Le développement international

IMG_0778

La lecture du Soleil de jeudi dernier avait une résonance particulière pour moi, et pour l’équipe de De Marque. En effet, la section spéciale Zone, l’option internationale correspondait particulièrement bien aux défis qui nous occupaient cette semaine… et au cours des derniers mois!

Après avoir mis en place en 2009 l’Entrepôt numérique, avec la collaboration de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), pour offrir des services de distribution de livres numériques aux éditeurs québécois et canadiens-français, nous avons entrepris d’étendre le service à l’international.

D’abord à la France en 2010, avec Eden Livres, puis en Italie, en 2011, avec Edigita. C’est encore méconnu, mais aujourd’hui, plusieurs des prix littéraires français, et certains des plus grands succès littéraires italiens sont commercialisés en version numérique grâce à la plateforme de distribution que De Marque développe à Québec.

Depuis 2011, donc, on travaille, d’arrache-pied pour poursuivre le développement de l’entreprise, ailleurs en Europe et sur d’autres continents. Nous avons pu signer plusieurs accords de partenariats, en Europe et en Asie, et suivre des pistes, nombreuses… mais beaucoup de choses restaient à conclure.

On a poursuivi nos efforts, tous les jours, pour suivre la croissance du marché du livre numérique (qui double pratiquement chaque année dans tous les marchés où nous sommes présents) et continué à investir dans le développement international — avec persévérance, en doutant parfois, mais jamais assez pour abandonner. Et ces jours-ci après plus d’une centaine de voyages et beaucoup d’investissement… on dirait bien que le vent se prépare à tourner, et que nous aurons bientôt quelques belles annonces à faire. Ça va faire du bien de voir les efforts porter fruits! Mais gardons les doigts croisés, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué…

Alors des dix conseils pour favoriser l’exportation préparés par Québec International et rapportés sous la plume de Marie-Pierre Cayer, je me permets de retenir surtout le huitième:

8) «Fais des efforts et persévère» 

Investissez les efforts nécessaires à la réussite du projet. Les entreprises désirant se lancer dans l’aventure de l’internationalisation devront y mettre les efforts, le temps et l’argent nécessaires pour voir les résultats. Aucune relation d’affaires à l’international ne se crée rapidement, confirme Québec International.

Et des observations d’Alain Kirouac, président de la Chambre de commerce de Québec, au sujet des défis majeurs liés à l’exportation, je retiens particulièrement ce passage:

« Malgré tout, la santé des entreprises québécoises et en particulier celles de la région métropolitaine de Québec est bonne, mais « c’est le désir de l’international qui est moindre », insiste le président.

« Quand on leur demande leur intention d’aller vers l’international, les entreprises répondent qu’elles sont bien sur les marchés locaux et régionaux », mentionne M. Kirouac, ajoutant que le manque d’audace est évident. »

C’est vrai qu’on peut faire encore beaucoup plus d’exportation dans la région (et pas que dans le secteur manufacturier d’ailleurs: dans les services, aussi! — et en particulier dans le secteur culturel) — mais je ne suis pas certain que ce soit seulement (ni même essentiellement) le manque d’audace qui explique la situation actuelle.

Il n’y a pas que les entrepreneurs qui doivent apprendre oser un peu plus, il y a probablement aussi des conditions à réunir pour permettre à l’audace de s’exprimer plus facilement — et pour accompagner la nécessaire (et importante) prise de risque qui accompagne une démarche de développement à l’étranger.

On a déployé beaucoup de ressources dans les vingt dernières années pour apprendre et réussir à « attirer des entreprises » dans la région. Il faudra sans doute un chantier semblable pour qu’on obtienne autant de succès avec l’exportation.

Il faut qu’on y arrive, parce que c’est vraiment un très beau défi pour une entreprise — et pour toutes les personnes qui y travaillent!

À la recherche du temps perdu

IMG_7850

Deux articles à lire dans Le Soleil de ce matin, sous la plume de François Bourque: À la recherche du temps perdu et Cinq pistes pour mieux organiser le temps à Québec.

Au cœur de ces deux articles, une idée: la création d’un Bureau des temps, afin de réduire la pression sur les infrastructures publiques — routières, notamment.

