Québec à la manière d’Italo Calvino

Réagissant à mon texte sur la rencontre du rêve de l’invention et de l’imagination, François Bon me mettait il y a quelques jours sur la piste des Villes invisibles, d’Italo Calvino. Une très belle piste, qui m’a amené à explorer toute la diversité des images qui ont servi à illustrer cette œuvre très particulière et dont rend admirablement compte LibraryThing.

Une piste dont s’est également emparé René Audet qui, avec un talent hors du commun, a écrit un texte sur Québec à la manière de Calvino: Une ville invisible.

« Après la longue remontée de l’estuaire marquée par les murmures et les coups de rame du passeur, j’arrive au milieu de la nuit dans la cité de Sophia. Perchée sur un promontoire, résistant au vent comme une colonie de moules sur un rocher battu par les marées, elle se détache de la noirceur par une sorte d’aura verte, relent d’une nature avide de renaître malgré l’hiver bien installé. » (pour lire la suite)

J’apprécie particulièrement l’initiative de René parce que je crois que pour être vraiment fructueux, un débat public ne peut se faire uniquement sur la base de textes qui font seulement appel à la dimension rationnelle de l’intelligence. Le récit, le conte, poésie, le théâtre, la danse et la musique devraient également être mis à contribution, minimalement de manière à mettre l’esprit en appétit.

Merci René pour ce qui me semble, dans cette perspective, une importante contribution aux réflexions entourant la tenue de Québec Horizon Culture. Je ne doute pas que ce texte alimentera nos réflexions bien au-delà du 16 février.

Québec: réseaux ouverts ou réseaux fermés?

Une ville c’est un réseau: de lieux, de personnes, de projets, de rêves. C’est un lieu qui peut être, plus ou moins stimulants selon la manière qu’on a de l’habiter.

Le Web, c’est un réseau: de personnes, d’idées, de projets, de rêves. C’est un réseau qui se superpose à la ville — qui s’y intègre (ou qui devrait s’y intégrer).

La ville de Québec est, un peu trop souvent à mon goût, une culture de réseaux fermés — où les institutions jouent un rôle déterminant et où on peut donner l’Impression de consulter très largement, même sans vraiment ouvrir le jeu. Un environnement où les gens qui sont « rattachés au pouvoir » ne prennent pas la parole publiquement parce qu’ils savent qu’ils sauront bien se faire entendre et où ceux qui ne le sont pas ne s’expriment pas non plus parce qu’ils ont la perception que « de toutes façons » ils ne seront pas écoutés. J’exagère peut-être, mais c’est un peu comme cela que j’interprète le silence constaté sur le Web concernant Québec Horizon Culture.

En comparaison, le Web est un univers que je trouve particulièrement stimulant parce qu’on y trouve, le plus souvent, une culture de réseaux ouverts — où chacun peut avoir voie au chapitre; où les échanges se font au grand jour, ou le partage est la norme. Je ne sais pas qui lit mon blogue, mais tout le monde peut y intervenir — et relancer des discussion ailleurs à partir de ce que je dis. J’ai fait connaissance de dizaines de personnes, à Québec et ailleurs dans le monde de cette façon. Les échanges que j’ai avec ces personnes nourrissent mes réflexions et fertilisent mes projets tous les jours.

Je pense qu’un peu de culture Web ferait le plus grand bien à la ville de Québec. Et plus ma réflexion prend forme en prévision de Québec Horizon Culture, plus j’ai envie de faire porter mon intervention sur cette dimension du développement culturel de la ville — à partir d’exemples et de propositions concrètes. Cela me donne aussi envie de revisiter à cette occasion le sens qu’on donne au mot « culture » dans le cadre de ce rendez-vous — comme je l’avais fait au rendez-vous stratégique de la culture en 2007. Bien entendu, la culture Web, ça ne se passe pas seulement sur le Web, c’est une attitude, un désir d’ouvrir les réseaux; d’ouvrir ses réseaux.

* * *

Je laisse la réflexion en plan pour ce matin (texte écrit dans le bus, mis en ligne entre deux réunions!) — mais j’aurai l’occasion de la poursuivre un groupe d’amis ce midi et de témoigner des conclusions de notre conversation au cours de la fin de semaine.

D’ici là, j’attire votre attention sur quelques textes publiés sur Québec Horizon Culture dans les derniers jours — dans une perspective de culture de réseaux:

Québec Horizon Culture, par Andrée Pelletier — en rapport avec la médiation culturelle, et qui m’a permis de découvrir l’existence du Groupe de recherche sur la médiation culturelle de l’UQAM

Le Soleil – 17 février 2009, par Jean-Sébastien Bouchard, qui a été le seul, à ma connaissance, à répondre à mon invitation d’imaginer l’article du Soleil qui traitera de Québec Horizon Culture le lendemain de l’événement (j’essaierai de le faire à mon tour au cours de la fin de semaine).

(&) Ask for money, you’ll get advice — le sort prévisible de Québec Horizon Culture ?, de René Audet, qui réagit à mon compte rendu de la soirée Participe Présent.

« Ce qui me frappe, c’est la lecture un peu ébahie des acteurs du milieu (…) devant la machine politique qui se met en place pour l’événement Québec Horizon Culture. Une machine à mobiliser de force le milieu des affaires pour l’impliquer dans la survie du momentum culturel que Québec 2008 a pu créer — d’ailleurs un peu à l’étonnement de tous. Et les constats d’un arrimage problématique fusent : qu’en est-il de la médiation culturelle ? du monde de l’éducation ? de la diversité culturelle ?  »

Je rappelle aussi la « revue du Web » de Québec Horizon Culture. C’est ici.

J’attire aussi votre attention, en terminant, sur ce texte d’Hubert Guillaud, dans Internet Actu,  dont j’ai trouvé la lecture extraordinairement stimulante: Comment s’approprier la ville ?

