À qui donner la parole à l’heure du bilan?

J’ai lu dans Le Devoir de ce matin que le Parti Québécois fera son bilan de l’élection dans un mois. Je m’en réjouis, c’est sage.

J’ai lu aussi Boucar Diouf qui croit que le Parti Québécois va devoir recommencer à zéro. Je suis pas mal d’accord avec lui.

Je ne serai pas présent à la réunion où sera fait le bilan — ayant choisi de n’être ni candidat ni engagé dans les différentes instances du parti au cours de la dernière année — mais j’aimerais quand même formuler deux souhaits et une suggestion en prévision de cette rencontre.

Les deux souhaits:

  • D’ici la rencontre (et après), il faut laisser les militants s’exprimer librement — sans tabous. Il faut même les encourager à le faire. Il faudrait éviter d’intervenir en coulisse pour dire des choses comme «il serait mieux de ne pas dire ça, pas publiquement en tout cas».
  • Le bilan ne devrait pas porter seulement sur la période électorale (et pré-électorale). Il faut faire ça, mais ça ne nous mènera pas à grand chose pour la suite. Le contexte politique vient de changer en profondeur et vraisemblablement de façon durable. Je pense que ce n’est pas tant de l’échec technique de cette campagne dont il faut tirer des leçon, mais bien de notre incapacité à avoir vu venir ce basculement. Ce n’est pas la faute des rameurs, si nous avons perdus l’élection, et ce n’est pas la faute du timonier non plus. On n’avait tout simplement pas les bonnes cartes de navigation. Pourquoi?

La suggestion:

  • On devrait inviter les présidents régionaux à partager d’ici la rencontre leur analyse personnelle de l’élection à partir d’une question générale, ouverte. Par exemple: quel est le facteur le plus déterminant de notre défaite: notre programme? Le fonctionnement du parti? L’image du parti? La division du vote? Les réponses à ces questions devraient faire l’objet d’une synthèse, qui pourrait être présentée au début de rencontre par la vice-chef, dans le but de guider les échanges qui vont suivre.

Je ne présume pas que cette approche n’est pas déjà prévue. Mais je pense qu’il peut quand même être utile de le formuler comme un souhait — pour insister un peu.

Parce que les habitués de ce genre de rencontre savent très bien qu’à défaut de faire ça, on aura droit à une énième séance de linge sale en famille, dans laquelle les mêmes vétérans (et les déçus) occuperont encore une fois le rôle central.

On doit tout faire lors de cette rencontre pour donner la parole à celles et ceux, qu’on n’a pas su écouter suffisamment au cours des dernières années.

De toute façon, les autres trouvent toujours le moyen de se faire entendre — avec le succès qu’on connaît.

Savoir tourner la page…

Je lis dans Le Devoir de ce matin que la bisbille a repris au Bloc Québécois. Encore.

Comme je l’ai dit spontanément sur Twitter, s’il n’en tenais qu’à moi, j’en profiterais pour tirer la plogue sur le Bloc Québécois et j’inviterais tous les indépendantistes à consacrer leurs énergies à réinventer le Parti Québécois et/ou à développer Québec Solidaire.

Tout cela me rappelle que les résultats de l’élection de lundi doivent nous amener à remettre en question nos façons de faire et (plus encore) nos réflexes politiques. Il faut enfin se donner le droit (le devoir!) d’aborder les choses autrement. De tout remettre en question, s’il le faut.

Le Bloc Québécois a été créé en 1991 — dans un contexte bien différent. Je pense que cela a marqué le début d’un cycle politique qui est finalement arrivé à sa fin lundi dernier (j’ai d’ailleurs exploré tout ça récemment dans mon Histoire personnelle du Québec de 1989 à 2019).

Il faut de toute évidence trouver le moyen d’entreprendre (enfin) un nouveau cycle. Et ce n’est pas en tenant pour acquis et en défendant tous notre attirail passé qu’on va y arriver. Le statu quo est un piège.

Je pense qu’il faut plutôt identifier les gestes forts qui devront être posés à moyen terme pour pouvoir reprendre la main — avec une perspective d’au moins quatre ans, mais plus probablement d’une dizaine d’années.

Je plaidais avanthier que la question qu’il faut maintenant se poser n’est pas «comment sauver le Parti Québécois?», mais bien «à quoi sert le Parti Québécois?» (et à plus forte raison, le Bloc Québécois!). Il ne faut toutefois pas perdre de vue qu’il y a quelques questions préalables auxquelles il faudra aussi répondre:

  • Qu’est-ce qui définit la situation politique du Québec aujourd’hui?
  • Quelles sont les forces qui influenceront le plus l’évolution de notre société au cours des prochaines années?
  • Quels sont les principaux défis auxquels nos sommes confrontés, comme nation?
  • Dans quel contexte se dérouleront les prochaines élections, en 2022?

