise pas suffisamment par les temps qui courent. Évidemment, quand même ce travail en équipe — avec le cabinet, et les fonctionnaires — apparaît dysfonctionnel… il faut s’interroger: vite et profondément.

La Presse | Boucar Diouf | Le « becquer bobo d’ego »

Quand finalement s’ajoute un texte comme celui de Simon Boivin, au sujet du Domaine Woodfield, j’ai soudainement envie de tirer ma tasse et ce qu’il reste de café sur le mur de la cuisine… mais je me contente de pousser un très très très gros soupir.

Le Soleil | Simon Boivin | Boisé Woodfield: les condos déjà en prévente

Merde! on ne se sortira donc jamais de ce bourbier? Où est / Qui aura le leadership nécessaire pour aborder enfin le sort du site historique de Sillery avec le sérieux et la sérénité que cela exige? Un vrai leadership, je veux dire. Un leadership durable — pas un leadership valsant comme celui dont fait malheureusement preuve le maire de Québec dans ce cas. Mme Saint-Pierre, comme ministre de la Culture, n’a pas été bonne dans ce dossier, c’est le moins que l’on puisse dire. M Kotto, n’a pas été particulièrement brillant non plus quand est venu son tour de porter le dossier comme ministre — à ma grande déception, d’ailleurs.

Je souhaite sincèrement à Mme David de pouvoir arriver à résoudre le fouillis qui entoure ce site historique — une fois pour toutes. Et je serai ravi de pouvoir contribuer s’il s’avérait que ce puisse être utile, parce qu’il faut vraiment qu’on y arrive. La situation doit absolument cesser de se dégrader d’année en année. Il y aura forcément des compromis à faire pour toutes les parties directement ou indirectement impliquées, mais il faut y arriver. La situation actuelle est délétère. Ce sont des lieux qui méritent beaucoup plus d’égards qu’on leur en accorde depuis vingt ans (et plus).

De plus, il ne faut pas perdre de vue que Monsieur Bolduc porte également une partie de la responsabilité de ce dossier puisqu’il est député de Jean-Talon depuis 2008.

Merci!

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J’ai couru le demi-marathon Lévis-Québec hier. Ouf! Il a fait chaud… sûrement la course la plus difficile que j’ai eu la chance (!) de faire. 

Le premier 8km n’était pas trop pire — quartier résidentiel, un peu d’ombre jusqu’au Pont de Québec. Mais après… ouf!… le four sur le boulevard Champlain! Et la dernière petite montée juste avant le traversier (quelques pas à la marche, pour ménager mes énergies)… et le kilomètre final… c’était vraiment une enjambée à la fois! C’était très très chaud…

Et j’y suis arrivé! Avec mon meilleur temps sur cette distance. Très content.

Mais ce matin, j’ai surtout envie de dire merci à tous ceux et celles qui rendent cette course possible. L’organisation, évidemment, les milliers de bénévoles, aussi (tout est vraiment super!) et — peut-être encore plus! — les citoyens qui s’installent le long du parcours pour encourager les coureurs. Hier on avait vraiment besoin de vous!

Merci à l’homme en fauteuil roulant qui nous souhaitait bonne course, un kilomètre après le départ. Vos touchants applaudissements m’ont accompagnés jusqu’à la fin.

Merci à celui qui m’a crié « Bravo Clément, ça va bien! », à l’entrée du pont — et à tous ces inconnus qui, comme lui, lancent des encouragements personnalisés en voyant nos prénoms sur les dossards. Ça compte.

Merci aux musiciens qui égaient le parcours: ça fait du bien.

Merci au petit garçon (5 ans, peut-être) qui mouillait des éponges dans la fontaine de la Promenade Champlain pour les tendre aux coureurs avec un enthousiasme qui donnait beaucoup d’énergie.

Merci aussi aux coureurs plus rapides, qui ont le temps de franchir la ligne d’arrivée et de remonter le parcours à la marche en encourageant ceux à qui il reste de gros efforts à faire pour atteindre leur objectif.

C’est tout ça une course. C’est pour ça que c’est une expérience magique.

Chacun son exploit — dans une ambiance d’accomplissement collectif. Et tellement de beaux sourires épuisés à l’arrivée!