Je suis content de voir que cette idée fait son chemin, lentement mais sûrement, jusqu’en Amérique du Nord… J’y avait fait référence sur mon blogue en décembre 2004, à la suite d’un texte de François Cardinal, dans La Presse.

François Bourque dit dans son texte que c’est une idée qui a été créée en Italie dans les années 90 sous l’impulsion des mouvements féministes. Ma perception est que c’est une idée qui a aussi (surtout?) été portée par plusieurs membres de l’Association internationale des villes éducatrices (ce que j’appelle pour ma part le mouvement des cités éducatives) — dont Rennes, citée en exemple par François Bourque, est un membre très actif (Québec est aussi membre — et voir la liste des membres).

Je profite de l’occasion pour signaler que la Banque internationales de documents des villes éducatrices est un extraordinaire recueil de projets socio-culturels-éducatifs — de l’inspiration à l’état pur.

Exemples: les projets présentés par la ville de Rennes (voir le #12 pour le Bureau des temps) et ceux de la ville de Turin (voir le #2 pour le projet Rythmes et horaire de la ville).

Je m’amuse en pensant que j’ai parlé des bureaux des temps en réponse à un sondage de la Chambre de Commerce de Québec, dans le cadre de la campagne électorale. Je m’étais dit en répondant « ça a beau être anonyme, ils vont sûrement deviner que c’est moi qui propose ça et me trouver une fois de plus un peu excentrique »… et voilà que l’idée se retrouve sur leur table de cuisine ce matin! :-)

Photo: fragment de Réveils, de Arman 1960. Oeuvre vue à Chicago.

La cabine abandonnée

IMG_9548

J’ai cru assister ce matin à la disparition du dernier téléphone public de la rue Saint-Paul. Ce sont les cônes et le ruban qui ont attiré mon attention. L’ouvrier était là, démontant discrètement la cabine. Le téléphone n’y était déjà plus. Je me suis arrêté et j’ai pris cette photo.

En reprenant mon chemin, je me disais qu’une cabine téléphonique c’est bien plus qu’un endroit pour communiquer, c’est aussi un point de vue — une perspective partagée par toutes les personnes qui utilisent le téléphone ou qui s’y abritent pour éviter la pluie.

Avec le démantèlement de cette cabine téléphonique, c’est donc aussi un point de vue sur la rue Saint-Paul qui disparaissait — ou qui devenait tellement improbable que cela revenait pratiquement au même.

C’est pour tenter d’immortaliser ce point de vue par un court texte que j’ai choisi de me transporter là, virtuellement, grâce à Google StreetView. Pour réaliser, ô surprise, qu’elle était abandonnée depuis longtemps! Sur la photographie prise par Google en avril 2012, on voit très bien que la cabine est là… sans ses portes et sans téléphone à l’intérieur!

Et dire que je suis passé sur cette rue des centaines de fois sans jamais remarquer la présence d’une cabine abandonnée… probablement parce que j’avais les yeux rivés sur mon iPhone, émerveillé par les images de cabanes abandonnées que tonydetroit partage sur Instagram.

L’écriture au coeur de la ville

IMG_8189
Parce que plusieurs choses m’amènent depuis quelques jours à réfléchir à la place de la lecture et de l’écriture dans la société — et à l’importance de créer des espaces et des moments de rassemblement qui peuvent contribuer à donner un sens à la lecture et à l’écriture — et à l’apprentissage de celles-ci…

Parce que si on souhaite que des projets voient le jour, il faut bien préalablement partager quelques idées…

Et, finalement, parce que, passant devant la Librairie Vaugeois, lundi soir… j’ai été interpelé par Nelligan (photo ci-dessus)…

Voici donc quelques traces de certains projets que je trouve particulièrement inspirants dans ce domaine — et que j’aimerais beaucoup voir prendre forme au Québec, et à Québec, en particulier — et pourquoi pas sur la rue Saint-Joseph? Ou sur la rue Maguire? Ou Myrand? Qu’importe…

En commençant par l’extraordinaire 826 Valencia, qu’il me semble indispensable de faire connaître largement (le créateur en fait une présentation en vidéo ici — en une vingtaine de minutes de pur plaisir).