Je soumets humblement que c’est peut-être parce que nous n’avons pas les idées claires sur ces questions que nous avons essuyé l’échec retentissant de lundi soir.

Plusieurs partis politiques semblent avoir découvert dans les dernières semaines à quel point l’environnement était devenu quelque chose d’essentiel dans la dynamique politique québécoise. Je suis sûr qu’il y a bien d’autres thèmes comme celui-là qui se cachent dans l’angle mort des programmes des partis politiques — et dans celui, beaucoup trop touffu, du Parti Québécois. Je pense à l’éducation (avec un angle beaucoup plus innovateur), à la culture (qui offrirait une perspective beaucoup plus stimulante sur les enjeux d’identité et de cohésion sociale), aux impacts du numériques…

C’est seulement en répondant d’abord à ce genre de questions que nous pourrons ensuite répondre à la question «à quoi sert le Parti Québécois aujourd’hui?» — et qu’on pourra ensuite se demander la forme qu’il devrait prendre, le fonctionnement qu’il devrait adopter, etc.

De mon point de vue, la réinvention du Parti Québécois est plus que jamais prioritaire sur la sauvegarde le Bloc Québécois.

D’autant que ça a bien plus de chance de réussir!

Quel avenir pour le PQ?

Il faut éviter les gestes précipités. Laisser retomber la poussière. Mais à la lecture des journaux ce matin, je me fais quelques réflexions, très spontanées.

C’est vrai qu’il y a quelque chose qui dépasse le seul contexte québécois dans les mouvements de l’électorat — chez les jeunes, notamment. On a constaté des choses semblables ailleurs en occident. Mais ce n’est pas comme si on le découvrait aujourd’hui…

Les résultats obtenus par le Parti Québécois ne sont pas plus la faute de Québec Solidaire que les déboires du Parti démocrates aux États-Unis étaient la faute de Bernie Sanders. Il va falloir admettre qu’on n’a pas su apprendre des erreurs de nos voisins.

C’est très tentant pour le PQ de consacrer ses prochaines énergies à un rapprochement avec QS. C’est un raccourci évident pour retrouver un peu d’importance à l’Assemblée nationale. Je pense que ce serait une grave erreur de suivre cette voie.

Il ne faut pas essayer d’éviter la profonde réflexion qui s’impose à nous. Et, surtout, ne pas se tromper de question de départ. Il ne s’agit pas de savoir comment sauver le Parti Québécois, mais bien de comprendre à quoi sert le Parti Québécois aujourd’hui. Je suis personnellement convaincu qu’il peut encore servir à quelque chose.

Je pense finalement que c’est seulement une fois qu’on aura répondu à cette question — dans un an, deux ans, voire un peu plus — qu’il sera pertinent d’identifier le ou la meilleure personne pour être chef de ce nouveau Parti Québécois.

C’est là où j’en suis ce matin.

#visionnumérique

Au terme d’une semaine surchargée, et à deux jours du vote, il est important que je prenne le temps de souligner ici la publication, sur Medium, tel qu’annoncé, des réponses des partis politiques à nos questions.

La Coalition Avenir Québec;

Québec Solidaire;

et le Parti Québécois;

ont répondu à nos questions. Nous n’avons malheureusement pas reçu de réponses du Parti Libéral du Québec.

D’autres citoyens ont pris le temps de répondre aussi aux questions. La liste est au bas de la page de présentation des réponses.

Je remercie chaleureusement les candidats et le personnel des trois partis d’avoir pris le temps de le faire — à un moment où le temps est particulièrement précieux pour elles/eux.

C’est une contribution importante pour la suite, quel que soit le résultat de l’élection de lundi. Ça nous offre un meilleur portrait de la compréhension des enjeux numérique par les partis politiques à ce moment de notre histoire.

Cela pourra aussi nous aider à aider celles et ceux qui auront la responsabilité de guider le prochain gouvernement à travers ces enjeux.

Interdiction de publier!

Le 24 août, j’ai publié ici un texte pour dire qu’il est essentiel que les partis politiques nous expriment leur vision du rôle du numérique dans la transformation de la société québécoise.

En effet, le numérique est en train de bouleverser des pans entiers de notre organisation sociale: commerce, éducation, culture, santé, transport, etc. — et même les rouages de notre démocratie — sans qu’on sache trop ce qui les guides quand vient le temps d’aborder ces enjeux.

De ce texte est né, grâce à la collaboration de deux autres blogueurs (Yves et Martine), une liste de huit questions qui ont été adressées à un porte-parole de chacun quatres principaux partis politiques. Nous avons publiées ces questions mardi et nous avons promis de publier les réponses reçues, telles quelles, sur nos blogues respectifs, à mesure que nous les recevrons.

Et voilà qu’on a apprend que nous n’avons pas le droit de faire cette publication. Le Directeur général des élections nous l’interdit! (Références: ici et ).