« Le Centre canadien d’architecture, sis à Montréal, propose jusqu’au 19 avril une exposition intitulée “Actions : comment s’approprier la ville ?” qui présente 99 interventions visant à transformer “positivement” nos villes. Architectes, designers et artistes en provenance du monde entier s’intéressent à nos activités anodines (jardinage, recyclage, jeu, marche) et montrent combien l’engagement individuel contribue à façonner la ville et suscite l’engagement d’autres résidents. »

J’aime la dose de subversivité qu’on trouve dans ce texte, et dans l’exposition — entre autre parce qu’un peu de subversivité ne ferait pas de tort non plus à Québec. Une subversivité créative, pas juste réactionnaire…

Ce sera donc une exposition à voir lors d’unde mes fréquents passages à Montréal.

La rencontre du rêve, de l’invention et de l’imagination

Ouf! Les semaines sont chargées par les temps qui courent! Heureusement, elles sont aussi diversifiées, ce qui aide à tenir le coup. Elles me réservent aussi plusieurs belles surprises.

Comme ce matin, où lisant le journal — le vrai, en papier (!) — je découvre que le maire de Québec est à la recherche de rêveurs de ville. Ça me parle: il faudra que je trouve le moyen de le lui dire — d’autant qu’il m’avait en quelque sorte lancé une invitation le printemps dernier. Mais je ne l’interpellerai vraisemblablement pas seul! Rêve.

Plus tard dans la journée, en lisant ce que les flux RSS auxquels je suis abonné m’ont rapporté comme matériaux de veille, je tombe sur ce texte de l’Agence Science Presse: Québec, ville d’inventeurs en 1900. C’est amusant: un texte écrit à Montréal qui me revient par l’hebdo des francophones de Toronto, relayé par Québec urbain. Invention.

Et voilà qu’en soirée, je tombe sur un texte de François Bon, dans lequel il imagine un nouveau musée mobile des coutumes urbaines à partir d’une photo aussi impressionnante qu’amusante. Imagination.

Le rêve, l’invention et l’imagination réunies au coeur de la ville, de ma ville, aujourd’hui: n’est-ce pas de bien belles co-incidences?

Elles le sont tellement que je me suis soudain surpris à rêver que celui qui, de là-bas, imagine aujourd’hui la ville, viendrait demain, ici, l’inventer avec nous. Qui sait?

* * *

Et c’est ainsi que pour terminer cette journée où le rêve, l’invention et l’imagination se sont amusées à me faire des clins d’oeil, j’ai envie de vous suggérer le visionnement de cette vidéo — dans laquelle l’urbaniste brésilien Jaime Lerner nous raconte, avec humour, en mots et en images, son inspirante vision de la ville (c’est en anglais).

Jaime Lerner reinvented urban space in his native Curitiba, Brazil. Along the way, he changed the way city planners worldwide see what’s possible in the metropolitan landscape.

À regarder avec en tête la tenue de Québec Horizon Culture, dans une dizaine de jours…

Une soirée pour préparer Québec Horizon Culture

J’ai assisté ce soir à la soirée Participe Présent qui avait lieu au Musée de la civilisation en prévision de la journée Québec Horizon Culture du 16 février prochain — dans deux semaines tout juste!

Étaient invitées à s’exprimer:

Dominique Brown, président-directeur-général de la compagnie de jeux vidéo Beenox, Daniel Gélinas, directeur du Festival international d’été de Québec, Marc Gourdeau, vice-président du Conseil régional de la culture, Claire Simard, directrice du Musée de la civilisation, Dominique Violette, directrice du Carrefour international de théâtre et Simon Brault, vice-président du Conseil des arts du Canada.

Je reprends plus bas l’ensemble des notes que j’ai prises au cours de l’événement — en vrac et pratiquement sans révision. Mais de façon un peu plus synthétique (tout en restant spontané):

J’ai aimé:

que quelqu’un déplore la faible implication le milieu de l’éducation dans Québec Horizon Culture alors que c’est à l’âge scolaire qu’on apprend le mieux à entretenir une relation d’engagement avec la culture (plutôt que de simple consommation).

qu’on signale aussi l’importance de soutenir la culture de proximité, dans les quartiers, à partir des bibliothèques, des parcs, etc.: de favoriser la rencontre de la culture au quotidien.

qu’on rappelle que la présence de l’art dans la ville doit s’accompagner d’une médiation permanente qui permette à tout le monde d’apprivoiser, de comprendre et d’apprécier les oeuvres: « il n’y a pas que les bustes et les statues qui doivent être accompagnées d’explications ».

qu’on signale à de nombreuses reprises le rôle essentiel de la diversité dans le développement culturel et économique de la ville et qu’on déplore le manque de diversité à Québec — la culture c’est la rencontre.

entendre dire que la pire méthode pour solliciter la participation des gens d’affaire dans la culture, c’est de leur demander de l’argent. Mieux vaut solliciter leur participation, susciter leur engagement — faire appel à leurs passions. : « Ask for money you’ll get advice, ask for advice you’ll get money. » Je suis bien d’accord: c’est d’abord la main à la pâte qu’il faut souhaiter.

Je retiens particulièrement:

que la clé du succès de Québec Horizon Culture repose probablement sur la mise en place, dès le 16 février, de mécanismes précis pour assurer le suivi de l’événement.

Je reste troublé par cette question — très provocante:

« Est-ce qu’on peut former les créateurs de demain — la relève culturelle, comme le dit le maire Labeaume — dans une ville où il n’y a pas de diversité culturelle? »

Je trouve qu’on a oublié:

de donner la parole aux créateurs eux-mêmes: auteurs, comédiens, musiciens, peintres, etc. — plus encore, je suis intrigué par le silence de ceux qui étaient dans la salle: désintérêt? résignation? cynisme?

de parler du rôle de la presse et des médias et de la façon dont ils traitent de la culture.

de dire qu’il faudrait apprendre à « donner plus souvent la chance au coureur » en présumant qu’une idée proposée est bonne jusqu’à preuve du contraire, et non l’inverse, comme on le fait encore trop souvent. Ouverture d’esprit, je cris ton nom…

Je trouve plus dommage encore:

qu’on ait très peu parlé (voire pas du tout!) du rêve et de l’inspiration, de façon générale — du fait que pour miser sur la culture, une ville doit être inspirante, tant pour stimuler les créateurs que leurs publics.

pas parlé non plus de l’importance de développer l’entrepreuneuriat dans le domaine culturel — pour développer dans la population (et chez les jeunes, en particulier) un regard sur le monde comme quelque chose sur lequel on peut avoir une influence, qu’on peut transformer, pour réaliser ses rêves.

et que rien sur le rôle que les technologies de l’information peuvent jouer pour favoriser la rencontre des personnes, organismes et institutions culturelles dans la région — pourtant évoqués à maintes reprises comme un besoin.