Aussi un de ses émules: 826 NY (plus d’explications).

Pourquoi faire de Québec un nouveau membre du réseau 826 — en y apportant notre originalité?

Sinon, il y a aussi le modèle du Labo des histoires que j’aime vraiment beaucoup… quelle fraîcheur!

Il me semble que ce genre de lieu serait aussi de nature à mobiliser pas mal de monde ans le quartier Saint-Roch… à favoriser les rencontres intergénérationnelles, du monde des technos, de l’éducation et de la culture…

Éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignants, auteurs, gens de théâtre, artistes, créateurs, journalistes… de Saint-Roch et d’ailleurs, ça vous tente?

Ce serait un bien beau projet, il me semble…

Vous m’avez dit…

vous_m_avez_dit

Rue Sainte-Marguerite, près de l’intersection avec la rue Vallière: un mur de béton soutient brutalement la montée de la rue des Prairies qui sépare la haute-ville et la basse-ville.

J’y remarque quelque chose de nouveau. Depuis quand? Je ne sais pas. Je ne passe pas à cet endroit très régulièrement.

C’est un cadre doré, et un graffiti.

Je m’approche.

Mise en scène de musée sur mur de béton. Cadre classique, signature urbaine.

Et une petite fiche, sur laquelle j’ai pu lire, en me mettant sur la pointe des pieds:

Travail No. 4 – Wuek (2012)
Vous m’avez dit de faire des toiles

J’aime quand la ville me parle.

Limoilou et les cerfs-volants

FirefoxScreenSnapz007

Je me suis fait plaisir ce soir en prenant le temps de regarder attentivement, plusieurs fois, la dernière réalisation de Samuel Matteau, dans la série La cité.

Magnifique Limoilou.

Les images sont belles, colorées, poétiques. On peut y voir simplement le jeu des enfants d’un quartier — ou une référence à nous tous, et aux derniers mois de la société québécoise.

J’ai été particulièrement touché par les images des enfants qui défilent d’un pas déterminé dans la ruelle; par celles des cerfs-volants et des machines à laver; par l’attroupement des enfants sur la rive bétonnée devant l’usine aussi.

J’ai partagé avec plusieurs amis par courriel.  Je le fais ici aussi.

J’ai aussi pu échanger quelques idées-de-fin-de-soirée avec Samuel via Facebook — échanges que nous allons essayer de poursuivre dans les prochaines semaines. On verra bien où pourront nous mener ces cerfs-volants.

Technoculture camp

IMG_7855

Techno Culture Camp. C’était le nom de l’événement. Le programme est ici. Une partie de la liste des participants aussi.

J’y ai assisté cet après-midi. Comme un peu plus de 150 autres personnes — je dirais, à l’oeil.

L’idée: favoriser un rapprochement entre les gens de la culture, et les gens de la technologie — sortir des silos, faire naître des contextes propices aux rencontres, des projets conjoints.

Milad Doueihi a prononcé en ouverture une conférence d’une trentaine de minutes; une allocution s’appuyant sur les valeurs humanistes, très intéressante, mais qui ne plaçaient probablement pas suffisamment les gens dans un contexte pratique de collaboration, de co-construction — comme cela était pourtant souhaité par la suite.

Quatre projets structurants ont ensuite été présentés aux participants:

Un MediaLab pour Québec

Les Productions Rare

Une édition québécoise de Muséomix

La ruche — un outli de sociofinancement (crowdfunding)

Chaque projet était brièvement présenté et faisait ensuite l’objet d’un atelier.

Les deux premières présentations m’ont semblé très (trop) imprécises — elles ne semblaient pas avoir été adéquatement préparées. Pas de mauvaises idées, mais pas suffisamment mûres, je pense.

Le projet de réaliser à Québec, au Musée de la civilisation, une nouvelle édition de Muséomix, un type d’événement qui a été réalisé l’an dernier à Lyon, a pour sa part suscité beaucoup d’intérêt. J’étais vendu d’avance, c’est vrai — notamment parce que je partage ma vie avec la porteuse du projet! — mais au-delà de ça, l’idée a semblé toucher beaucoup de gens, qui s’y sont vus, ou qui ont eu envie d’en savoir plus. C’est d’ailleurs ce qui ressort le plus clairement des premiers articles de la couverture de presse (ici dans Le Soleil).