Je tiens ce blogue depuis 2002, guidé par le souhait de participer de façon constructive à la vie démocratique. J’y ai investi des milliers d’heures pour réfléchir, écrire, nuancer, répondre aux questions des lecteurs. J’ai choisi de payer 5$ par mois pour pouvoir le faire dans un espace que je maîtrise, exempt de publicité.

J’aurais le droit de publier aujourd’hui des opinions sans nuance, de prendre position pour un parti politique, de faire de la polémiques, et même de publier des faussetés avérées, mais je n’aurais pas le droit de partager des informations qui m’ont été soumises volontairement par les partis politiques, avec transparence, de façon objective, au moment d’une élection? C’est absolument ridicule.

Des organisations ont le droit de mettre en place, à grands frais, des débats électoraux thématiques (en n’invitant même pas tous les partis politiques) sans contrevenir à la loi et je n’aurais pas le droit de partager simplement les réponses aux questions qui nous préoccupent?

Où est la volonté d’engager les citoyens dans la démocratie? De stimuler la participation électorale? Est-ce que le DGEQ a perdu de vue que la démocratie ce n’est pas seulement voter une fois tous les quatre ans?

Alors, est-ce que nous publierons les réponses reçues des partis politiques? Bien sûr que nous le ferons! Dès demain, pour les premières réponses reçues.

Mais nous le ferons sur Medium, un site gratuit. En n’engageant aucun frais, nous respecterons l’interprétation anachronique que le DGEQ fait de la loi. Et on s’évitera probablement une bien inutile mise en demeure.

Mise à jour du 22 septembre: les réponses sont ici.

Le 2 octobre, je pourrai rapatrier en toute tranquillité le texte sur mon blogue pour l’archiver de façon adéquate, comme les 1834 autres que j’ai publiés dans les 16 dernières années. C’est fou d’même.

Yves aborde aussi le sujet sur son blogue ce matin.

Et il faudra bien se reparler de tout ça après l’élection, parce qu’on a ici encore un remarquable exemple que nos institutions ont besoin de mieux comprendre le monde numérique dans lequel elles évoluent maintenant.

Huit questions sur le numérique pour les partis politiques

Le numérique n’est plus un dossier parmi tant d’autres. C’est une dimension essentielle de tous nos projets, individuels et collectifs.

Le numérique est partout. Il fait partie de notre quotidien. De notre culture.

On ne peut pas imaginer le Québec dans vingt ans sans s’interroger sur la place que nous souhaitons que les technologies numériques occupent en éducation, en santé, en transport, dans l’accès à la culture, dans le monde du travail, etc. Et quelles technologies? Propriétées/contrôlées par qui? Dans quel environnement réglementaire?

Malheureusement, l’environnement médiatique actuel offre peut d’occasions aux partis politiques pour expliquer la vision qu’ils ont de la place du numérique dans l’avenir du Québec. On semble condamné à une énumération de mesures ponctuelles, dont il est difficile de saisir le fil conducteur, la vision d’ensemble.

C’est la raison qui nous a amené — Yves, Martine et moi — à inviter les principaux partis politiques à prendre un peu de hauteur pour nous décrire la vision du numérique qui les guide au moment de prendre des décisions dans tous les domaines de notre vie collective. Parce que le numérique occupe déjà une place dans tous ces domaines de notre vie collective.

Nous leurs avons donc soumis huit questions, en leur proposant d’en choisir quatre ou cinq et d’y répondre très librement.

Voici ces questions. Nous publierons les réponses obtenues au cours des prochains jours, au fur et à mesure que nous les recevrons.

Mise à jour du 22 septembre: les réponses sont ici.

Ne vous gênez surtout pas pour y répondre aussi en utilisant l’espace commentaire au bas de la page.

***

A – INNOVATION

L’innovation est au cœur des discussions lorsqu’on parle de l’avenir numérique. Tout le monde y est favorable.

Sauf que quand de nouvelles pratiques économiques émergent à la suite de certaines innovations, les pouvoirs publics peuvent se trouver rapidement démunis.

On a qu’à penser à la difficulté du gouvernement à se faire une opinion sur la meilleure stratégie à prendre face à Uber. La question est d’actualité, car le projet-pilote qui devait durer une année (et qui en a finalement pris deux) arrive à terme en octobre, tout juste après les élections.

Que proposez-vous pour que les beaux discours en faveur de l’innovation ne s’évanouissent pas chaque fois que que l’innovation se transforme en très profonds et très rapides bouleversements sociaux ou industriels?

B- STRATÉGIE NUMÉRIQUE ET ADMINISTRATION PUBLIQUE

On entend beaucoup d’insatisfaction par rapport à la manière dont l’administration publique a intégré les technologies numériques jusqu’à présent. L’administration publique qui n’est pas particulièrement reconnue pour son agilité, sa transparence et son innovation. Est-ce justifié selon vous? Pourquoi? Quel geste faudra-t-il poser pour transformer le fonctionnement de l’État de manière à ce qu’il utilise plus efficacement le numérique?