Je suis aussi déçu:

que devant les défis que pose le manque de diversité à Québec, personne n’ait évoqué l’importance de valoriser le voyage et les expériences à l’étranger des citoyens — les jeunes en particulier — comme façon de « rapporter des bribes de diversité », stimuler l’ouverture d’esprit, développer des réseaux et provoquer les rencontres nécessaires à la création et à l’innovation.

* * *

Bien sûr, j’aurais pu aussi me lever et dire tout ça — ou une partie de ça! — mais j’ai préféré prendre des notes et les reformuler ici, afin d’essayer (à nouveau) de susciter des réaction et de solliciter la participation des gens d’ici le 16 février; parce que cela me semble fondamental.

Je m’accorde encore quelques jours pour formuler adéquatement le message que j’aimerais partager avec les participants à Québec Horizon Culture… en étant de plus en plus obsédé par une question que me pose régulièrement Ana-Laura, à peu près en ces termes:

« … bon, c’est bien beau tout ça, mais alors, on fait quoi, concrètement, toi et moi, pour contribuer à ce que cette vision de la ville se réalise ? ».

Elle a raison: ce serait tellement bien d’arriver suggérer quelques propositions simples, qui puissent avoir pour effet de favoriser l’engagement des gens au lieu de leur donner (faussement?) l’impression qu’ils ont été dépossédé de leur influence au profit des institutions culturelles.

Pour le moment, l’idée qui me vient à l’esprit, ce serait de faire un témoignage sous forme de récit — d’incarner mon propos à travers des personnages et des lieux, dans une ville imaginée; inspirante. J’aurais envie d’aller raconter une courte histoire…

* * *

Devant la difficulté de communiquer efficacement ses idées, comment ne pas terminer en avouant ma très grande admiration pour Simon Brault dont toutes les interventions ont été particulièrement saisissantes ce soir. J’ai été vraiment très impressionné par la simplicité et la clarté avec laquelle il s’exprime. Si seulement je pouvais arriver à en faire autant… Il me reste à en faire autant!

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D’une folle journée à un quartier fou

Mon amie Michèle portait ce matin à mon attention le site Web de la Folle journée de Nantes en m’annonçant que « cela devrait faire écho à mes préoccupations sur la culture dans la ville et à l’école ». Elle avait bien raison. Extraits:

Événement populaire, La Folle Journée repose (…) sur des bases artistiques exigeantes, clefs de son succès retentissant. Sa plus grande satisfaction est de détrôner les préjugés sur la musique classique, sans briser les valeurs de celle-ci, offrir une proximité unique avec la musique et les musiciens (…) chaque représentation musicale n’excède pas 45 minutes (…)

La Folle Journée se propose ainsi de sortir le concert hors de son cadre conventionnel, en favorisant la formation d’un public nouveau – de jeunes bien sûr, mais de tous les âges – par le bouleversement du rituel immuable et un peu compassé du concert traditionnel. Dans un laps de temps limité, le spectateur navigue entre les différentes salles, chaque lieu ayant une acoustique parfaitement adaptée à chacun des effets musicaux. La profusion des concerts permettant à l’auditeur de renouveler à loisir son « expérience musicale ».

C’est amusant que Michèle m’ait écrit à ce sujet aujourd’hui — alors qu’elle ne savait pas que j’allais justement à un Concert famille de l’Orchestre symphonique de Québec. Pendant que c’était fou à Nantes, c’était le bazar symphonique à Québec!

Le concert était animé par des comédiens aussi intelligents que déjantés, avec la complicité d’un Maestro Moisan en grande forme. Là encore: courte pièces, mises en scène, explications: tout pour faire apprécier aux enfants la musique classique et son omniprésence discrète dans leur vie— jusque dans les films et les jeux vidéos. L’interprétation par l’orchestre de la trame sonore de Super Mario Bros a surpris plus d’un enfant. C’était aussi magique de voir les musiciens dirigés par Darth Vader pour la pièce finale, composée par John Williams pour Star Wars!

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Avant d’entrer dans la salle de concert, les enfants avaient pu essayer, pendant près d’une heure, à peu près tous les instruments de l’orchestre — et rencontrer les musiciens. Ils sont repartis enchantés. Les parents aussi!

« Détrôner les préjugés sur la musique classique », « offrir une proximité unique avec la musique et les musiciens », « sortir le concert de son cadre conventionnel », etc.: Nantes et Québec avaient décidément beaucoup en commun aujourd’hui!

* * *

Après avoir déneigé le toit de la maison (ouf!) et avoir préparé la journée de travail de demain, je viens de m’accorder une petite demi-heure pour lire et écrire quelques idées en rapport avec la tenue prochaine de Québec Horizon Culture.

En relisant que le maire Labeaume souhaitait faire de Saint-Roch « le quartier le plus fou au pays » — je me dis que cette Folle journée pourrait très bien faire partie de nos prochaines sources d’inspiration…

Ma participation à la journée sur la persévérance scolaire

logoperseveranceJ’ai participé hier à la journée de concertation régionale sur la persévérance scolaire. J’y ai fait de très agréables rencontres. Tant au point de vue personnel que professionnel. Les gens qui s’engagent socialement dans des dossiers comme celui de la persévérance scolaire sont généralement des gens aussi inspirants que passionnés. On ne perd jamais son temps à les côtoyer — même quand on aurait aussi beaucoup à faire au bureau. Très égoïstement, une journée comme celle-là c’est aussi une sorte de ressourcement, ça (re)ground. Les gens d’affaires devraient y participer plus souvent, en plus grand nombre, et de façon beaucoup plus assidue.