C’était une très belle et très chaude journée. 

À l’an prochain.

 

Québec, Paris… et Copenhague

Un mois depuis le dernier texte. Et ça bouge, très vite. Les transformations en cours dans le domaine de l’édition continuent de s’accélérer. Les articles sur le sujet se multiplient.

Dans l’avion vers Paris, la semaine dernière, mon voisin lisait les articles du journal Les Affaires sur l’édition numérique. Au retour, ma voisine lisait l’édition de fin d’année de SVM qui présente en converture « la révolution eBook ». On a pas fini de lire des spéculations et d’aller de surprises en étonnements dans ce domaine!

Et tout ce temps l’équipe continue de rencontrer des éditeurs au Québec, ailleurs au Canada et en France. Nous continuons à développer la plateforme technologique qui nous permet de répondre à leurs besoins et à les accompagner dans leurs réflexions en rapport avec les prochaines étapes. Ça ne chôme pas! — et c’est parfois un peu difficile de tenir compte à la fois des exigences des éditeurs qui débutent dans le numérique et de ceux qui s’y sont mis depuis plusieurs mois et qui ont adopté un autre rythme. Nous devrons faire des efforts importants pour améliorer nos communications. Je pense qu’on peut résumer cela en disant que ce sont, dans les circonstances, de bien beaux problèmes.

J’essaie aussi de ne pas perdre de vue que la Terre continue de tourner, et que plus encore que de faire passer l’éducation et la culture à l’ère du numérique, il y a des enjeux encore bien plus grands doivent demeurer au coeur de nos préoccupations — le réchauffement climatique, notamment. À suivre cette semaine à Copenhague.

À travers ça, pour ne pas me laisser avaler par le maëlstrom: un peu de lecture, de bons plats (délicieuses côtelettes d’agneau à l’orange hier soir, fougasse aux olives ce midi), quelques sorties culturelles (dont, hier, les Variations mécaniques d’Harold Réhaume: une merveille!), un peu d’air (notamment au nouveau Marché de Noël allemand de Québec) et quelques surprises (dont les prix Boomerang remis à Buzzz.tv). Tout cela avec en trame de fond un nouveau loisir : la photo. Je me suis offert pour cela un appareil qui me ravit en plus d’explorer tous les outils que m’offre mon iPhone. On ne regarde vraiment pas notre environnement de la même façon avec un appareil photo à la main — ni même avec un iPhone ou avec un reflex de qualité. J’adore!

Je m’amuse également beaucoup en explorant quelques outils de traitement d’images, comme pour le clin d’oeil au Sommet de Copenhague qui est en haut de ce texte, réalisé entièrement à partir du iPhone et de quelques Apps bien choisies (en l’occurence PS Mobile et ColorSplash). Le vase au centre de la photo m’a été offert il y a quelques mois par des amis de retour de la capitale danoise.

Je laisse pour le moment quelques traces photographiques ici et là, mais je finirai bien par organiser un peu mieux tout ça… (reste à voir comment!).

P.S. et parfois les loisirs rejoignent les activités professionnels, comme dans le cas de ce message reçu il y a quelques jours dans mon compte Flickr

C’était il y a dix ans

Il y a dix ans commençait une aventure: pssst.qc.ca

pssst! — comme l’onomatopée qui sert à attirer l’attention.

C’était le 8 août 1999.

Nous étions bien sûr inspirés par Slashdot mais — surtout — par memepool.

Notre idée était ludique, pédagogique — et politique.

Le web québécois connaissait alors un essor incroyable, avec du nouveau tous les jours. Les petits projets devenaient grands, les grands devenaient très grands. Nous étions dans le coup. Le Québec était dans le coup. Nous y croyions vraiment. C’était follement stimulant. Nous étions convaincus d’être aux premières loges, de prendre part à des moments très importants.

Nous étions jeunes. Nous avions envie d’apprendre, celui de nous amuser aussi — surtout! L’envie de commenter et de critiquer — parfois juste pour le plaisir.  Le goût de nous donner le droit d’être irrévérencieux.  Il y avait tant à dire. Tant à faire. Tant à inventer.