La ruche a suscité aussi pas mal d’intérêt, mais c’est un projet déjà beaucoup plus avancé, qui a déjà son site Web, et qui fonctionne déjà. Je pense que l’idée, dans ce cas, était surtout de faire connaître le projet et d’inviter les gens à y adhérer — et pour ça, je pense que c’est plutôt mission accomplie.

Il y a eu beaucoup d’échos au Techno Culture Camp sur Twitter (mot-clic #tccq2013) — des interventions très diverses. Ce sera très précieux pour rattacher les ficelles pour la suite. Parce qu’il le faudra si on veut qu’il y ait des retombées à l’événement.

Pour voir ce que j’ai publié sur Twitter au cours de l’après-midi: @remolino + #tccq2013

* * *

Ce que j’ai surtout retenu de mon après-midi (en plus du plaisir de revoir plaisir d’amis, et de faire connaissance avec plusieurs personnes stimulantes), c’est qu’il y a manifestement à Québec beaucoup de monde qui ont envie de participer à des projets qui les amèneront à sortir des sentiers battus… mais qu’on manque peut-être un peu de réalisme sur ce que cela implique, ou de rigueur pour mettre en place les bases de ces projets.

Pour réaliser des projets, il faut de bonnes idées, mais aussi savoir les présenter, savoir convaincre — il faut aussi de l’argent et de l’expertise; des expertises, de plus en plus variées. L’appui d’institutions aussi, parfois, et des pouvoirs politiques, souvent.

Il faut du monde prêt à s’y investir, vraiment, beaucoup — et pas que dans les mots, mais dans l’action. Il faut des comités organisateurs, de la planification, de l’organisation et du soutien, tout au long des projets ou des événements. Carl-Frédéric De Celles l’a bien signalé en évoquant que pour le Muséomix de Lyon, il y avait probablement plus de monde dans l’équipe de soutien que de participants officiellement inscrits, et que c’était un des facteurs qui avait fait de l’événement un succès.

Au sortir de cet après-midi, je souhaite évidemment que Muséomix puisse trouver sa voie, réunir de plus en plus de gens, et se réaliser, dans de bonnes conditions; je souhaite que La ruche puisse rapidement aider des projets embryonnaires à se structurer — et je souhaite que les deux autres projets puissent continuer à évoluer, à se préciser, pour qu’on y revienne éventuellement.

J’aimerais aussi que plus d’institutions de Québec s’engagent dans ce genre de démarche et de projets. Et que les pouvoirs publics (à la Ville de Québec et au gouvernement du Québec, en particulier) trouvent des façons innovatrices de soutenir ces initiatives. Parce que c’est indispensable.

Et voilà… bravo aux organisateurs et aux participants…

…et il nous reste à ne pas oublier que pour être un succès, cette rencontre devra s’inscrire dans nos esprits comme le début de quelque chose et non pas comme une fin (est-ce qu’il y aura des suivis en ligne au cours de l’année, messieurs et mesdames les organisateurs/trices?).

– – –

Autres textes sur le TechnoCulture Camp:

(je regrouperai progressivement les textes que je trouverai en rapport avec l’événement)

Lendemains d’élection

Ça m’a pris quelques jours pour retomber sur mes pattes après cette élection aux étranges résultats. Mais ça y est.

Ma brève rencontre avec Jean-Paul L’Allier, jeudi midi, a contribué à me remettre sur pieds. Sa fierté, son humilité, sa passion et sa confiance dans l’avenir étaient palpables — et inspirantes.

Je me réjouis en constatant que plusieurs personnes semblent maintenant ressentir le besoin de s’engager davantage dans les débats sociaux — de façon moins polarisée, plus pédagogique. C’est un défi pour lequel il faudra vraisemblablement sortir de l’instantanéité, en se donnant du temps — un temps nécessaire pour que de véritables dialogues prennent formes.

Or, il n’y a rien comme les livres pour nous sortir de l’instant, et de l’instantanéité.

Je rêve ce matin d’un club de lecture axé sur la compréhension de notre société et sur le dialogue — avec peut-être un regard particulier, plus concret, sur la région de Québec.