[Question au PQ, à la CAQ et à QS]

Le gouvernement a déposé une stratégie numérique en décembre dernier. Ce document sera-t-il un point de départ pour votre action ou envisagez-vous déjà de mettre cette stratégie de côté pour établir de nouvelles orientations prioritaires? Le cas échéant, quelles seraient-elles?

[Question au PLQ]

Vous avez présenté la stratégie numérique en décembre. Comment évaluez-vous à ce stade l’atteinte de vos objectifs de transformation numérique? Comment comptez-vous aller plus loin si vous formez le prochain gouvernement?

C- ACCÈS À L’INFORMATION

C’est pas mal unanime: la loi d’accès à l’information, et les processus qui lui sont associés, sont de plus en plus désuets — et les plus récentes tentatives de mise à jour se sont soldées par un échec.

Dans ce contexte, ne serait-il pas plus simple de définir par une loi-cadre qui précise que que tous les documents produits par l’État québécois doivent être publics et accessibles sans restriction dans un délai raisonnable, à moins de justifications explicites? Et sinon, pourquoi?

En complément, y a-t-il un lien, de votre point de vue, entre la loi d’accès à l’information, une politique de données ouvertes et l’utilisation de logiciels à codes sources ouverts/libres par l’administration publique?

D- COMMERCE EN LIGNE

Le défi du commerce en ligne est complexe. Les difficultés actuelles ne tiennent pas seulement dans la timidité des commerçants locaux à faire le virage qui s’impose pour suivre leur clientèle. Le défi tient aussi à la concentration très forte dans le commerce en ligne dans les mains de quelques gros joueurs. Ex. 50% du commerce en ligne américain passe présentement par la plateforme Amazon.

Doit-on encourager en priorité la transformation numérique des commerçants par programmes d’accompagnement, de transfert de connaissances (et de compétences) avec un plus grand soutien financier?

ou

Doit-on plutôt encourager en priorité des solutions innovantes (privées ou publiques) qui misent sur la mutualisation de ressources et de services pour offrir aux commerçants des environnements logistiques qui les rendraient plus concurrentiels ?

ou

Doit-on au contraire laisser les entreprises s’adapter en fonction des forces du marché?

E- CULTURE

Croyez-vous que le numérique sera globalement positif ou négatif pour les créateurs québécois? Il s’agit plutôt d’une menace ou d’une opportunité pour notre culture nationale?

Dans ce contexte, comment les nouvelles formes de diffusion des produits culturels reconfigurent-elles notre identité culturelle? Doit-on revoir notre façon de penser et définir notre culture nationale?

Faut-il modifier les systèmes sur lesquels s’appuient nos industries culturelles (quotas, subventions, crédits d’impôt, etc.) pour tenir compte de cette nouvelle réalité?

F- DÉMOCRATIE

Nous sommes face à un étrange paradoxe : celui d’une société instruite comme jamais dans l’Histoire, mais en pleine crise de confiance face au pouvoir politique et ses institutions. Cela, malgré tous les outils de communication et de réseautage à notre disposition.

Comment le numérique peut favoriser l’engagement et la participation positive des citoyens dans la vie démocratique?

Comment la transformation du fonctionnement de l’État peut-elle aider à réduire cette crise de confiance?

G- ÉDUCATION

Un peu partout à travers le monde, on voit se multiplier de nouvelles institutions d’enseignement (principalement privées), de niveau collégial et universitaire.

Est-ce une bonne idée pour le Québec de répondre à cette tendance avec un service concurrent (type eCampus)? Pourquoi?

Et si, oui, quels devraient être les objectifs de ce service? Quelles priorités devraient guider son développement?

H. DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL

On parle peu de numérique et de développement régional, sauf en matière d’investissement pour l’emploi. Comment l’utilisation des technologies numériques peut-elle contribuer à soutenir et raffermir les économies régionales?

Concrètement, comment la mise en réseau d’informations, de ressources, de fournisseurs, de données, etc, pourrait créer de nouvelles opportunités économiques? Si oui, de quelle façon croyez-vous pouvoir soutenir ce type d’innovation? Quel rôle le gouvernement devrait-il avoir dans l’initiation de projets structurants qui pourraient consolider les économies locales?

Croyez-vous que le travail à distance et le travail autonome sont des alliés du développement régional? Si oui, comment proposez-vous d’agir pour soutenir le développement de ces nouvelles formes de main d’œuvre?

Photo: Trailer Queen, une oeuvre de Clint Neufeld, vue au Musée national des Beaux-Arts du Québec, à l’été 2018.

Réfléchir à la suite

L’élection avance, et même si je trouve de moins en moins d’intérêt dans la dynamique partisane actuelle, je ne peux pas m’empêcher d’analyser ce qui est en train de se passer à deux semaines de l’élection. L’environnement (en tout premier lieu), l’éducation et la vision qu’on a de la place du numérique dans l’avenir du Québec émergent de plus en plus clairement comme des priorités parmi mes préoccupations.