J’ai bien sûr pris quelques notes, mais comme je crois que plusieurs éléments de compte rendu ou de témoignage seront bientôt placés sur le site de l’événement — perseverancecapitale.ning.com — je vais privilégier dans un premier temps de faire dans les prochains jours des liens vers ces documents.

On peut déjè signaler deux textes déjà publiés par des participants à la journée d’hier:

Celui de François Guité: Journée de concertation sur la réussite scolaire
Et celui de Mario Asselin: World Café, concertation et persévérance scolaire

Chose certaine, je lève mon chapeau aux organisateurs, et en particulier à la Conférence régionale des élus de la Capitale Nationale et à Grisvert — la formule de la journée était audacieuse et c’est, de mon point de vue, une grande réussite. Plus de participation, moins d’exposés; plus de partage, moins de réponses toutes faites. On est sur la bonne voie. Merci!

Seul petit bémol — le communiqué officiel est malheureusement très straight et ne rend pas compte de ce qui s’est passé entre les gens, du partage et de l’engagement qui s’est manifesté — je trouve cela un peu dommage. Trop de chiffres, pas assez de passion. J’aurais aussi trouvé pertinent un lien avec Québec Horizon Culture.

Je place plus bas le texte de la courte intervention que j’avais été invité à faire au début de la journée, comme cinq autres personnes, afin de témoigner de mon appui, comme entrepreneur, à la démarche proposée.

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Participe Présent et Québec Horizon Culture

Entendu avec plaisir à la radio ce matin: la prochaine édition de Participe Présent sera consacrée à Québec Horizon Culture, avec pour thème: Québec Horizon Culture… Mais quelle culture?

Pour aller plus loin et placer la culture au cœur même du développement économique, il faudra entre autres mobiliser les entreprises privées. Mais autour de quelle vision culturelle? De grands spectacles rassembleurs ou une consolidation des structures de production et de diffusion actuelles?

Une discussion avec Daniel Gélinas, directeur du Festival d’été, Marc Gourdeau, vice-président du Conseil régional de la culture, Dominique Violette, directrice du Carrefour international de théâtre, Simon Brault, vice-président du Conseil des arts du Canada et Dominique Brown, président-directeur-général de la compagnie de jeux vidéo Beenox.

C’est lundi prochain, au musée de la civilisation.

Et pour se souvenir d’où nous en étions sur la même question en 2005, on pourra réécouter l’édition du 3 octobre 2005, sur le thème: L’avenir de la culture à Québec : les candidats se prononcent.

De la persévérance scolaire à Québec Horizon Culture

Au moment de planifier la semaine, encore très chargée, qui s’amorce — et un peu plus loin, le mois de février qui se pointe déjà le bout du nez — je prends quelques instants pour réfléchir au sujet de deux événements auxquels j’ai choisi de faire une place dans mon agenda — l’un porte sur la persévérance et la réussite scolaire, l’autre sur le développement de la ville de Québec grâce à la culture.

* * *

Il y aura d’abord, ce mercredi, une journée de concertation sur la persévérance scolaire dans la région de Québec — un événement très important auquel devraient participer près de 300 personnes, et dans lequel je reconnais une philosophie très proche de l’idée de cité éducative :

La nécessité de tenir un tel événement trouve sa source dans les deux constats suivants :

  • les défis associés à la persévérance et la réussite scolaires sont complexes et ne pourront pas être résolus sans un effort concerté de tous les acteurs régionaux;
  • le développement social et économique de la région de la Capitale-Nationale dépendra de la présence d’une relève compétente, éduquée et dotée d’une forte capacité d’innovation. (…)

Près de 300 personnes provenant de commissions scolaires, d’entreprises privées (particulièrement en science et technologie), de cégeps, d’universités, de centres de recherche, d’organismes communautaires, d’organismes de développement régional, etc. Une trentaine d’élèves du secondaire et du collégial participeront également à la journée.

(source: perseverancecapitale.ning.com)

La formule retenue pour l’événement est très ouverte, le site Web contient beaucoup d’information et pourrait servir d’embryon à un réseau qui pourra durer bien au-delà de la journée de mercredi. J’apprécie que l’accent a moins été mis sur la communication — en terme de relations publiques — que sur « la conversation, le partage, l’apprentissage et la mise à profit de l’intelligence collective des gens qui y seront réunit ».  L’animation de la journée, dont au moins une partie a été confiée à mes amis Philippe Dancause et Jean-Sébastien Bouchard, chez Grisvert, devrait aussi être particulièrement stimulante. J’ai vraiment très hâte de vivre cela.

* * *

Cela contraste un peu avec Québec Horizon Culture — auquel je participerai aussi, le 16 février, et qui réunira probablement autant de monde. Dans ce cas, on sent une volonté d’encadrement beaucoup plus forte, tant en ce qui concerne l’organisation que la communication. Ce n’est certes pas un problème en tant que tel — mais c’est néanmoins ce qui m’a amené à lancer un appel à ceux et celles qui s’intéressent à l’avenir de la Capitale nationale du Québec, et à la place que la culture peut/doit prendre dans son développement, afin qu’ils commencent à s’exprimer dès maintenant, sur le Web — en préparation de l’événement.

Je crois qu’il est indispensable que des messages moins institutionnalisés se fassent entendre en prévision de l’événement — parce que Québec demeure une ville où la culture est encore, trop souvent, une affaire d’institutions (je le perçois comme cela, en tout cas).

Je souhaiterais personnellement que des appels très clairs se fassent entendre dans les trois prochaines semaines — et lors de l’événement — en faveur de l’entrepreneuriat culturel, sous toutes ses formes et pour des projets de toutes tailles.

* * *

Ce n’est toutefois pas les différences entre ces deux événements qui motivent la rédaction de mon texte de ce soir. Ce sont plutôt les similitudes que je perçois entre les deux événements, mais pour lesquels je déplore de ne trouver aucune référence.