Un club de lecture qui pourrait être nourri par les suggestions d’une libraire (Marie-Hélène?), dont les participants témoigneraient de leurs réflexions sur leurs blogues (ou sur celui d’un autre participant), et pour lesquels des échanges entre les participants par blogues interposés (ou autres moyens), seraient valorisés. Avec des rencontres in situ — avec du vin! — à l’occasion, évidemment.

Un livre tous les quinze jours — avec des suggestions plus ciblées à l’intérieur de chaque livre, pour ceux et celles qui auraient moins de temps. Pas que des livres évidents portés par l’air du temps, et pas que des essais… de la fiction aussi, du théâtre aussi — et de la poésie. De la variété surtout, pour sortir des sentiers battus, pour nous forcer à réfléchir hors de nos zones de confort.

Qui serait partant?

On commence quand?

Mise à jour: Le projet prend forme…

Speed & Sport

Il y a des lieux qui ont une saveur particulière dans un quartier. Surtout quand on y circule depuis 30 ans.

J’ai déjà évoqué la station service abandonnée.

Il y a aussi l’ancien Speed & Sport, qui a fermé il y a quelques années. C’était un commerce d’articles pour automobiles, pour les amateurs de moteurs, de chrome et de soins esthétiques pour carrosserie. À sa fermeture, c’est brièvement devenu un Docteur Pare-Brise. Cet entrepôt a toujours fait partie de mon environnement. Son architecture le rendait unique.

J’en parle au passé parce que des hommes vêtus de blancs et portant des masques ont commencé à le démonter il y a quelques jours. Pièce par pièce. Sur la clôture, c’est bien écrit: « attention: amiante ».

Un immeuble résidentiel devrait bientôt prendre sa place dans le quartier. Pour le mieux.

* * *

Dans Le chemin des brumes (Alire, 2008), Jacques Côté, fait référence au Speed & Sport, sans le nommer explicitement. C’est à la page 106:

« Sur le comptoir, le lieutenant aperçut une note avec les lettres CAA et un numéro de téléphone. Il appela le répartiteur pour qu’il demande cette fois à Francis d’aller au Club Automobile vérifier l’information. Hébert avait peut-être fait appel au CAA pour qu’on lui suggère un itinéraire ou des campings. Pour Duval, ces informations permettraient de délimiter une zone de recherche et de les localiser plus vite

Sur une tablette, Louis trouva une série de reçus d’un garagiste. Duval nota l’adresse dans son carnet : Sunoco Ouellet, 3241, chemin Sainte-Foy. Hébert avait sans doute fait le plein à cette station-service en prévision de son voyage.

(…)

Louis sortit de la pharmacie du Buffet de la Colline avec un pot de Noxzema. Sans attendre, il dévissa le couvercle, qu’il déposa sur le capot. Il se pencha devant le rétroviseur, enfonça deux doigts dans le contenant. Devant le regard incrédule d’une passante, il s’appliqua une épaisse couche de crème sur le visage et sur le crâne. Il essuya ses gros doigts boudinés en les glissant sur le bord du pot et referma le couvercle, qui avait laissé un cerne graisseux sur la tôle.

— Ça fait du bien. C’est frais comme la bouche de Leslie-Ann.

Une minute plus tard, ils étaient à destination. La station-service était juste à côté, coincée entre les paroisses Saint-Mathieu et Sainte-Geneviève, près d’un entrepôt de type aérogare. »

* * *

Le Buffet de la Colline est vraisemblablement situé dans le petit centre commercial Centre de la colline (toujours là).

Le Sunoco Ouellet est toujours à la même adresse — sous une enseigne Uni Pro. On y vend plus d’essence, seulement de la mécanique automobile.

L’entrepôt de type aérogare, c’est évidemment mon Speed & Sport.

* * *

Le roman de Jacques Côté commence le 23 juillet, en 1981.

J’écris ce texte le 22 juillet. Par hasard.

J’adore ce type de coïncidences.

Où tu vas quand tu dors en marchant?

Samedi dernier, le 26 mai. Soirée magique à Québec.