J’ai d’ailleurs pris le temps de réfléchir à haute voix sur tout ça vendredi soir en participant, pour une deuxième fois, à la balado des Engagés publics. J’avais parlé de la première fois ici. L’enregistrement de cette semaine peut être écouté ici ou .

Je consacre aussi pas mal de temps à rencontrer des gens qui s’interrogent sur la suite des choses — sur ce qu’il faudra faire pour aborder autrement l’action politique à partir du 2 octobre, dans un environnement politique profondément transformé. J’ai apprécié lire ce matin cette entrevue avec Léo-Bureau Blouin, qui semble aussi aller dans le même sens.

Je me réjouis finalement de voir émerger de plus en plus de discours qui explorent la possibilité d’un renversement de la dynamique politique actuelle. Il me semble qu’il y a de plus en plus de monde qui propose de mettre les pouvoirs politiques nationaux au service des pouvoirs locaux, plutôt que l’inverse. C’est un discours qui se manifeste même dans des endroits où on ne les auraient pas nécessairement attendus, comme ici, au Global Climate Action Summit, qui se tient ces jours-ci à San Francisco.

***

J’ai évoqué il y a quelques jours une démarche pour questionner les quatre principaux partis politiques au sujet de leur vision du rôle du numérique dans l’avenir du Québec. La démarche s’est poursuivie avec la collaboration de quelques amis, les questions ont été rédigées, elles ont envoyées aux partis, et nous prévoyons faire la diffusion de tout cela au cours des prochains jours. À suivre!

Nous comptons ensuite sur la communauté numérique pour en favoriser la diffusion la plus large possible.

***

Je vous invite en terminant à prendre connaissance de la lettre d’opinion dans laquelle mon ami François Marcotte s’adresse aux partis politiques cette semaine en rapport avec les conditions de vie des jeunes qui sont soignés dans un CHSLD. C’est très concret.

Ce n’est pas du défaitisme!

J’avais très mal digéré une récente chronique de Patrick Lagacé au sujet du réchauffement climatique.

Il revient sur le sujet ce matin avec un texte intitulé Désolé d’être défaitiste.

Le texte commence comme une simple suite du déplorable texte, mais se termine de façon beaucoup plus stimulante. Tellement que je trouve finalement le titre de la chronique bien mal choisi…

Ce n’est pas du défaitisme que Patrick Lagacé décrit. Au contraire! C’est un éveil — c’est le constat (que pas mal de monde fait actuellement, je pense) qu’il va falloir déplacer nos espoirs (et nos énergies) sur d’autres terrain politiques si on veut sortir de l’impasse / de ce qu’il présente comme la source du défaitisme.

Il va falloir arrêter d’attendre des politiciens qu’ils nous trouvent des solutions aux problèmes environnementaux (entre autres).

Il va falloir imaginer nous-même les solution et les mettre en oeuvre à petite échelle, localement, mais avec détermination. Il va falloir multiplier les exemples, identifier les meilleures idées, exiger des pouvoirs publics d’investir pour en faire des modèles, et les répliquer ailleurs afin d’en étendre la portée.

Il est de plus en plus urgent de renverser la logique: mettre la politique au service de la mobilisation plutôt que l’inverse.

Utopique? Je ne crois pas. Mais ça reste à démontrer, c’est vrai. Beau défi.

J’adhère à la conclusion de Patrick Lagacé: c’est probablement au niveau municipal que la dynamique politique/démocratique va devoir se modifier en premier pour qu’y s’passe enfin ce qu’y devrait s’passer.

Photo: Alouette, une oeuvre de Brandon Vickerd, réalisée dans le cadre des Passages insolites, Québec 2018.

41 signataires

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Le Soleil publie ce matin un texte d’opinion pour lequel Louis-Frédéric Gaudet a tenu la plume et auquel j’ai donné un petit coup de main. 39 autres personnes s’y sont spontanément associées. Le HuffPost l’a aussi publié il y a quelques jours (avec l’amabilité d’ajouter la liste complète des signataires au bas du texte).

Il n’y a pas de grandes vedettes parmi ces signataires, mais tous sont animés par le même sentiment d’urgence que les 200 personnalités qui ont cosigné un cri d’alarme pour la planète, hier dans le journal Le Monde. Radio-Canada s’en est d’ailleurs fait l’écho.

«De très nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené.»

La formule est efficace, et je pense que c’est une idée qui fait rapidement son chemin de toutes sortes de façons.

J’entendais justement hier quelqu’un de très engagé dire dans un podcast qu’il est toujours en faveur de l’indépendance du Québec, mais qu’il réalise que cet objectif n’a pas de sens si on n’aborde pas prioritairement la question de l’environnement et du réchauffement climatique. 