Au départ nous étions quatre, avec quelques complices techniques — Carl-Frédéric, Daniel, Luis et moi, chacun à notre manière, et Jean-François. Et l’entourage, chez iXmédia, notamment. Et pour bien distinguer ce projet de nos autres projets, nous avions fait le choix, d’écrire sous pseudonymes. Sans faire de grands mystères. Les premiers lecteurs de pssst! savaient bien qui nous étions.

Puis, très rapidement, quelques personnes ont formulé le souhait de se joindre à nous pour écrire sur pssst. C’étaient le plus souvent des gens nous avaient déjà transmis des renseignements par courriel — attirant notre attention sur quelque chose ici ou là, dans un nouveau site, au sujet des relations entre tel entrepreneur et tel projet, sur des similitudes entre un projet québécois et un projet états-uniens, pointant les faiblesses des premiers sites de commerce électronique, etc. C’était aussi parfois aussi uniquement dans le but de rire un peu — parce qu’ils avaient du fun en maudit à l’époque, les pionniers de l’Internet québécois! Les fans se rappelleront notamment des aventures de Kenny et de la découverte — la révélation! — des caricatures de Monaerik.

Ces nouveaux contributeurs insistaient toutefois pour que nous gardions vraiment secrète leur véritable identitié. Les pseudonymes qui étaient pour nous essentiellement ludiques étaient pour eux une nécessité. Nous étions en train de passer du pseudonyme accessoire à l’anonymat — avec toutes les questions que cela peut soulever d’un point de vue éthique. Le contrat moral que nous avions avec tous les contributeurs était le même: Carl-Frédéric et moi nous devions connaître leur identité, mais nous ne la révélerions à personne. Après avoir été sévèrement critiqués pour ce choix, nous avons choisi de l’expliquer en publiant le manifeste #1 — que nous remettons en ligne ce matin à l’adresse www.pssst.qc.ca afin de souligner le dixième anniversaire du projet. C’est ce texte qui a en quelque sorte donné forme à pssst! — en devenant même le texte fondateur… quelques mois après le début.

En relisant ce texte aujourd’hui, je me dis qu’il n’a pas perdu de sa pertinence — bien au contraire. La situation qu’il visait à déplorer me semble toujours nuire au développement de l’économie numérique québécoise. Les principaux acteurs de ce secteur sont trop occupés par leurs projets — ou trop pris par diverses contraintes (et par leur confort) — pour être en mesure d’agir publiquement comme critiques. Et il y a trop peu de voix compétentes, hors de ces acteurs, pour décrire et commenter de façon vigoureuse les enjeux associés au développement de l’économie numérique. Mauvaise perception de ma part? Pure prétention? Généralité propre à toutes les industries? Tant mieux si c’est l’occasion d’en débattre…

Ou alors c’est simplement moi qui ai vieilli et qui me suis exclus des espaces plus subversifs du Web québécois sans trop le réaliser? L’existence de tels sites m’a peut-être simplement échappée? Et je suis sans doute aussi devenu, à mon tour, un petit rouage de cette industrie — un de ceux qui mériteraient parfois de se faire botter le cul par plus baveux que soi — et je l’accepterai volontiers… n’empêche… Dix ans plus tard, je suis plus que jamais convaincu que nous sommes loin d’être assez exigeants envers ceux et celles qui prétendent bâtir l’économie du Québec de demain.

Est-ce que pssst!  n’était pas plus efficace pour hausser ce niveau d’exigence que Facebook, Twitter et les blogues tels qu’ils prennent formes aujourd’hui?

* * *

Quoi qu’il en soit, dix ans plus tard, j’ai envie de remercier Oxi, Novajo, Astung, Lomer, Groov3, Xanax, Combeferre, Afroginthevalley, AmiCalmant, Cornholio, Scribe, Allergic (ce sont les premiers contributeurs qui me reviennent à l’esprit) et les tous les autres… même ceux qui sont quelquefois devenus des emmerdeurs de première classe!

Il y aurait tant de souvenirs à rappeler, des véritables scoops aux mises en demeure formelles en passant par quelques innovations pour lesquelles pssst! a pu être un laboratoire et dont on ne remarque même plus la présence sur le Web aujourd’hui.