Nous sommes partis en famille pour marcher dans la basse ville de Québec. Nous avons stationné près du Musée de la civilisation, nous avons parcouru la rue Saint-Paul, nous avons déambulé devant la gare du Palais, où nous avons pu apprécier la fontaine de Daudelin et les chaises de Michel Goulet.

Un peu plus loin, nous avons croisé des citoyens revendiquant un monde meilleur armés de casseroles. Des citoyens tous sourire, de tous les âges, originaires d’un peu partout dans le monde.

Un peu plus tard, nous avons pris part au Carrefour international de théâtre — et savouré intensément chaque tableau du génial spectacle déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant?

C’est là que la magie a été la plus forte avec pour ingrédients une température magnifique, la foule émerveillée, les jeux de lumière, la musique, les mots, les cris.

Merci à Frédéric Dubois, et aux 130 artistes qui nous ont ravis ce soir-là — en nous faisant cadeau, en plus, de plusieurs images très fortes, pour nous aider poursuivre notre réflexion sur la société que nous mettons actuellement tant d’énergie à essayer de débloquer.

Quelques images…

J’ai vu des marcheurs déposer leurs casseroles pour échanger — longuement et de façon très civilisée — avec des passants en désaccord avec eux: la démocratie en action.

La jeunesse, la maladie, la vieillesse qui se côtoient, dans un parc, la nuit, au coeur de la ville.

La rue de toute les tentations, les discours, la tromperie — la politique, la consommation, le divertissement, les médias, les religions…

Jésus qui tente désespérément de mettre la main sur un Revello géant — inoubliable.

Intersection rue Saint-Joseph et rue Dupont — l’ambiance.

Une extraordinaire projection sur la façade de l’épicerie A. Rouleau, dans laquelle le propriétaire nous parle de ses clients — et de la réalité du métier d’épicier dans un quartier défavorisé. Une mise en scène touchante qui témoignait habilement de la grandeur de l’homme, et des solidarités qui lient ceux qui côtoient la pauvreté.

* * *

Et le clou de la soirée — qui m’a profondément ému: un ballet de personnes en chaises roulantes. Il fallait voir le sourire des danseurs, l’émerveillement de la foule, la sincérité des applaudissement, la fierté partagée…

C’était magnifique. Inoubliable.

Inspirant.

Partager le regard

De tous les « réseaux sociaux », mon préféré, c’est Instagram. Un peu trop clos sur l’univers Apple/iOS, un peu trop réservé à ceux et celles qui ont un iPhone — mais combien riche, fascinant et inspirant.

Instagram est souvent présenté comme un réseau de partage de photos. Je pense que c’est une erreur. Pour moi, c’est essentiellement un espace de partage de regards.

Les photos sont d’une qualité technique très variable, souvent mauvaises, mais cela n’a que peu d’importance dans l’espace instagram, où chaque photo témoigne d’abord et avant tout du regard de celui qui l’a prise, ici, maintenant.

Le fait que l’appareil qui saisit ce regard est particulièrement mobile, toujours disponible — qu’il est presque l’extension naturelle du bras de celui qui regarde — rend le témoignage du regard particulièrement sincère.

Ouvrir Instagram, c’est découvrir le monde dans le regard de l’autre — le petit monde, celui de la réalité quotidienne, de l’ordinaire, du banal — celui qu’on ne voit plus parce qu’on l’a trop vu — celui qui s’avère pourtant extraordinaire quand on emprunte le regard de l’autre.

Instagram, c’est un rappel — celui d’ouvrir les yeux, vraiment — de rejeter l’habitude, de porter attention à la lumière, aux ombres, aux perspectives, au cadre du regard, à la magie de l’instant.

Le regard de Joanne Fournier (@jfournier), et celui de Jean-François Frenette (@dezjeff) m’inspirent particulièrement depuis quelques mois — je les en remercie.

Le regard que Jean-François porte sur la ville de Québec me semble spécialement intéressant. Il renouvelle franchement le portrait qu’on fait de Québec, très sage (trop sage) et d’une esthétique vieillotte. On découvre grâce à ses yeux une capitale avec des accents d’intrigue, des airs kafkaïens et une géométrie ludique qui contrastent, pour notre plus grand plaisir, avec les images convenues qu’utilise trop souvent l’Office de tourisme.