Je suis d’accord — et je suis chaque jours un peu plus convaincu qu’il va falloir pour ça oser repenser notre démocratie et la façon de faire la politique.

Qu’est-ce qu’on attend?

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Mon texte de mardi dernier, au sujet de la démission de Nicolas Hulot, se terminait par «Alors, qu’est-ce qu’on attend?». C’était un clin d’oeil.

Je me suis amusé un peu en terminant le texte comme ça parce que parce que je venais tout juste d’accepter d’être le conférencier invité pour la rencontre de Ciné-psy du mois octobre, qui sera consacré au film de Marie-Monique Robin: Qu’est-ce qu’on attend?

«[Le film] raconte comment une petite ville d’Alsace de 2 200 habitants s’est lancée dans la démarche de transition vers l’après-pétrole en décidant de réduire son empreinte écologique. (…) [Son] programme de démocratie participative (…) englobe tous les aspects de la vie quotidienne : l’alimentation, l’énergie, les transports, l’habitat, l’argent, le travail et l’école. [C’est] un hommage à ces élus locaux, éclairés et courageux, qui savent mobiliser l’enthousiasme de leurs concitoyens dans le sens du bien commun.» (Source)

J’ai regardé le film une première fois il y a quelques jours et je peux déjà vous dire qu’il me parle beaucoup. Il soulève plusieurs questions fondamentales qui se posent évidemment aussi au Québec en 2018… et dont on parle trop peu.

Les citoyens d’Ungersheim sont l’incarnation vivante des propos de Cyril Dion dans son Petit manuel de résistance contemporaine. Ils nous présentent très humblement une manière, leur manière, de résoudre le paradoxe de l’action individuelle vs l’action collective. «Montrer l’exemple n’est pas la meilleure façon de convaincre, c’est la seule», disait Gandhi — ce que le très sympathique maire d’Ungersheim nous  rappelle d’ailleurs.

Le film sera présenté au Clap à partir du 7 septembre.

Les informations nécessaires pour s’inscrire à la rencontre, au cours de laquelle je serai conférencier invité, sont au bas de cette page — ainsi que dans le magazine Le Clap (au bas de la page 13, ici en format PDF).

Faites-moi signe si vous vous inscrivez! Ce serait l’fun de vous voir…

AUSSI:

 

Mise à jour du 4 septembre: Le Devoir publie ce matin un texte qui présente très bien le film.

J’accuse Patrick Lagacé

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J’accuse! 

J’accuse Patrick Lagacé d’ironie criminelle.

Patrick Lagacé ne peut pas réellement penser ce qu’il écrit ce matin en commentant la démission de Nicolas Hulot.

Il nous dit qu’il ne parle jamais réchauffement climatique dans sa chronique parce que ça ne servirait à rien. Qu’il ne veut pas se mentir. Nous mentir.

Ça ne sert à rien d’en parler, dit-il, parce qu’on n’y peut rien. Il y a même un urbaniste britannique qui le dit, imaginez-vous. Parce que les êtres humains sont trop cons. Parce qu’il est trop tard. Parce qu’on va de toute façon devoir subir le réchauffement. On est cuit. Autant s’y faire. Et alors à quoi bon en parler?

Patrick ne peut pas réellement croire ce qu’il écrit ce matin. Parce que si son critère pour choisir un sujet était son utilité à changer le monde, il ne serait pas chroniqueur. La plupart de ses chroniques ne servent à rien.

J’accuse Patrick Lagacé de faire le DJ sur le pont du Titanic.

J’ose croire qu’il plaidera la provocation. La volonté de faire la démonstration par l’absurde de la vacuité des comportements politiciens et de la posture de nombreux médias. Ou simplement une crise de cynisme aigüe. Ça arrive. Je lui pardonnerais aisément.

J’accuse Patrick Lagacé d’ironie criminelle.

Et je propose qu’il soit condamné à écrire douze chroniques, une par mois, pour nous expliquer les conséquences du réchauffement climatique sur le Québec. Concrètement, avec tout le talent qu’on lui connaît.

Parce que s’il croit vraiment qu’on n’y peut rien, alors il est certainement utile qu’il nous aide à comprendre ce qui nous attend et ce qui attend nos enfants.

Je fais le pari qu’on découvra alors au fil des mois que, ah ben… finalement… il y a peut-être quelques petites choses qu’on peut faire… pour diminuer les impacts, pour s’y préparer, pour éviter le pire.

***

Alors Patrick… tu nous niaisais avec ce texte, c’est ça? Dis-moi que tu voulais juste t’amuser un peu en gâchant le début de journée de quelques personnes, qui comme moi, sont parfois un peu primes à réagir? Dis-moi que c’est ça… Je vais te pardonner tu sais, mais je trouve ça un peu puéril. Ce ne sont pas le gens comme moi qu’il faut faire réagir par les temps qui courent, ce sont ceux qui ne croient pas au réchauffement climatique, et tu le sais aussi bien que moi. Alors que là, tu leur a donné une belle tape dans le dos, juste pour le fun, pis ça me choque. C’est de ça que je t’accuse au fond.