Tout cela a été vraiment une extraordinaire aventure. Je m’en souviens avec nostalgie bien peu commune chez moi.

C’est une aventure qui avait commencé le 8 août 1999 et qui a pris fin presque quatre ans plus tard avec la publication du manifeste #3 — dont la Wayback Machine a conservé une trace.

* * *

Et si quelque chose pouvait naître aujourd’hui dans le même esprit?  Sous une autre forme…

Une idée ludique, pédagogique et politique.

Si seulement…

Il me semble qu’on en aurait bien besoin!

Et on a eu tellement de plaisir!

C’était il y a dix ans. Déjà.

P.S. Carl-Frédéric et moi avions convenu d’écrire chacun un texte à cette occasion, sans nous consulter, et sans nous le montrer avant publication. Ce qui fut fait. Son texte est ici.

Québec Affaires Vision 2025

J’ai eu la chance de prendre part un peu plus tôt cette semaine à Québec Affaires Vision 2025, un événement organisé par les chambres de commerce de Québec et de Lévis ainsi que la Jeune Chambre de commerce de Québec. Un événement dont l’animation était assurée par Jean-Sébastien Bouchard — un ami de longue date.

Jean-Sébastien avait présenté l’événement sur son blogue le 22 avril dernier.

Philippe Dancause, son associé dans Grisvert, commentait hier l’événement sur le sien.

On m’avait demandé, comme à onze autres  « visionnaires », de présenter en matinée ma vision de Québec en 2025 afin de nourrir les échanges entre les participants. Les contraintes qui nous étaient imposées pour ce faire étaient sévères: 20 diapos, 20 secondes chacune, avec un déroulement automatique (méthode Pecha Kucha). Ça été un énorme boulot de préparation… dont le résultat est ici (format pdf, 2,3 Mo).

J’ai adoré l’événement, auquel je ne doute pas un instant qu’il y aura des suites. L’engagement des gens dans les échanges, et dans les arbitrages de fin de journée était d’une rare qualité. Et le plaisir de tous était manifeste.

Chapeau à tous les participants!

De l’audace sans la révolution: le rôle de passeur

Un cybercompagnon m’a envoyé un mot un peu plus tôt cette semaine. Un mot direct — « zieux dans les zieux », comme il me l’annonçait. Un mot qui m’a fait réfléchir.

Deux messages dans ce petit mot:

Le premier pour dire sa stupéfaction à la lecture de l’auto-commentaire verrouillant ce billet.  « Je ne crois pas au bâillon », me disait-il.

Le second pour dire qu’il ne me reconnaissait pas dans l’affirmation en titre de ce même billet: « je ne crois pas à la révolution »: « [cela] ne concorde pas très bien avec ton parcours… dont j’ai toujours apprécié jusqu’à maintenant le côté audacieux, fonceur, pionnier des temps modernes… »

J’ai remercié spontanément mon cybercompagnon parce que les messages de ce type sont les plus précieux. J’ai promis de prendre un peu de temps pour réfléchir à tout cela et y revenir. Ce que je fais cet après-midi.

* * *

Concernant la première remarque, j’admets volontiers que je n’ai pas posé le bon geste. Cela a été une erreur de fermer les commentaires à la suite du billet. Il aurait été préférable de réitérer le type d’interventions que je suis prêt à accueillir sur mon blogue, d’inviter certaines personnes à aller discourir ailleurs, voire de retirer le droit de publication à ceux qui se seraient entêté à ne pas respecter l’esprit des lieux, mais pas de priver tout le monde de cet espace de discussion. Cela été une erreur, une entorse aux convictions que j’ai toujours défendues sur le Web. Erreur partiellement corrigée puisque je viens de remettre en fonction les commentaires.

Cela étant dit, je maintiens qu’un blogueur a tout a fait le droit de gérer comme il le souhaite les commentaires qui s’inscrivent à la suite de ses textes. Je maintiens aussi qu’il n’est pas question de bâillonner quelqu’un quand cette même personne dispose elle aussi d’un espace d’expression sur le Web — il s’agit bien de gérer un espace de discussion, comme on le ferait « dans la réalité », en distribuant et en retirant les droits de parole pour assurer le bon déroulement des échanges.