En consultant la documentation relative à chacun des événements, et leurs sites Web respectifs, on pourrait croire qu’aucun lien n’existe entre eux. C’est probablement vrai en terme d’organisation, mais il me semble évident que plusieurs des thèmes abordés sont très proches — ou très interdépendants.

Dans un cas, on cherche des moyens de garder les jeunes accrochés à l’école — et plus largement à la société en générale.

Dans l’autre, on tente de mettre en place des conditions qui stimuleront la participation des jeunes à la vie culturelle de la région de Québec.

Dans un cas on tente de trouver des moyens pour intéresser les jeunes à l’école en donnant du sens aux activités d’apprentissage, notamment en les inscrivant plus étroitement dans la vie de la Cité.

Dans l’autre, on cherche à développer les publics pour le monde culturel — en particulier chez les jeunes, et notamment en faisant appel à l’école.

Dans un cas, on compte sur un milieu culturellement riche — intellectuellement stimulant — pour donner envie aux jeunes de rester à l’école, à Québec et, plus largement, de s’intégrer harmonieusement dans la société.

Dans l’autre on cherche à développer à Québec un environnement culturel qui sera de nature à donner envie aux jeunes de faire leur vie à Québec et d’y vivre leur créativité, quelle qu’en soit la forme.

Dans un cas on cherche à valoriser les sciences et les technologies à l’école, notamment en les présentant sous de nouveaux visages.

Dans l’autre on cherche à rapprocher le monde de la culture et celui des sciences et technologies pour stimuler l’innovation et le développement économique.

J’arrête là l’énumération, conscient de résumer de façon sans doute un peu simpliste les enjeux identifiés pour chaque événement. Je ne crois toutefois pas trahir l’esprit qui anime les organisateurs, dans un cas comme dans l’autre.

De ce point de vue, il me semble qu’il serait souhaitable que certaines des personnes qui seront présentent mercredi soient invitées à témoigner de ce qui se sera dit lors de cette journée de concertation lors de Québec Horizon Culture — pour qu’on ne perde pas de vue que le milieu de la culture et celui de l’éducation sont interdépendants; et qu’ils se partagent de nombreux acteurs.

Il me semble que ce serait bien que les pouvoirs publics, qui rendent possible les deux événements, s’assurent de les inscrire dans une forme de continuité; qu’ils invitent explicitement les acteurs naturels de chacun à mettre l’épaule à la roue pour relever les défis abordés dans l’autre événement. Les commissions scolaires, par exemple, devraient être interpellées dans le cadre de Québec Horizon Culture. Et, de la même façon, il faudrait suggérer aux organismes et aux institutions qui seront présentes le 16 février de joindre leurs efforts à ceux des signataires de l’entente spécifique pour la persévérance et la réussite scolaires et les cheminements en science et en technologie dans la région de la Capitale-Nationale.

Il faut, pour assurer le développement de notre ville, briser les silos qui nous font aborder les différents axes de notre développement de façon distincte. Il faut miser sur la rencontre des idées. Nous avons avec ces deux événements une occasion en or de le faire — en évitant le piège de trop segmenter éducation et culture.

Je rêve que les politiciens qui s’exprimeront la semaine prochaine, et à la mi-février, fassent preuve d’ouverture et d’audace en rapprochant explicitement les deux événements.

J’aimerais applaudir après les avoir entendus dire qu’on ne peut pas souhaiter améliorer la persévérance et la réussite scolaire sans parler de la place de la culture dans la ville; et qu’on ne peut pas réfléchir à l’avenir de la ville, et à son développement économique, sans se demander comment les institutions et les entreprises culturelles peuvent encore davantage appuyer l’école dans sa mission d’éducation et de socialisation.

Aider l’école

Dans Je tire ma langue au chat, Mario Asselin nous invite à réfléchir sur les causes de la soi-disant diminution de la maîtrise de la langue française par les jeunes. Il ne la nie pas. Il plaide seulement pour qu’on ne fasse pas porter l’odieux de cette situation uniquement sur les jeunes:

« il me semble que les jeunes (…) ont le dos large en s’il vous plaît quand vient le temps de chercher des coupables sur ces questions de langue et d’effort. »

Je comprends du discours de Mario que, pour lui, l’école ne peut pas non plus être tenue responsable de tout quand vient le temps de développer les valeurs « effort » et « qualité de la langue »:

« …je reste convaincu (…) qu’une communauté cohésive et conséquente (famille, équipe-école ou collectivité territoriale) est la seule «assurance» de pouvoir conserver en haut de liste ces deux valeurs. »

Je suis d’accord avec lui — l’action de l’institution scolaire ne peut pas être efficace si elle ne trouve pas un écho significatif à la maison. Les enfants n’accordent généralement pas plus de valeur aux enseignements de l’école que la perception qu’ils ont de la valeur que leurs parents accordent à ces mêmes enseignements. Heureusement, les enfants s’accrochent parfois aussi à la perception d’autres adultes importants pour eux — qu’ils côtoient réellement ou dont l’image s’avère inspirante, stimulante — et ils arrivent à développer une perception de l’école différente de celle à laquelle leur milieu immédiat les aurait normalement amenés à adhérer. En ce sens, l’éducation est forcément une mission collective.

C’est un peu, je crois, ce qu’évoque un poème africain que j’adore « il faut tout un village pour élever un enfant »; c’est ce que Seymour Papert appelle la résonance culturelle, et qui est pour lui une condition essentielle à la réussite de l’école; c’est aussi ce qui m’amène à croire autant au concept de cité éducative — et qui m’amène à m’engager avec autant de conviction, depuis plusieurs années, dans le projet de faire de Québec une cité éducative.

Parce qu’au fond, même si on peut discourir très longuement de ce qu’est une cité éducative (et j’adore le faire!), dans sa formulation la plus simple on peut dire qu’une cité éducative, c’est un milieu où les valeurs que l’école a pour mission de transmettre trouvent un écho favorable; un milieu où les citoyens comprennent qu’ils ont un rôle à jouer — une responsabilité dans la réussite de l’école. Un milieu où la vie quotidienne n’est pas contradictoire avec le message que l’école a pour mission de porter aux enfants — mieux encore, c’est un milieu dont les acteurs agissent comme des alliés de l’école — et surtout pas une école sanctuaire.