Hulot: l’impasse partisane

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Ça s’est passé en France, mais ça nous concerne tous: la démission de Nicolas Hulot de son poste de ministre d’État à la transition écologique et solidaire du gouvernement d’Emmanuel Macron.

Le geste est spectaculaire, sans préavis, en direct à la radio, mais ce n’est certainement pas ça qu’il faut en retenir. 

Il ne faut pas se contenter du clip qui circule le plus, qui dure presque trois minutes, et encore moins de celui de 30 secondes. Il faut regarder et écouter attentivement au moins les 20 premières minutes de la version longue, qui en dure quarante au total. C’est vraiment très dur.

Son constat est implacable: la dynamique politique actuelle s’avère incapable de répondre aux enjeux écologiques auxquels nous sommes confrontés. 

Il ne comprends pas notre indifférence collective devant le réchauffement climatique, qu’il présente comme «la voie tragique dans laquelle s’est engagée l’humanité».

Et malgré la bonne volonté de ses ex-collègues (qu’il continue d’admirer et à qui il s’excuse d’imposer «un geste pas très amical») il arrive à la conclusion que le fonctionnement actuel du gouvernement est incompatible avec l’urgence de la situation (ce n’est manifestement pas différent ici).

«Je me suis surpris, des fois, par lassitude, à baisser les bras.»

Se sentant en danger de «se résigner aux petits pas», il a préféré démissionner — pour ne pas devenir complice d’une forme d’aveuglement devant l’ampleur et l’urgence du défi écologique.

«J’espère que mon geste ne sera pas inutile». 

Voyant cela, on ne peut pas faire autrement que de se demander ce qu’en pensent les chefs des partis politiques qui sollicitent notre confiance dans le but de former le prochain gouvernement du Québec.

Je pense même qu’on doit leur demander très directement ce qu’ils en pensent: en leur écrivant, en les interpelant sur les réseaux sociaux, en demandant aux journalistes de les interroger sur le sujet — et exigeant du consortium de télévision qui prépare le débat des chefs qu’il prévoit un segment sur le réchauffement climatique et ses conséquences prévisibles pour le Québec.

Et attention! Les chefs devraient éviter de tomber dans trop partisanerie. Ça les disqualifieraient parce que Hulot le dit clairement: l’attitude partisane n’est pas étrangère à l’impasse dans laquelle nous sommes.

«La diversité [des points de vue] est tellement importante dans notre société. [Il faut arriver à] s’enrichir de nos différences plutôt que de les confronter en permanence.»

En sommes, ce que Hulot nous dit aujourd’hui, c’est qu’on ne pourra pas se sortir du bourbier dans lequel on se trouve sans apprendre à mieux coopérer. En politique aussi. Surtout en politique, peut-être.

Alors, qu’est-ce qu’on attend?

Turing par l’absurde

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L’initiative de Radio-Canada a évidemment piqué ma curiosité: on a cloné les chefs.

L’idée est simple: utiliser un algorithme pour simuler les réponses des chefs à nos questions — à défaut de pouvoir le faire pour vrai.

Il faut l’essayer.

Première déception: on ne peut pas poser nos propres questions. Il faut choisir parmi une cinquantaine de questions préétablies. 

Malgré ça, je trouve que ça reste amusant, en particulier quand on nous propose de faire répondre les autres chefs à la même question — dans une forme de débat.

Sauf que je trouve qu’un malaise s’installe après quelques instants. 

On constate en effet rapidement que les réponses préparées à l’avance pour l’algorithme (des réponses en canne, quoi) ne sont pas vraiment différentes de celles qu’on peut entendre directement de la bouche des chefs à la radio et à la télévision dans les bilans de fin de journée. Hum…

En 1950, Alan Turing a conceptualisé un test qui permet de juger de l’efficacité d’un ordinateur à se faire passer pour un humain dans une conversation.

En 2018, on serait probablement dû pour conceptualiser un test qui permettrait d’évaluer la capacité d’un chef de parti à se distinguer d’un robot dans une conversation.

Je dis ça avec un grand clin d’oeil… et une pointe de sérieux!

Renverser la communication

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Antoine Robitaille publie ce matin sur son blogue de campagne (Le petit Robi sur la route) un texte très sévère au sujet des premières promesses de la campagne électorale — qui lui semblent très utilitaires et clientélistes. 

Cela révèlerait, de son point de vue, une forme d’éclatement de la nation. Peut-être… mais je n’en suis pas si sûr. Il faut peut-être aussi mettre ça en parallèle avec les crottes de chien de Harvey Milk.