***

La deuxième remarque m’a pas mal plus fait chauffer les neurones. Est-ce que ce message marquait vraiment une rupture dans mon parcours? Je me suis interrogé. Est-il possible d’être audacieux, fonceur, pionnier — tout en ne croyant pas dans la révolution? Suis-je passé dans le camp « des défenseurs de système » et des « partisans du statu quo »?

Je me suis accordé quelques jours de réflexion sur le sujet. Période d’introspection. Et j’en ressors plus confortable que jamais avec ma prise de position du 5 avril. Je ne crois toujours pas dans la révolution — ni dans le monde du livre, ni dans la vie en général, d’ailleurs. Et je ne crois pas que cela soit contradictoire avec l’audace, le fait d’être fonceur ou de jouer un rôle de pionnier.

Je ne crois pas dans la révolution parce que j’ai confiance dans l’être humain — dans chaque être humain — et que je refuse de me poser comme celui qui sait devant celui qui ne sait pas. Je réfute la posture d’autoritarisme qui accompagne la perspective révolutionnaire. Il n’y a pas « mon projet » contre « l’autre projet » — il n’y a pas « ce que je propose » devant « ce qui existe » — seul le dialogue compte, celui qui nous permettra de passer d’une « situation vécue » à une « situation désirée » (s’appuyant sur un désir qui, dans une perspective sociale, doit forcément faire l’objet d’une négociation).

Je n’en plaide pas moins pour une transformation profonde et rapide, autant que possible, de mon environnement. Et j’oeuvre sans relâche à ce dialogue dans l’action — parce que « ce qui existe » ne me satisfait pas, parce que je pense avoir de quelques bonnes idées et que j’ai la crois proposer une vision originale de l’avenir dans certains domaines qui me passionnent particulièrement. Je le fais néanmoins patiemment, parce que je me reconnais partie d’une communauté à qui je n’ai pas la prétention d’imposer mes vues. Et quand je ne réussis pas à « faire passer mon point de vue » je me dis que c’est moi qui ne suis pas arrivé à le « vendre » correctement — mauvaise approche? mauvais timing? — mais ça reste ma faute, pas celle des autres qui n’auraient pas compris. C’est vrai en ce qui concerne mes convictions sociales et politiques, c’est aussi vrai dans ma vie professionnelle, tant en ce qui concerne le monde de l’éducation que le monde de l’édition.

En réfléchissant à tout cela cette semaine, je me suis rappelé une courte rencontre que j’avais eue avec Guy Rocher, il y a cinq ans, à l’occasion d’un événement organisé par le Conseil supérieur de l’éducation. J’avais été très impressionné par son discours rappelant que si « l’idée de révolution » était séduisante (notamment pour de nombreux sociologues et historiens), les révolutions relevaient néanmoins de la rarissime exception dans l’évolution des sociétés. Lui avait plutôt choisi de consacrer sa vie à comprendre « le cas général », celui de la réforme, ou de l’évolution des sociétés par transformations successives — le plus souvent sous l’influence de « passeurs » capables de traduire une vision d’avenir en gestes quotidiens pour permettre aux membres d’une communauté de concrétiser ce qui ne constituerait autrement que des intentions transformatrices. Il avait donné l’exemple du système de santé où on a maintes fois annoncé des révolutions et de grandes réformes, mais où aucun changement un tant soit peu important ne s’est révélé possible sans l’engagement des infirmières.

C’est sans doute vrai dans tout les domaines — j’ai choisi d’y croire en tout cas.  Et dans le cas de l’édition, cela signifie qu’on pourra dire ce qu’on voudra, il ne sera pas possible d’inventer le monde du livre de demain sans trouver une façon d’engager dans cette transformation ceux qui ont aujourd’hui un savoir-faire dans ce domaine.

C’est ce pour quoi je ne crois pas dans la révolution. C’est aussi ce pour quoi je continuerai à faire preuve d’audace, et à être fonceur. Et tant mieux si cela me permet d’être pionnier, à ma façon.