Il ne s’agit pas non plus que l’école ne soit que le reflet de la société — parce que l’école a évidemment aussi un rôle de transformation sociale. C’est plutôt l’inverse qu’il faut viser, il me semble — que l’organisation de la Cité, et les valeurs qui y sont véhiculées, soient en accord avec celles que nous avons collectivement choisi de confier à l’école.

Dans la démocratie on élit des gouvernements qui ont pour responsabilité de déterminer et de mettre à jour le programme de l’école — et d’y investir en conséquence une partie de notre richesse collective — mais on oublie trop souvent que cela restera profondément inefficace si la Cité — c’est à dire Nous, collectivement, au quotidien — n’accompagnons pas concrètement les réformes ou les renouveaux scolaires.

Depuis trente ans, je me suis fait dire, comme enfant, comme ado, comme jeune adulte, puis comme nouveau travailleur: « la société change, l’école doit s’adapter — et toi aussi, par le fait même ». C’est vrai. Mais je réalise de plus en plus que ce message est incomplet.

Ce message aura été incomplet s’il n’a pas aujourd’hui un prolongement qui continue de m’interpeller, mais cette fois pour me dire « maintenant que ta génération s’apprête à prendre les rênes de la société, n’oublie pas d’adapter aussi tes valeurs, ton comportement et ton environnement au projet de l’école — celui d’aujourd’hui; pas celui qui était en vigueur quand tu étais sur les bancs de l’école! N’oublie pas d’aider l’école, à ta façon.

Parce qu’on l’a adapté l’école! Jean-Pierre Proulx le rappelle ici avec humour!  Et on ne l’a pas fait à courte vue; on l’a fait avec de la perspective — heureusement!. Mieux : on en a fait un véritable projet de société. Le projet d’une société plus créative et plus solidaire, notamment. Et je trouve que nous n’y sommes vraiment pas trop mal arrivés! Je nous félicite — et je remercie ceux et celles qui ont piloté ces changements pour nous.

Je me demande toutefois si nous avons investi suffisamment dans l’adaptation conséquente du milieu à ces changements de l’école — à ce projet de société.

Je me demande si au lieu d’ajouter des heures d’enseignement du français à l’école, nous ne devrions pas mieux outiller les familles et les milieux de travail afin que la qualité de la langue soit davantage valorisée, si on ne devrait pas investir pour faire des bibliothèques publiques lieux de rassemblement pour les jeunes (encore plus qu’elles ne le sont aujourd’hui) : pour les y accueillir vraiment. Même chose pour les musées.

Je me demande si on ne devrait pas revoir les horaires de l’école — en particulier ce délire des horaires sur neuf jours — afin de faciliter la participation de la communauté aux activités de l’école — et favoriser l’apprentissage in situ, dans la Cité, à tous les âges.

Je me demande si on ne devrait pas exiger bien davantage des médias — presse, radio, télévision — en terme d’éducation informelle et de culture.

Je me demande si nous ne devrions pas publier chaque semaine quelques textes en anglais et en espagnol dans les journaux — pour que nous côtoyons ces langues au quotidien.

Je me demande si nous ne devrions pas écrire un petit guide à l’intention des citoyens qui désirent aider l’école dans sa mission, par de petits gestes, chaque jour — un mot dit à un enfant, une exigence transformée dans son milieu de travail.

Ce ne sont que des exemples.

De la même façon que Mario nous disait qu’il trouvait que les enfants ont parfois le dos large quand on parle d’éducation, je trouve que l’école, comme institution, a aujourd’hui le dos très large. Cela me semble injuste (et inefficace, voire contre-productif) de reprocher à l’école seule une situation qui la dépasse largement — et qui tient aussi au fait que nous ne l’appuyons pas suffisamment comme citoyen — non par nos impôts, mais en mettant la main à la pâte — comme participant à la vie de la Cité.

On peut bien sûr reprocher des choses à l’école, comme institution. Mais il me semble que nous devrions nous obliger, chaque fois que nous le faisons, à formuler des propositions complémentaires qui permettraient d’incarner dans la Cité les valeurs et les exigences qu’on aimerait voir renforcées dans l’École. Des propositions qui nous concernent, comme citoyen. Des propositions formulées à la première personne.

C’est ce devoir de cohérence qui m’amènera à participer à la journée de concertation régionale sur la persévérance et la réussite scolaires, le 28 novembre prochain, à l’Espace Dalhousie.

Quel leadership?

Après avoir été relancé par Mario sur Où s’en va l’éducation, je me suis permis de le relancer à mon tour au sujet des caractéristiques que devrait avoir la personne qui succédera à Andrée Boucher à la mairie de Québec. Sa réponse, très habile sur la forme, me laisse néanmoins un peu sur ma faim, sur le fond, parce qu’elle n’aborde que très indirectement le type de leadership dont devrait faire preuve cette personne. Or, à mon avis, c’est la principale question qu’il faut se poser afin de juger les éventuelles candidatures (mais aussi, peut-être, pour en susciter d’autres, qui restent imprévisibles à ce stade). Je tente donc moi aussi une réponse, un premier jet, que la conversation qui suivra peut-être ne manquera pas de faire évoluer.

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Où s’en va l’éducation?

Pendant que ça se chamaille vigoureusement à l’hôtel de ville de Québec et que plusieurs amis m’écrivent et me téléphonent à ce sujet (j’y reviendrai dans quelques jours) d’autres m’interpellent aussi (heureusement) sur d’autres sujets.

C’est ainsi que j’ai pris quelques instants la semaine dernière pour répondre à deux amis qui me transmettaient la/les questions suivantes :

Questions :

« …je te rappelle que je veux discuter avec toi afin de te consulter à propos de ta vision de l’éducation. Vers où allons-nous? Le système actuel, qui est basé sur une organisation plutôt traditionnelle de l’enseignement est-il en train de s’effriter? Les jeunes sont-ils des apprentis de la même qualité qu’avant? Les nouvelles technologies contribuent-elles vraiment à l’amélioration des apprentissages? Comment?