Mais c’est la question finale du texte d’Antoine Robitaille qui me donne le plus envie de réagir:

«Cela engendre toutefois un cercle vicieux: nous trouvons que ces promesses étriquées manquent de «oumf», de panache, de rêve, d’horizon.

Nous concluons que la politique est «plate» et nous retournons à notre petite niche d’intérêt.

Bref, on est malpris. Comment en sortir selon vous?»

J’ose une hypothèse en guise de réponse:

Je pense que les partis politiques font de plus en plus souvent l’erreur de tenter de parler aux gens les plus déconnectés — au sens social: celles et ceux qui vivent dans une bulle (pour toutes sortes de bonnes raisons, sans doute) et qui ne se sentent reliés que de façon très indirecte aux enjeux collectifs.

Alors qu’il serait probablement beaucoup plus payant, politiquement, de s’offrir comme porte-voix pour celles et ceux qui sont les plus connectés, les plus engagés, celles et ceux qui animent et font vivre le collectif, qui inventent le Québec de demain et qui sont susceptibles d’inspirer, de donner le goût de se mobiliser à son tour.

«Comment en sortir selon-vous?»

Je pense qu’il va falloir renverser le sens de la communication politique.

Mettre les partis politiques au service de ceux et celles qui ont choisi de faire plutôt que de tenter de rejoindre les autres, qui se limitent à commenter.

Bâtir un pays, gérer un État, je pense que ça consiste d’abord et avant tout à aider les gens à coopérer pour réaliser leurs aspirations, individuelles et collectives. 

Pour s’en sortir, je pense qu’il va falloir qu’on accepte de repartir de là.

Photo: One and Three Chairs, une œuvre de Joseph Kosuth, vue au Musée Pompidou, à Paris,  à l’été 2017.

Petit manuel de résistance contemporaine

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J’ai lu hier, d’une traite, le Petit manuel de résistance contemporaine de Cyril Dion (aussi co-réalisateur du film Demain). 

J’en retiens quelques éléments: 

Devant l’ampleur des défis auxquels nous faisons face, le changement personnel est nécessaire, mais pas suffisant.

Le défi est donc de convaincre une majorité de personnes de prendre part à des changements collectifs.

La politique, telle qu’elle se pratique aujourd’hui, n’arrive plus à susciter cette mobilisation.

Il est nécessaire de trouver de nouvelles façons de se projeter dans l’avenir, donner forme à de nouveaux récits communs, auxquels les gens vont pouvoir s’associer et qui vont permettre d’inscrire les actions individuelles dans un mouvement.

D’où le titre, brillant, de la section 3: Changer d’histoire pour changer l’histoire et le rappel que le changement de la dynamique politique est d’abord et avant tout une bataille culturelle:

«Nous avons besoin de rêver, d’imaginer quelques maisons nous pourrons habiter, dans quelles villes nous pourrions évolue (…) de quelle façon nous pourrions vivre ensemble (…) Petit à petit [des] récits d’un genre nouveau pourraient mâtiner nos représentations, contaminer positivement les esprits et, s’ils sont largement partagés, se traduire structurellement dans des entreprises, des lois, des paysages… (…) Ces récits peuvent évidemment être portés par des artistes (…) mais les récits ne se bornent pas aux artistes. Chaque entrepreneur qui invente une nouvelle façon de conduire son activité, chaque ingénieur qui (…), chaque économiste qui (…), chaque élu qui (…), chaque personne qui (…) raconte à sa manière une histoire qui peut inspirer son entourage, si tant est qu’elle ne cherche ni à convaincre ni à évangéliser.»

Je vois dans la fin de cet extrait un rappel, pertinent et nécessaire, que le dogmatisme et le prosélytisme nuisent au changement plus qu’il ne l’aide.  

«Choisir est épanouissant. Inventer est fichtrement excitant. Sortir du conformisme renforce l’estime de soi. Être bien dans ses baskets est contagieux. Résister, en ce début de XXIe siècle commence donc, selon moi, par refuser la colonisation des esprit, la standardisation de l’imaginaire.»

La conclusion du livre m’a par ailleurs ramené à l’esprit une conviction que j’avais un peu mise de côté depuis quelques années — et qui me revient en force aujourd’hui: c’est au niveau des villes que les changements sont le plus susceptibles de naître. Mais comment?

«Nous savons qu’agir individuellement en sera pas suffisant et que nous ne pouvons pas compter sur la bonne volonté des responsables politiques. Ils n’ont que peu de pouvoir sans nous et nous avons un impact limité sans eux. Notre seule issue est de construire des espaces de coopération entre élus, entrepreneurs et citoyens. Pour cela, les récits, les histoires, sont certainement le catalyseur le plus efficace.»

Et le plus important:

«Notre énergie ne peut venir que de notre enthousiasme, de notre aptitude à être la bonne personne au bon endroit, à exprimer nos talents, à faire ce qui nous passionne et nous donne envie de nous lever, chaque matin.»