D’une certaine façon, je trouve qu’il faut être gambler pour miser sur la révolution. Le respect des gens, la détermination et l’audace — dans le dialogue — me semblent offrir de bien meilleures chances de succès si on souhaite voir survenir de véritables transformations sociales, économiques et culturelles; dans le monde du livre, dans celui de l’éducation, ou de façon encore plus générale.

À nouveau un grand merci à ce cybercompagnon pour l’occasion offerte de réfléchir à tout cela et de réitérer par le fait même la conviction qui m’amène à écrire ici depuis près de sept ans.

Un quartier (et une ville) à construire ensemble

Je reprends ici le texte et les images que j’ai utilisés pour la présentation que j’ai faite un peu plus tôt dans le cadre des travaux relatifs à l’orientation 4 du plan d’action de Québec Horizon Culture.

Quelques liens ont été ajoutés dans le texte pour permettre l’exploration de certaines de mes sources d’inspiration. Les crédits photos ont également été ajoutés en annexe aux images projetées.

2009.02.17 — Mise à jour: On peut revoir la présentation sur cette page (cliquer sur Orientation 4, à droite de l’image, puis glisser à 31:14)

Lire la suite de « Un quartier (et une ville) à construire ensemble »

Texte coup de poing à l’intention des éditeurs trop protectionistes…

Kassia Krozser lance l’année avec un texte coup de poing à l’intention des éditeurs: Out With The Old, In With The…Cranky. C’est un texte dur, très dur — peut-être injustement — mais un texte probablement utile… en ce début d’année qui promet déjà d’être celui où le livre basculera, à son tour, dans la dématérialisation..

Extraits:

« Are you trying to kill the market? Are you trying to be funny? Do you truly think outrageous prices are the way to bring in new, younger readers? Do you think we’re stupid? (…)

« …ebooks are a new, different market. You, dear publishers, have been given that rarest of gifts: a new revenue stream (think: home video for the motion picture business). These books are not competition. While there are more than a few readers who would love the luxury of choice of format/style/device when it comes to purchasing and reading books (you’re reading one), the ebook customer is different than the print book customer. (…)

«You’re dealing with a different animal, and — wahoo! — you now have the opportunity to change how you do business. Let’s start with smarter pricing. No, let’s start with the idea that you, publishers, are not the only game in town. You don’t “own” these books, your authors do. Your job is to prove that you can distribute these books better and more profitably for those authors. (…)

« I know what you’re thinking. You’re thinking you won’t be like the music industry. Too late. Already you’ve let Amazon force its vision of pricing on you. Already you’ve decided you know the market better than the market knows itself. Already you’ve let free become more desirable than paid. That is what the music business did. (…)

« You can do this, of course, and spend a fortune fighting piracy the hard way. Or you can treat your customers with respect and acknowledge that some things have changed. »

Une ville de rêves

Ma contribution au projet 400 ans 400 blogues sera assez brève; et très personnelle.

Juste quelques mots pour dire et me souvenir que ça a été une expérience extraordinaire de revenir à Québec cet été — au coeur de la fête — et de redécouvrir ma ville; notre ville.

Quelques mots pour dire que je suis heureux d’être de retour; heureux d’avoir choisi de me réinstaller à Québec après ces presque-trois-ans passés à Paris — une autre ville extraordinaire.

Quelques mots pour témoigner du fait que nous avons choisi Québec parce que c’est une ville de taille humaine, où la vie quotidienne (familiale et professionnelle) est plus simple que dans de plus grandes villes et que cela nous laisse, concrètement, beaucoup plus de temps pour réaliser nos projets… et pour rêver sans cesse à ceux qui suivront. Nous l’avons choisi aussi parce que c’est une ville inspirante; une ville phare d’une culture dont nous sommes fiers.

Quelques mots pour dire que je suis fou de Québec quand elle est une ville créative, une ville d’idées; une ville de projets — une ville d’où on se projette dans l’avenir. Une ville éducative. Je suis fou de Québec parce que c’est une ville qui, forte de son histoire (dont il a été trop peu question cet été), est encore à inventer. Comme le pays dont elle est la capitale.

Quelques mots pour dire que j’aime rêver à Québec.