Québec, vue du toit de l’édifice Beenox — Source: Dezjeff

Québec by Limoilou — Source: Dezjeff

Le livre numérique de plus en plus tendance

entete_soleil_20090904

Le livre numérique devient décidément un sujet de prédilection pour les médias québécois.

Dimanche matin, titre à la une du journal Le Soleil et deux pleines pages à l’intérieur sous la plume de Daphnée Dion-Viens.

Un e-book sous le sapin? (ce texte a été le plus populaire sur le site du Soleil au cours de la journée)

L’abc du livre numérique

Et on en annonce autant pour lundi (mise à jour de ce billet à prévoir).

Et je sais qu’il y a aussi des reportages en préparation à la radio de Radio-Canada.

Si le sujet est de plus en plus chaud, c’est évidemment que les gens s’y intéressent aussi de plus en plus (l’éternel cercle vertueux/vicieux des médias), mais également parce que plusieurs découvrent ce qui se déroule en sous-terrain depuis quelques mois.

Qui aurait cru, par exemple, que quelques mois après son ouverture, Shortcovers représenterait presque 5% des ventes d’Indigo, le plus grand libraire au Canada? Tout pendant que plusieurs continuent de penser que lire sur un écran, « c’est une affaire de geeks ».

Il n’y avait peut-être pas tant de monde qu’espéré cette semaine à Montréal pour les premières Assises internationales de l’imprimé et du livre électronique (E-PaperWorld), mais les rencontres ont été très riches et je pense que cela aura contribué à éveiller les journalistes encore un peu plus sur les bouleversements qui sont en cours dans le monde du livre. Bravo à Éric Le Ray et à l’ensemble des personnes qui ont rendu ces rencontres possibles.

Comment ne pas mentionner au passage que De Marque s’est vu reconnaître à cette occasion comme « la société qui offre la meilleure solution numérique (édition, presse) », pendant que le PRS 600 de Sony se voyait reconnaître comme le meilleur eReader et milibris comme le meilleur logiciel.

Il faudrait maintenant organiser rapidement un événement qui aborde les mêmes thèmes en accordant davantage d’espace aux auteurs, aux éditeurs et aux lecteurs — en particulier à de jeunes lecteurs…

Pourquoi pas à Québec?

Pourquoi pas pendant l’année littéraire qui se prépare?

J’entends déjà des gens évoquer des dates… quelque part en février 2010… (à suivre!)

Et pourquoi pas en faire aussi l’occasion d’un happening comme le 24hr Book Project qui se termine actuellement à Londres?

De l’éducation au programme d’Antenne A

Au terme d’une semaine très chargée, je participais hier à une table ronde organisée dans le cadre du festival Antenne A sur le thème Mon enfant 2.0: Le point sur les technologies d’apprentissage. Les autres intervenants étaient Mario Asselin, Patrick Plante et François Guité. C’est Hélène Rioux qui dirigeait les échanges et François X Côté était le coordonnateur de l’événement.

Une table ronde sur l’éducation, un vendredi soir d’automne, sans aucune polémique préalable… et il y avait une quarantaine de personnes dans la salle! Mieux, une trentaine ont participé à distance en visionnant en direct et/ou en réagissant par l’entremise de Twitter. Vrai, vrai! Impressionnant.

Toute l’information et tous les documents présentés ou évoqués au cours des échanges ont été regroupés sur cette page Flickr.

Un enregistrement vidéo de qualité sera bientôt rendu disponible sur YouTube.

Et mes collègues rendront probablement aussi compte de leur expérience sur leur blogue respectif.

Une bien belle expérience en tout cas — et merci à Antenne A et à Télé-Québec pour avoir fait une petite place à l’éducation dans leur programmation.

Déplorable manichéisme

J’avais choisi de ne pas faire écho ici à la déplorable manière dont a pris forme le débat autour de l’organisation de la compétition de patinage extrême dans la Côte de la Montagne — pour ne pas jouer naïvement le jeu du commanditaire qui, non content d’avoir son nom partout sur les murs de la ville pendant quelques semaines, veut en tapisser aussi les médias.