[…] allons-nous produire au cours des prochaines années, autant de PH D qu’avant? Les jeunes d’aujourd’hui ne sont-ils pas enclins à viser le court terme sans trop d’efforts? Sont-ils plus paresseux qu’avant?

[…] Finalement, où s’en va l’éducation? »

Manquant de temps pour répondre « posément », j’ai opté pour une écriture spontanée — « d’un trait » — quitte à ce que mon texte manque de quelques nuances. Après tout, si j’avais bien compris, l’objectif était surtout de lancer une discussion entre nous… que j’élargi maintenant en déposant ici mes quelques éléments de réponses. À vous !

Éléments de réponses :

Une vision de l’éducation ? Déjà, je ne sais pas trop si la question est bien posée, parce qu’en réalité il n’y a pas de vision de l’éducation sans une vision préalable de la société. L’éducation est forcément politique, il faut l’assumer. Alors, inévitablement la question de la vision de l’éducation est directement liée à celle du projet de société dans lequel on croit. Une société égalitaire? inégalitaire? Une société qui valorise la diversité, parce que c’est à la base de la créativité, et de l’innovation — et qu’il s’agit là de deux aptitudes indispensables, tant au plan individuel que collectif, dans un monde où le rythme des changements s’accélère?

En tous cas, pour moi c’est cela: je crois dans une société dont la loi est fondée sur l’égalité des personnes, évidemment, mais qui, au quotidien, privilégie l’équité à l’égalité, parce que cela reconnaît mieux le fait que chacun est différent et qu’il est important de savoir reconnaître les forces de chacun, les valoriser, les développer — quelles qu’elles soient.

Ma vision de l’éducation est au service de ce projet de société. Je crois dans une éducation qui libère; dans une éducation qui créé des espaces de liberté; dans une éducation qui invite à penser autrement, à miser sur l’utopie, à inventer demain; jamais à le subir.

L’éducation qui asservit, celle qui emprisonne, celle qui dit quoi penser et celle qui demande aux uns d’accepter que ce sont les autres qui décideront plus tard parce qu’ils sont plus intelligents ou plus doués… cette éducation, il faut souaiter qu’elle disparaisse Et elle disparaitra ! Je suis serein. Il est inutile de combattre. Vaut mieux construire.

Construire. C’est le maître mot. Il faut donner l’occasion aux enfants d’apprendre que le monde est à construire, à imaginer, à bâtir. Le reste suivra. Inutile de se battre contre quoi que ce soit; vaut mieux se battre pour ce dans quoi on croit. L’éducation doit être positive, éternellement positive.

Comment on fait? Je ne sais pas trop. Ce que je sais, toutefois, c’est que les enfants accepteront de moins en moins de subir l’éducation; ils souhaiteront y prendre une part de plus en plus active. Ils l’exigeront — comme un droit. Ils exigeront d’avoir leur mot à dire sur l’environnement dans lequel ils apprennent, sur la nature de ce qu’ils apprennent; jusque sur les méthodes qui leur doivent leur permettre d’apprendre. Ça ne veut pas dire qu’ils n’accepteront pas de faire autre chose que ce que leur nature leur suggérerait spontanément de faire; cela ne veut pas dire qu’ils rejetteront l’enseignement dit « traditionnel ». Cela veut simplement seulement dire que les enfants ont déjà rès bien compris que l’éducation est un processus d’engagement et qu’ils ne voient pas très bien pourquoi ils faudrait attendre d’être sortis de l’école pour faire de l’engagement une dimension essentielle de leur vie — avec tout ce que cela peut impliquer de remise en question et de subversion.

Les jeunes sont-ils des apprentis de la même qualité qu’avant? Qualité? Quelle qualité? de quoi parle-t-on? les enfants sont, par définition, aussi bien ancrés dans la société qui les a vu grandir que ceux des générations précédentes. Forcément! puisqu’ils en sont les fruits. Il est par conséquent injuste de poser la question ainsi — je préfèrerais qu’elle soit posée à l’inverse. Est-ce que l’école est un milieu d’apprentissage de la même qualité qu’avant? Aie-je besoin de répondre? Je ne crois pas. Et ce n’est la faute de personne — sinon de nous tous qui n’avons pas mis au premier rang des valeurs de faire en sorte que l’école évolue avec la société dont elle doit contribuer au développement.

Je suis sévère — sans doute un peu trop — mais c’est avec la meilleure des intention, pour les fins de la discussions.

Les nouvelles technologies contribuent-elles vraiment à l’amélioration des apprentissages? Je suis toujours sidéré devant ce genre de question! Quelles technologies? Utilisées de quelle façon? Pour quels apprentissages?

Mais ÉVIDEMMENT que les technologies contribuent à l’amélioration des apprentissages quand elles sont mises à contribution pour donner du sens aux efforts qui sont nécessaires pour apprendre!

Et bien sûr que non, les technologies ne contribuent pas à l’amélioration des apprentissages quand elles sont utilisées pour faire oublier des déficiences pédagogiques ou pour dissimuler l’absence d’un projet de société fort, qui soit source d’inspiration pour les élèves — un projet qui les portent à dire « crime, moi j’ai envie de vivre dans la société que ce prof là me décrit; j’ai envie de suivre ses conseils pour y arriver; j’ai envie d’y croire, d’y apporter ma contribution et de faire les efforts nécessaires pour que cela devienne réalité ».

Oui oui, apprendre à lire, quand on a cinq ans, c’est une manière de changer le monde; de changer son monde — d’acquérir la capacité d’imaginer un autre monde, celui où on rejoindra l’Autre, Ailleurs, Demain. Les enfants le sentent bien !