Je souhaite bien sûr le retour de cette activité — mais je n’aime pas tellement la manière dont le maire a organisé le débat: en dressant les uns contre les autres. C’est une forme de leadership que je n’aime pas du tout. J’avais néanmoins décidé de ne pas y faire référence publiquement ici, me disait qu’il faut savoir choisir ses batailles.

Mais ce matin c’en est trop! Je lis dans Le Soleil:

« À la question de savoir s’il n’y avait pas un problème éthique à ce qu’un maire endosse un produit de la sorte, M. Labeaume a semblé hésiter, puis a répondu : « Je n’ai aucun problème avec ça. Ce sont des gens qui investissent ici, et ceux qui parlent contre ça, ce sont peut-être ceux qui n’investissent pas ici et ceux dont on ne fait pas la promotion. » »

Ainsi, c’est parce que nous manquerions d’engagement (économique) dans la région ou par simple jalousie que nous nous interrogerions sur les méthodes du maire ou que nous questionnerons certaines de ces décisions. Franchement! Et moi qui croyais que la discussions, les échanges et le débat étaient l’essence même de la démocratie. En tout cas…

Monsieur le maire, comme David Desjardins il y a quelques jours dans Voir, j’ai envie de vous dire de changer d’attitude. J’apprécie votre capacité à voir les choses autrement que nous l’avons toujours fait à Québec, et toute l’énergie que vous déployez pour dynamiser la ville… mais il n’est absolument pas nécessaire  d’antagoniser vos opposants et de provoquer la frustration, voire la colère, de ceux et celles qui ne pensent pas toujours comme vous et dont l’énergie et les idées sont tout aussi indispensables que les vôtres au développement de la Capitale.

Tout seul — en divisant — on va bien plus vite, et je comprends que c’est une perspective qui vous semble séduisante; mais ne perdez pas de vue qu’ensemble, on peut aller beaucoup plus loin.

Je vous en prie, Monsieur le Maire, relevez vite la tête, fixer les yeux au loin et guidez-nous de façon un peu plus rassembleuse.

Merci à l’avance.

Québec Horizon Culture, suivis et leadership

Québec Horizon Culture: c’était il y a deux semaines — un peu plus même. La poussière retombe, les principaux médias sont déjà passés à d’autres choses. Peu ou pas de suivi de leur part — pas de rencontres avec les acteurs qui bénéficieront des retombées de cette journée d’annonces, par exemple, pour comprendre et présenter les projets aux citoyens-lecteurs. Pas de mise à jour du site de l’événement, pas de mécanismes officiels de suivi non plus. Ça viendra peut-être…

En attendant, je vous suggère:

De revisiter le site de Denis Chiasson, pour ses croquis de l’événement, ici et , (et si vous aimez, laissez-lui donc un mot d’encouragement…)

De vous plonger dans Orientation 4 — et vous laisser envahir par l’énergie de François X Côté. C’est sans doute l’initiative la plus intéressante depuis quinze jours: chapeau!

Et même si nous n’avons pas encore eu le temps de tout mettre en place de façon très satisfaisante — l’interface est encore un peu complexe/rébarbative — pourquoi pas ne pas jeter un oeil et/ou vous inscrire à remixonsquebec.ning.com // ce serait bien de faire naître quelque chose là.

Quoi qu’il en soit, je pense qu’on peut se réjouir en constatant que de plus en plus de personnes expriment de plus en plus clairement leur souhait de voir le leadership s’exprimer différemment dans leur ville — de façon plus ouverte, moins autoritaire.

Parmi les vecteurs potentiels de la nouvelle dynamique que nous souhaitons voir naître à Québec, je pense qu’on peut compter sur Québec Urbain, sur la Capitale blogue, ainsi que sur la nouvelle station de radio Sortir FM (pas de site Internet pour le moment, alors article du Soleil à son sujet). Mise à jour: le site est ici: sortirfm.com.

Ça fait au moins ça à se mettre sous la dent en attendant plus ou mieux…

P.S. Ah oui, il y a aussi l’Institut canadien de Québec qui annonce deux postes afin de lui permettre d’assurer le suivi de certains des projets présentés lors de Québec Horizon Culture: Responsable de la Maison de la littérature (description détaillée) et Chargé(e) de projet – Programme de développement de la relève en arts littéraires (description détaillée).