Alors allons-nous produire plus de PhD qu’avant? Je n’en sais rien! Pire, je m’en fous un peu ! On ne décrète pas le nombre de PhD qu’une société peut produire. On ne peut pas donner le goût à quelqu’un de faire un Phd. On ne peut que donner le goût à quelqu’un d’APPRENDRE — condition sine qua non à l’acceptation des efforts nécessaires pour faire un PhD !

Pour cette raison, ce qui m’importe plus que le nombre de PhD que le Québec « produira» dans les prochaines années, c’est que nous arrivions à augmenter le nombre de personnes qui se disent « en train d’apprendre quelque chose ». L’essentiel c’est qu’il y ait un maximum de personnes dans la société qui ait un rapport positif, enthousiaste à l’apprentissage. Il faut que les gens aient toujours le goût d’apprendre quelque chose… parce que quand on apprend, on se projette forcément dans le futur, parce qu’apprendre cela nous transforme et on doit forcément se demander qui on sera « après avoir appris » et que quand on s’imagine différent demain, on accepte le fait que le monde change, et qu’il est nécessaire de s’adapter, et on adopte par le fait même une attitude d’ouverture, de créativité et on accepte plus facilement l’innovation, parce que cela fait partie de la vie — parce que c’est une question de santé publique !

Je crois profondément qu’une société qui s’inquiète du nombre de PhD qu’elle produit est une société qui n’a pas confiance dans ses écoles primaires — parce que si celles-ci jouaient pleinement leur rôle… nous n’aurions pas à nous inquiéter de ne pas avoir assez de gens passionnés pour étudier pendant vingt ans — voire plus — et décrocher un PhD.

Ce ne sont pas des incitatifs fiscaux pour les études de troisièmes cycles qu’il nous faut ! Ce sont des écoles primaires de qualité — en tout premier lieu ! — ce sont des écoles qui donnent le goût d’apprendre ! C’est là qu’il faut investir de façon prioritaire, pour donner à tout le monde l’occasion de découvrir le plaisir d’apprendre… de le découvrir jeune, et ce, quel que soit le milieu socio-économique dont on est issu.

Les jeunes d’aujourd’hui viseraient le court terme, sans trop d’efforts? Encore une fois c’est question de paradigme! Dans la réalité, ce qui demande des efforts à un enfant c’est d’avancer dans la vie sans savoir ce qui l’attend ni même l’influence qu’il a sur ce devenir — c’est cela demande un effort intellectuel et émotif considérable. Dans cette perspective, il n’est étonnant que plusieurs jeunes n’aient aujourd’hui que peu d’efforts à consacrer à l’école! Offrons leur des projets de société stimulants, donnons leur envie de croire dans leur avenir et dans leur capacité d’en être maîtres — ou à tout le moins des acteurs essentiels ! — et voyons ensuite si les enfants font malgré cela le choix de la facilité, du court terme et de l’effort minimal. Je n’y crois pas un instant !

Commençons donc par faire confiance aux enfants en cessant de les comparer aux générations précédentes, nous aurons alors déjà fait une bonne partie du chemin!

Où s’en va l’éducation? L’éducation ne va nulle part d’elle même ! L’éducation est un vaisseau qui mène une société d’aujourd’hui vers demain – et c’est nous qui sommes à la barre. Bien entendu ! Encore faut-il savoir quelle destination nous comptons rejoindre… Quel est notre projet de société ? Que proposons-nous aux enfants ? Qu’est-ce qui leur permet de croire possible de vivre en harmonie les uns les autres — ainsi qu’avec ceux qui les ont précédés et ceux qui les suivront — et cela, tout en caressant des rêves aussi divers que nombreux ? Que le proposons-nous ? Quel projet leur offrons-nous ?

En l’absence de réponse claire à ces questions, c’est vers nous qu’il faudra nous retourner, pas vers les enfants. Ils ne sont certainement pas responsables de notre incapacité à leur proposer « un monde meilleur ».

La formulation de ce projet, c’est bien tout le défi de l’éducation. Vous ne croyez pas?

Apprendre comme on court?

Marc, sur son blogue, au sujet du demi-marathon international de Québec:

« Durant les 10 derniers kilomètres, l’énergie revient, le pas s’accélère. Et quel plaisir de courir […] le long du fleuve St-Laurent […] Ce qui m’est venu en tête à ce moment, c’est comment pouvons-nous associer ce besoin de dépassement aux jeunes à travers des communautés virtuelles ? […]

Dans une future édition, et dans l’esprit d’une cité éducative, des activités plus développées pour les enfants seraient sans doute intéressantes. Il y a des centaines d’enfants sur place […] »

La collaboration dans les services publics

Voilà qui est intéressant… et qui devrait intéresser Jean-Sébastien:

« Le think tank britannique Demos vient de publier un nouveau rapport qui s’interroge sur la manière dont le travail collaboratif peut transformer les services publics. Avec force exemples et cas concrets, le rapport explore l’usage de la collaboration – entre organismes publics, avec des entreprises et surtout, avec les usagers – comme principe de conception et/ou de fonctionnement des services publics.  »

Source: L’État collaboratif, dans Internet Actu

Document original (pdf): The Collaborative State: How working together can transform public services

Quel sens donner aux TIC à l’école?

Encore d’excellentes pistes de réflexion, par Bruno Devauchelle:

« C’est à une nouvelle vision du monde scolaire que ces constats nous amènent. Cette nouvelle vision repose sur l’idée que l’appropriation d’un monde par les jeunes est un des éléments clés de l’apprentissage et non pas l’inverse. […] L’exemple de l’appropriation sociale des TIC, pendant que l’école se pose la question de sa place par rapport à ce phénomène, montre qu’il ne suffira pas de cours d’informatique ou de sensibilisation dans les disciplines pour développer cette vision renouvelée que l’école, selon moi devrait porter. Il est temps d’inventer un « vivre avec » qui permette de dépasser cette approche de la seule méfiance […] Or pour l’instant […] on ne cherche pas un sens collectif à l’action dans ce domaine. On attend peut-être trop du ministère, des dirigeants, alors que c’est au plus près du quotidien que doivent pouvoir se penser ces [nouveaux] « projets éducatifs ».